Kpalimé est en chantier. Un chantier qui suscite des grincements de dents. Mais du fait d’une gestion invisible de cette localité du temps des délégations spéciales, la ville de Kpalimé est restée égale à elle-même, terne et inchangée. Les informations récoltées ici et là font penser que la municipalité actuelle a une obligation de résultats. Les actions constatées pourraient amener cette partie du Togo à devenir une attraction touristique qui profite non seulement à la commune, mais par-delà à tout le pays. Retour d’un voyage à Kpalimé.

Il a fallu qu’une information au départ jugée croustillante soit recoupée pour constater que la réalité est quelque peu différente. Les commandes de tickets seraient surfacturées par la mairie, les structures de ramassage d’ordure inexistantes, le marché de Kpalimé aurait été sauvagement délocalisé, et d’autresdénonciations que nous avons jugé utile de vérifier. Bien nous en a pris.

S’agissant des tickets vendus dans les marchés, c’est plutôt un changement de système qui aurait mécontenté certains agents ayant divulgué l’information sur une supposée surfacturation. Après recoupements, la gestion des tickets ne permettait pas à la municipalité de maitriser les recettes. Aussi a-t-il été décidé que les tickets soient désormais imprimés en plusieurs couleurs –une dizaine- afin que le choix de la couleur à utiliser chaque jour soit décidé au dernier moment. Ce faisant, il devient difficile aux tickets parallèles d’être écoulés, les fauteurs ne pouvant plus savoir à l’avance laquelle des couleurs sera utilisée tel ou tel jour.

Comment la mairie de Kpalimé en est arrivée à déterminer que dans la commande des timbres, il y aurait des intermédiaires dont les retrocommissions renchériraient le coût de la commande ? Toujours est-il qu’elle a décidé de revoir la procédure de commande et d’aller à la source. C’est ainsi que contrairement au coût unitaire de commande des timbres qui était de 45 FCFA, il est désormais possible à la municipalité de commander ses timbres à…9 FCFA l’unité. Soit un gain de 36 FCFA sur chaque timbre. Ce qui constitue un gain énorme, étant entendu que le prix de vente est toujours maintenu à 100 FCFA l’unité. Cette situation devrait effectivement faire des mécontents qui sont privés un business florissant.

Si la ville de Kpalimé, une ville dite touristique, n’a jamais connu de système de ramassage d’ordures, il semble que ce temps tire à sa fin. Selon les dires d’agents de la mairie, une société privée, en l’occurrence GI2E vient de boucler pour une période de 4 mois un essai de ramassage des ordures dans la ville. Et dans les jours à venir, un contrat de plus longue durée liera la commune à GI2E pour étendre le système. A ce propos, on apprend que près de 16.000 ménages ont été recensés pour commencer.

Pourquoi un système de ramassage ? La municipalité a décidé de conférer à Kpalimé, son statut de ville touristique et donc de lutter contre le déversement des ordures dans les rivières environnantes. Sous peine d’amendes.

Parler de la commune de Kpalimé sans évoquer le grand marché de la ville serait incomplet. Depuis des années, le marché situé sur la route de Yokélé n’a jamais été rallié par les commerçantes. Mais avec ce qui se passe actuellement, tout semble mis en œuvre pour que le grand marché devienne une référence au Togo.

Les bâtiments érigés sont cassés et surélevés ; les hangars de fortune sont en voie de remplacement par des structures plus viables. Des espaces verts sont en voie d’aménagement. Un système d’adduction d’eau potable, d’électrification et de reboisement est en cours. Le tout sur un espace de 10 hectares. Une dizaine de blocs de 24 boutiques entoureront le marché.

Cerise sur le gâteau, la voie principale menant au grand marché sera agrandie jusqu’au siège des prêtres sur la voie de Yokélé. Les commerçantes n’auront plus d’arguments pour ne pas rallier ce marché à l’issue des travaux. Soit dit en passant, les travaux dans et autour du marché sont financés par la KFW et le PAPV (Programme d’appui aux populations vulnérables).

Tout semble prévu pour mettre les populations dans des conditions optimales d’exercice de leurs activités. C’est ainsi qu’au sein du marché, il est prévu une voie d’accès aux sapeurs-pompiers, un dispensaire, des restaurants et autres.

Quand nous avons demandé les raisons qui motivent la délocalisation provisoire de l’ancien marché vers la gare ferroviaire, on apprend que l’ancien emplacement sera remblayé et dédié à un usage commun plus social.

A cet effet, un canal ou collecteur de 12 mètres de largeur remplacera la rivière Agbasiandi depuis le carrefour Texaco jusqu’au croisement avec la rivière Hê vers Fréau jardin. Et sera longé par une voie à sens unique de 9 mètres aménagée.

Quant au marché provisoire délocalisé sur l’aire de la gare, ses entrées dont nous avons déploré le nombre insuffisant ont été rouvertes. La raison de la fermeture des entrées ouest était de permettre à l’entreprise EBOMAF d’avancer dans les travaux de bitumage des alentours de l’ancien marché. Depuis, c’est chose faite et les ouvertures sont de nouveau accessibles.

Parlant d’aménagement, les travaux de la société EBOMAF laissent entrevoir que la ville est en chantier. Que ce soit la route de Kpadapé jusqu’à Togograin et passant devant la prison civile pour rallier la Nationale N°5, les voies passant devant l’hôpital ou entourant la cathédrale, ou encore celle allant jusqu’au pied de la montagne à Agome-Koussountou, tout est en chantier.

Les responsables de la mairie assurent que les travaux seront couplés avec l’électrification et le reboisement des abords. Leur ambition, à les en croire, serait de voir des chaînes hôtelières s’installer également à Kpalimé et non plus seulement dans la capitale.

Les fruits seront-ils à la hauteur des fleurs ?

Le marché en rénovation a été construit au temps où dame Victoire Tomégah-Dogbé était au Développement à la base. Des marchés avaient émergé de terre un peu partout dans le pays, sans études préalables pour déterminer les contours que nécessite la construction d’un marché, encore moins sa gestion. Apparemment, les travaux en cours actuellement montrent qu’à Kpalimé au moins, le refus des populations d’envahir le marché initialement construit pour elles, a été compris par les pouvoirs publics

Quid des autres localités ? Nombreux sont les marchés nouveaux, mais dépourvus de latrines, électricité, dispensaire et eau potable Comment dans ces conditions, les commerçants peuvent-ils accepter y faire leurs affaires ? L’impression générale après ce qui se passe à Kpalimé est que les délégations spéciales n’ont pas profité aux populations. Et que ces marchés étaient érigés plus pour satisfaire des besoins personnels d’ego et de « léchage des doigts » plutôt que pour servir le peuple.

La ville de Kpalimé est en chantier. Quelle est la prochaine localité qui prendra le relai ?             Si la municipalité de cette ville se frotte les mains, il n’y a pas de raison que d’autres marchés aussi connaissent le bonheur de la rénovation : Gamé, Notsé, Kpèlè, Atakpamé, pour ne citer que ces localités.

Godson K. / Liberte N° 3357 du 29-03-21

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