Les sociétés d’Etat au Togo sont gérées comme des épiceries de quartier par des individus qui finissent par devenir des milliardaires. Les scandales se suivent et se ressemblent sans que personne ne lève le petit doigt pour mettre fin à ce qui apparaît plus ou moins comme un pillage organisé. Dans notre parution N°546 du 16 août, nous avons fait largement échos du nouveau débrayage annoncé par le personnel de la SNPT (Société Nationale des Phosphates du Togo).
Ce nouveau débrayage fait suite à un mot d’ordre de 72 heures observé les 09, 10 et 11 août derniers et qui n’a nullement ébranlé la Direction générale qui est restée de marbre. Or les revendications des employés remontent à 2013 et portent essentiellement sur le respect des minima conventionnels, les primes de production et de rendement, le reclassement du personnel, les dispositifs de protection individuelle, la révision des primes de transport et de logement, la gratification de l’année 2015, la visite médicale, etc.
Les différentes correspondances adressées à cet effet par l’ensemble des syndicats à la Direction générale sont restées sans suite. Pendant que les 1485 agents dont 400 contractuels (tâcherons, stagiaires, occasionnels) sont astreints à des conditions de travail effroyables et à une vie de misère, le DG Michel Kezié et les expatriés israéliens qui font la pluie et le beau temps dans la société se payent une vie de luxe. Ce Directeur Général en poste depuis 8 ans, avec un salaire de base de 5 millions par mois, s’est offert une voiture neuve Landcruiser dernier modèle à un prix onéreux de 90 mille euros, soit environ 60 millions de F CFA.
Immatriculée TG-6619-AU, la voiture souvent garée au parking de la BTCI à Lomé, a coûté 60 mille Euros (autour de 40 millions de F CFA), l’assurance et les frais de douanes 30 mille Euros (environ 20 millions de F CFA). Devant les délégués du personnel en colère, le DG de la SNPT s’est vanté d’avoir acheté cette voiture à 60 millions de F CFA avec la bénédiction du Conseil d’Administration. Une manière cynique de narguer le personnel dont il refuse de donner une suite favorable aux revendications.
Les expatriés ne sont pas du reste. En dehors de leurs salaires mirobolants ( 10 millions par mois pour la plupart), ils se sont vu offrir chacun une prime de gratification de 2000 Euros, soit 1,3 millions de F CFA au titre de l’année 2015 pendant que la Direction générale rechigne à verser les mêmes primes aux Togolais tel que prévu et formalisé dans les statuts du personnel.
En 2015, la tonne du phosphate était vendue à 110 dollars sur le marché international. Depuis 2016, ce prix oscille entre 94 et 100 dollars la tonne. Le phosphate est considéré depuis des décennies comme le poumon de l’économie togolaise, un poumon au service de la respiration d’un groupuscule d’individus qui se sont vachement enrichis, laissant les populations des zones de production et de transformation dans une désolation totale.
Avec les dérives et autres dépenses folles du Directeur Général Michel Kezié, la gabegie qui a cours dans la gestion des phosphates au Togo depuis des décennies n’est pas près de s’arrêter.
La gouvernance prédatrice du système RPT-UNIR sur fond d’impunité garantie par Faure Gnassingbé serait l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire récente du Togo.
Source : Ferdi-Nando, L’Alternative No. 547 du 19 Août 2016 / 27avril.com