Un mois assez corsé pour les Togolais. En mars 2021, ils ont subi des décisions qui ont tout l’air de sanctions. La Taxe sur les véhicules à moteurs (TVM) est entrée en vigueur, trois jours avant l’augmentation des tarifs aux péages. Dans le contexte actuel d’Etat d’urgence sanitaire, c’est le gouvernement qui doit assister la population. Faire le contraire, c’est punir ses concitoyens.

Le mois de mars a connu une série de mesures prises, pour certaines, dans le cadre de la crise sanitaire liée au coronavirus qui secoue le monde. La première mesure est relative à la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire. Le 16 mars, le gouvernement a obtenu, une énième fois de l’Assemblée nationale, la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire de 6 mois, comme la précédente obtenue en septembre 2020. A l’occasion de ce vote, le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé a rappelé la situation préoccupante des contaminations et invité « les uns et les autres à se mobiliser pour que nous puissions arriver à ralentir considérablement la propagation de la Covid-19 au Togo » et permettre la reprise des activités. Le premier ministre avait également souligné que tout doit être fait pour éviter une situation de saturation.

Une semaine après la prorogation, le gouvernement revient avec une pile de mesures restrictives, face à la préoccupante flambée des contaminations. Il s’agit entre autres interdictions celles relatives aux promenades le long de la plage, les rassemblements de masse tels que les sports de masse, les cérémonies funéraires, les mariages, les évènements culturels, les campagnes publicitaires, les concerts et les réceptions. La surveillance et le contrôle sont également renforcés. Le gouvernement prévoit même la mise en place d’une nouvelle période de couvre-feu, si les circonstances l’exigent.

On ne peut que saluer ces mesures dont l’objectif, a priori, est d’éviter une situation qui serait incontrôlable. Au même moment, il faut avoir à l’esprit que le respect de ces mesures édictées par l’autorité a des conséquences sur la situation socioéconomique du pays. Les gouvernants en ont conscience. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le premier ministre y a fait allusion et a évoqué devant les députés la reprise des activités. Pour un gouvernement conscient de la situation des ménages, certaines décisions impopulaires doivent être abandonnées. Malheureusement, c’est tout le contraire que fait Faure Gnassingbé et ses collaborateurs.

Et pour cause, alors que la population peine à gagner le combat de la résilience dans le contexte sanitaire actuel, une batterie de collecte de recettes est organisée. Le 15 mars 2021, à la veille de la prorogation de l’Etat d’urgence sanitaire, de nouveaux tarifs sont imposés aux usagers de véhicules à moteurs. Il s’agit de la Taxe sur les véhicules à moteurs (TVM) dont le paiement a été rendu obligatoire avant les visites techniques. Cette TVM varie de 15.000 FCFA à 65.000 FCFA. Les organisations des consommateurs dont la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), ont vivement condamné cette décision du gouvernement d’introduire une nouvelle taxe. « Depuis que cette taxe a été instaurée, nous avons fait part de notre position. A l’époque nous avons écrit aux autorités pour leur faire savoir que la situation actuelle ne permet pas de créer une nouvelle taxe parce qu’elle constitue des charges supplémentaires. Nous avons plaidé pour la réduction des montants, mais force est de constater que les autorités n’ont pas pris en compte nos inquiétudes », a déploré le président de la LCT, Emmanuel Sogadji.

Cette couleuvre n’avait pas été encore avalée que les usagers des engins motorisés reçoivent une nouvelle sanction de la part du gouvernement. Le 18 mars 2021, tous les engins sont contraints au paiement des frais de péage. Cette décision a occasionné des émeutes dans plusieurs villes. Avec ironie, certains ont estimé que ces nouvelles taxes ne sont que le remboursement des fonds alloués au programme de revenue universel de solidarité dénommé Novissi. Pour le gouvernement, il s’agit de financer l’entretien routier, malgré les scandales de détournement restés impunis dans le secteur.

Au bout du compte, les dernières décisions du gouvernement donne à penser que même dans l’exécutif, on ne cerne par vraiment ce qu’est l’Etat d’urgence sanitaire. On ne comprend que la partie relative aux pouvoirs étendus accordés aux autorités et qui leur permettent de légiférer par décret. Curieux pour un gouvernement dont la quasi-totalité des membres ont, semble-t-il, obtenu des diplômes après de hautes études en Europe et aux Etats-Unis. Malgré tout leur background intellectuel, ils peinent à comprendre qu’en situation d’urgence sanitaire, le gouvernement assiste le peuple et non le contraire, sauf les plus fortunés. Au Togo, le régime de Faure Gnassingbé saigne à blanc le peuple pour s’offrir une santé financière. De nouvelles taxes dans un contexte d’Etat d’urgence sanitaire, c’est purement de l’inconséquence pour un régime connu pour sa gestion approximative.

G.A. / Liberte N° 3357 du 29-03-21

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