Le Collège d’enseignement général Boka (situé au quartier Nyékonakpoè), c’est l’envers du décor comme le centre de la ville de Lomé en ces temps de vacarme sur le sommet maritime. La façade contraste avec l’intérieur et les alentours. Du dedans, ce sont des broussailles et des eaux stagnantes des égouts, du dehors ce sont des décharges.
Vu de sa devanture, l’établissement scolaire présente l’image d’un collège citadin. Un mur en béton et deux grands portails (l’un grand et l’autre petit) peints en rouge. Mais dès qu’on franchit le portail sur l’allée menant à la cour, et derrière un bâtiment, une « rizière » à droite s’offre à la vue. En réalité, ce sont des chiendents qui ont envahi le sol et lui donnent l’aspect d’un champ en friche. Devant la classe, c’est une broussaille qui obstrue le regard et rend presqu’invisibles les claustras.
Plus loin et par endroits les conduits d’eau stagnantes se sont arrêtés comme s’ils sont aussi en vacances. Même si le sol est hydromorphe, cela n’excuse pas l’état de délabrement dans lequel végète cet établissement scolaire en pleine capitale. Les toits en zinc de certains bâtiments cèdent sous l’effet de l’oxydation. A quelques jours d’une hypothétique rentrée scolaire et de l’ouverture du sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime que Lomé accueille du 10 au 15 octobre, le CEG Boka, comme plusieurs endroits (que les coups de badigeon donnés ici et là cachent difficilement), est le cheveu dans la soupe de Faure Gnassingbé.
C’est vain de vouloir présenter l’image d’une ville nickel aux étrangers. « Rien ne sert de courir, il faut partir à point », enseigne l’adage. Presque cinquante ans que le pays est tombé dans les mains d’une seule famille, Lomé est derrière les capitales africaines en matière d’infrastructures. Elle souffre d’un véritable projet architectural à la manière d’Accra ou de Cotonou d’à-côté. Cet abandon rejaillit sur d’autres infrastructures sanitaires et scolaires comme le CEG Boka. L’école est cernée des côtés par des décharges. Tous les jours, des ordures de tous genres, liquides comme solides, y sont déversées. Derrière un mur (qui borde un terrain sur lequel vient s’entraîner Shéyi Adébayor à ses heures de chômage) dont une partie a cédé, un dépotoir s’étale sur des mètres. Dieu seul sait comment les élèves et les enseignants arrivent à supporter les odeurs pestilentielles des décharges en saisons pluvieuses. Et c’est dans l’indifférence totale que les élèves de cet établissement font avec les mouches vecteurs de maladies parasitaires et les moustiques.
« La main ne peut pas cacher la fumée », enseigne un autre adage. Mais le pouvoir en place s’obstine à le faire à travers l’écran du sommet sur la sécurité maritime. Les réalités ont la vie dure. Et c’est le cas du CEG Boka, comme de plusieurs autres infrastructures sociales de Lomé.
Source : L’Alternative