Il y a deux semaines, le gouvernement togolais et les différents acteurs du secteur de l’éducation ont signé à Lomé, un « mémorandum d’entente », en six points dont la « gratification exceptionnelle » d’un montant de 5 milliards de F.CFA à allouer aux enseignants sur une période de 5 ans et un fonds national de soutien à l’éducation. Pour de nombreux togolais excédés par le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats de l’enseignement, l’événement vient à point nommé pour remettre les pendules à l’heure. Toutefois à toutes les parties prenantes, la nécessité d’honorer les engagements prises dans ce mémorandum, s’impose.

Le document qui, selon les clauses, met fin aux années de bras de fer entre les autorités du pays et le corps enseignant qui réclamait de meilleures conditions de vie et de travail, selon le ministre Gilbert Bawara de la fonction publique, « permettra d’améliorer dans des proportions substantielles et significatives, le traitement des enseignants sur toute la période concernée, de démontrer un esprit de cohésion et de solidarité envers les enseignants volontaires officiant dans les établissements scolaires publics et envers l’enseignement confessionnel à travers l’accroissement de l’aide que l’État apporte à ce dernier ».« Tous, nous avons démontré, une fois de plus, que lorsque l’intérêt général et une cause commune l’exigent, nous pouvons faire preuve de dépassement et d’abnégation, et avoir une attitude et un esprit de responsabilité », at-il précisé.

Selon les parties prenantes, cet accord vient consacrer les avancées dans la satisfaction des revendications et doléances des enseignants ainsi que les réformes opérées dans le système éducatif. Quand on considère qu’il est assorti d’une trêve de 5 ans d’accalmie dans le secteur de l’éducation, on peut affirmer que le jeu en vaut véritablement la chandelle. Vu que la réclamation de la gratification exceptionnelle a fait l’objet de débrayages dans le secteur en créant ainsi de vives tensions entre les enseignants- et le ministre de la fonction publique et son collègue des enseignements primaires, secondaire et technique. Le mémorandum signé, à quoi doit-on s’attendre désormais ? Le tout, n’est pas de conclure, sous le feu des caméras, un mémorandum d’entente pour prétendre être à l’abri de tout rebondissement. Il faut nécessairement et surtout tenir ses engagements. Il faut éviter des agissements pareils à une violation des clauses arrêtées de commun accord susceptibles d’être brandis par la partie adverse comme une violation. Cette recommandation est valable aussi bien pour le gouvernement que pour les enseignants. La persistance du bras de fer entre les deux parties jusqu’à la signature du mémorandum est en partie liée au non-respect des engagements par l’une partie ou parfois les deux. Aujourd’hui que la raison a prévalu sur les passions et que chaque partie a décidé d’aller à l’essentiel, tout renoncement aux engagements pris dans ce mémorandum peut conduire à des situations plus chaotiques que celle ayant prévalu avant la conclusion de cet accord. Les enseignants doivent prendre conscience des efforts consentis par le gouvernement en vue de l’amélioration du secteur de l’éducation et de la condition des enseignants au Togo. En effet, à l’horizon 2025, il envisage la mise en place et l’équipement d’au moins 30 000 salles de classe. Dans cet ordre d’idées, pour l’année scolaire 2020-2021, plus de 20 000 tables-bancs ont été mis à la disposition des apprenants pour lutter contre l’insuffisance de places. Ces tablesbancs ont renforcé les capacités d’accueil des centres qui gèrent mieux le double flux décrété pour empêcher la covid19 de se propager en milieu scolaire. D’autres initiatives salutaires ont été également prises. Il s‘agit entre autres, de la construction de 705 salles de classe au titre de l’année 2020-2021, le recrutement de 2 400 nouveaux enseignants et conseillers d’orientation en septembre 2021, l’opérationnalisation de la contractualisation entre l’Etat et le secteur privé, les Projets d’appui à la réforme des collèges (Parec 2) et d’amélioration de la qualité et de l’équité de l’éducation de base (Paqqeb)… Toujours dans le cadre du projet, il faut noter une « augmentation des capacités d’accueil scolaire », la construction et la réhabilitation de 130 salles de classe, 19 bureaux et 19 magasins. Il ne faut pas non plus, passer sous silence, la gratuité de l’école préscolaire et primaire depuis 2008, la suppression des frais de scolarité dans les collèges et lycées d’enseignement public, l’exemption des frais d’inscription aux examens nationaux Pardessus tout, le programme School Assur (près de 2 800 000 prises en charge effectuées de 2017 à janvier 2022) et les cantines scolaires (plus de 90 000 écoliers touchés en moyenne chaque année), deux programmes à fort succès dans les 05 régions du Togo. Les enseignants togolais doivent tenir compte de ces efforts que déploie le gouvernement pour déterminer de façon responsable, l’orientation à donner à leurs revendications. Pour ce qui est de la polémique autour de la légalité ou non d’un syndicat qui s’illustre dans des agitations et autres menaces de grève, il incombe aux responsables de saisir la justice pour être édifiés sur les textes qui régissent la légalité des syndicats et autres au Togo et faire valoir leurs droits. Il faut par ailleurs reconnaitre que malgré les efforts du gouvernement, beaucoup reste à faire sur le terrain.

 Une large extension du programme cantine scolaire, une redynamisation du programme School Assur, une amélioration de la condition des enseignants volontaires, la satisfaction des autres revendications des syndicats enseignants etc. Autant de raisons qui obligent les parties prenantes au mémorandum d’entente de jouer chacun sa partition en vue d’une normalisation durable de la situation dans le secteur de l’enseignement.

La Lanterne N°481 du 23 Mars 2022

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here