Il y a quelques mois, les braquages d’individus non identifiés et les vols de tout genre étaient quasi quotidiens. Aucun jour ne passait sans que l’on n’enregistre des violences liées au vol et des lynchages de présumés voleurs.
 
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Dans plusieurs quartiers de Lomé, des vols de motos avaient été signalés et plusieurs personnes ont été attaquées à coups de machettes. Si aujourd’hui ces violences semblent s’être tues, les rackets des agents des forces de l’ordre et de sécurité, eux, se poursuivent. D’ordinaire, il est connu que ces actes inciviques auxquels se livrent les forces de l’ordre se passent dans la journée, et parfois la nuit sur les grands axes routiers. Mais ce dont nous avons été témoins aux environs de 22 heures 30 minutes dans la nuit du mercredi à jeudi est une autre forme de banditisme.
 
La scène s’est passée au quartier Hanoukopé à l’angle de la rue des Ormes et du Boulevard du 13 Janvier. Un conducteur de taxi-moto avait été poursuivi depuis le CHU-Sylvanus Olympio par deux individus, eux aussi à moto. Et alors qu’il voulait déboucher sur le boulevard, ses poursuivants se pointent devant lui, l’empêchant ainsi de poursuivre sa route. « Arrête-toi. Descendez de la moto. Donne-moi la clé », ordonne l’un des poursuivants. Le conducteur arrête l’engin, fait descendre ses deux passagers, et à peine a-t-il mis pieds à terre que la clé fut retirée de son engin. Et le reste se passe très vite. Les passagers quittent les lieux et l’un des « braqueurs » ordonne au conducteur de taxi-moto de s’asseoir sur le siège passager et repartent avec les deux motos en direction du Commissariat central, même si nous ne connaissons pas leur destination.
 
Ce qui venait de se passer était une arrestation pour surcharge. Seulement, ceux qui ont arrêté le conducteur de taxi-moto ne se sont pas présentés en tant que policiers, puisqu’ils étaient en civil. Ce qui leur donnait cette allure, ce sont les Kalachnikov placés en bandoulière et les pistolets qu’ils avaient à la ceinture. « Je les ai suivis depuis Tokoin-Hôpital où ils ont poursuivi le taxi-moto. Je voulais voir ce qui allait se passer, c’est pourquoi je me suis arrêté », affirme un jeune homme qui venait de vivre la scène. « C’est une technique que les policiers utilisent pour rançonner les usagers de la route. Ils sont en civil et poursuivent les taximen. Ce n’est pas la première fois que je vois des usagers subir ce genre d’abus. C’est arrivé un jour dans un autre quartier de Lomé, mais la personne qui a été arrêtée s’est bagarrée avec les policiers. C’est après qu’elle s’est rendue compte qu’elle venait de maîtriser des agents des forces de l’ordre », raconte un autre témoin de la scène.
 
Tout compte fait, c’est la manière clandestine dont a été faite cette interpellation qui pose problème
 
D’abord ceux qui ont procédé à l’interpellation n’avaient rien qui les identifie comme étant de la Police, de la Gendarmerie ou d’une unité spéciale quelconque. Hormis les armes qu’ils portent et qui peuvent faire croire qu’ils sont des forces de l’ordre et de sécurité, ils ne portaient aucun insigne. Aussi, ces individus peuvent-ils être « des éléments incontrôlés ou non identifiés », comme aiment si bien le dire les ministres togolais lorsque des bavures sont commises.
 
Les policiers bandits togolais rackettent allègrement de pauvres gens | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Les policiers bandits togolais rackettent allègrement de pauvres gens | Caricature : Donisen Donald / Liberté
 
Il y a aussi le fait que nul ne sait où ces « ravisseurs » conduisent leur victime et tout pouvait arriver à cette dernière incognito. Personne en réalité ne saurait dire ce qu’il est advenu de ce conducteur de taxi-moto. Arrêté par des individus non identifiés, tous les malheurs pouvaient lui arriver sans que l’on ne puisse retrouver les auteurs. En plus, ceux que nous décrivons comme des agents des forces de l’ordre pouvaient être des braqueurs armés par on ne sait qui.
 
Il y a lieu d’interpeller le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame, afin que des mesures soient prises pour que les interpellations soient faites de manière conventionnelle. Armer des individus et les laisser dans la nature pourrait porter atteinte à la quiétude des populations.
 
Source : [22/04/2016] G.A., Liberté
 



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