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La Banque Mondiale a mis à la disposition du Togo, un don de 6,9 milliards de Francs CFA pour l’aider à renforcer son secteur privé. Trois composantes étaient initialement prévues dans le cadre de ce projet : appui aux réformes du climat des investissements, appui au développement des compétences entrepreneuriales et appui au développement d’une Zone franche. Ce projet devrait prendre fin en décembre 2016. Mais un an plus tôt, la Banque prend la décision de mettre fin précocement au projet, en juin 2016.
Quelques impacts de la suspension du projet
 

Perte financière de 60 milliards F CFA d’investissement, 368 millions F CFA gaspillés dans des études sans suite et Perte de 1.000 emplois potentiels !


 
Plusieurs acteurs étatiques et non étatiques, experts de la Banque Mondiale et experts indépendants ont rendez-vous ce mercredi 30 novembre à Onomo Hôtel Lomé, pour échanger autour du rapport final du Projet d’Appui au Développement du Secteur Privé (PADSP) dont le point focal à la présidence est Mey Gnassingbé. Les conclusions de ce rapport dont L’Alternative s’est procuré copie sont cinglantes et les pertes énormes.
 
« La conjugaison d’un projet mal préparé et mal conçu couplée d’une faible appropriation du Gouvernement a entrainé une perte financière très lourde pour le Togo de 60 milliards de F CFA d’investissements (dû à la non application du Code des Investissements) ; une perte de masse salariale estimée à 6 milliards de FCFA sur les 3 ans et un gaspillage de fonds de 368 millions de F CFA en études et travaux entamées puis abandonnés ou sans suite ; et sociale se chiffrant à 1000 emplois », lit-on dans le rapport rédigé en novembre 2016 par le consultant international Kofi Agbeto et soumis à l’appréciation des participants pour l’atelier de mercredi.
 
« Le PADSP a dépensé durant les 4,5 ans, une somme de 383 millions de F CFA pour des études et travaux qui ont démarré et été abandonnés par la suite. Ces dépenses sont donc considérées comme un gaspillage de ressources qui représentent 20% du coût engagé par la PADSP (1,9 milliard de F CFA à la fin du projet) », précise le document.
 
Lorsqu’on parcourt le document, on découvre par exemple que le PADSP devrait appuyer la Direction des Affaires Domaniales et Cadastrales (DADC) pour la réalisation d’une étude diagnostic organisationnelle, la mise en œuvre des recommandations du diagnostic et la révision des lois et règlements régissant l’enregistrement de la propriété foncière. Il s’agissait d’une réforme pour assainir le secteur foncier. Seulement le gouvernement togolais a préféré confier le même travail à une société canadienne (CBN) qui, malheureusement, n’a pas pris en compte la totalité du cahier de charge du PADSP. Cette société s’est contentée du scannage et de la numérisation des titres. Un consultant a été recruté pour ce volet du projet, mais n’a pu avoir accès auprès des services du Cadastre aux informations nécessaires. Environ 500 millions de nos francs avaient été prévus pour cet aspect.
 
En matière de zone franche par exemple, le PADSP avait prévu appuyer la mise en œuvre d’une Agence de Promotion des Investissements (API). Un cabinet international a été recruté pour, à son tour, sélectionner 4 candidats à soumettre au gouvernement qui devra nommer le Directeur de l’Agence parmi eux. Les noms ont été soumis à l’Exécutif, mais jamais le Directeur n’a été nommé. Un cabinet national a été recruté pour, à son tour, recruter les membres du personnel de ladite agence. Le processus a été abandonné, faute de la nomination du Directeur Général.
 
Le consultant international auteur du rapport a clairement indexé le « manque de leadership, de coordination et de volonté de la part des autorités ». Il cite plusieurs exemples pour attester ses propos. C’est le cas du Comité de Pilotage du PADSP. « Depuis Juillet 2013, ce comité n’a plus de président. La titulaire qui fut Directeur de Cabinet du Ministère du Commerce et du Secteur privé ayant été élue Parlementaire, a démissionné et n’a jamais été remplacée jusqu’à la clôture du projet. Le Comité n’a pas joué son rôle dans le suivi stratégique et le contrôle du programme de travail dans l’exécution du projet », a noté l’expert auteur du rapport qui a également relevé que « du 2 août 2011 au 9 novembre 2015, la Banque a effectué 9 missions de supervision du PADSP. La Banque a mis tous les efforts pour la réussite de ce projet; mais hélas, le résultat est bien décevant ».
 
Pour l’auteur du rapport, « on peut résumer le PADSP comme une opportunité manquée pour le développement du secteur privé, au Togo. Il produit le contraire des pompes du secteur privé à savoir : la célérité dans les actions et le moindre coût pour un maximum de résultat ».
 
En mettant fin au PADSP, la Banque Mondiale a modifié le contrat initial pour ramener le projet à 2, 8 milliards. Le restant des 6,9 milliards de départ sera réorienté vers le financement d’une « nouvelle opération centrée sur les réformes de l’environnement des affaires dans le secteur du transport et de la logistique commerciale afin d’améliorer la compétitivité de l’ensemble de la chaîne, y compris un appui ciblé aux opérateurs privés dans le secteur ». Ce nouveau projet devra être « préparé dans les meilleurs délais ». Comment en est-on arrivé là ?
 
La question trouve sa réponse dans la gouvernance de Faure Gnassingbé axée sur du bruit et des pseudo-projets de propagande politique que sur des initiatives pertinentes porteuses et durables. Ses collaborateurs l’ont compris et savent le sort à réserver à chaque type de projet. Pour le Projet d’Appui au Développement du Secteur Privé, ç’en est fini. Une fin bien triste !
 
Source : Maxime Domegni, L’Alternative No. 574 du 29 Novembre 2016
 

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