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La scène est plutôt rare chez nous. Mais elle interpelle tout un chacun, en fait ceux qui ont encore un grain d’humanité en eux. Face à la scène de lamentation des femmes devant le commissariat central le samedi 18 mai dernier lors de la marche FRAC-CST-Coalition Arc-en-ciel, un policier en poste n’a pas pu retenir ses larmes. Il a tout simplement baissé la tête et fondu en larmes. S’approchant de lui, un de ses supérieurs lui demanda ce qui n’allait pas. L’agent n’a pu donner des explications à son « chef » qui lui a intimé l’ordre de se redresser et essuyer les larmes.
 
Les propos des femmes ont vraiment de quoi faire pleurer tout individu épris de liberté, surtout dans le contexte togolais. L’évocation des noms comme Anselme Sinandaré et Douti Sinanlengué tués à Dapaong par les forces répressives du pouvoir, Etienne Yakanou décédé dans des conditions obscures à la Gendarmerie nationale après plus de quatre mois de détention arbitraire et des étudiants arrêtés la semaine dernière pour avoir réclamé leurs droits, par ces femmes qui frappaient la poitrine avec des chants de tristesse, demandant la libération des détenus, a produit des frissons chez tous les témoins de cette scène. Le jeune policier n’était pas du reste. Cela démontre à n’en plus douter que parmi les forces de répression, il y en a qui sont conscientes du joug que constitue le pouvoir pour le peuple. On se rend compte aujourd’hui que la répression sauvage qui s’abat sur le peuple togolais qui aspire à de nouveaux dirigeants crée des malaises au sein de la machine même installée pour ce faire. Ce policier, selon nombre d’observateurs, n’a fait que mettre au grand jour ce que ressentent certains agents parmi ces forces de l’ordre souvent envoyées sur le terrain pour exécuter des tâches pour lesquelles elles ne sont pas forcément consentantes.
 
En tout cas, qui ne pleurerait pas devant les lamentations des proches de quelqu’un injustement détenu dans une affaire rocambolesque, et qui, malade, a été privé de soins appropriés jusqu’à ce qu’il ne décède ? On ne peut que se fondre en larmes devant les images d’un enfant abattu par une balle criminelle des forces de l’ordre dont le zèle n’est plus à démontrer. Cette attitude du policier compatissant pourrait servir de leçon à ses collègues qui se plaisent dans la répression des populations. Il y a sûrement un parent des « répresseurs » parmi les populations qui sont dans les rues.
 
K. I.
 
L’Alternative Togo
 
 

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