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La peur change-t-elle de camp ? La question vaut tout son pesant d’or, au regard de la débandade constatée ces derniers jours dans les rangs des forces de l’ordre et de sécurité dont le zèle amer coûte la vie à des citoyens. Aucune armée au monde, aussi puissante soit-elle, ne peut venir à bout d’un peuple engagé et déterminé, dit-on. Et selon nombre d’observateurs, le peuple togolais semble arriver à un tournant de son histoire, où la misère indescriptible qui prend en otage la majorité et l’opulence criarde dont font preuve les gouvernants, créent des frustrations parmi les populations qui décident visiblement de prendre leur destin en main. En tout cas, c’est ce qui pourrait expliquer les révoltes populaires auxquelles on assiste ces temps-ci dans le pays, surtout à l’intérieur.
 
La révolte populaire, disions-nous, est symptomatique des frustrations créées au sein des populations par un pouvoir confisqué par une minorité qui suce le pays à la manière d’un vampire. Partout dans le pays, le pouvoir Faure Gnassingbé ne semble plus le bienvenu. L’on comprendrait si c’est seulement au sud du pays que ce constat est fait, puisque dans sa tentative de « diviser pour mieux régner », le clan Gnassingbé a semé dans la tête des compatriotes du nord qu’ils ne sont pas les bienvenus chez leurs frères du sud. Un faux problème sur fond de clivage nord-sud a été instauré et sert jusqu’alors de prétexte pour ce pouvoir qui a fait un découpage électoral inique qui lui permet de remporter des élections frauduleuses. Aujourd’hui, ce sont ceux qu’on dit acquis au régime qui se soulèvent, et ceci, de la manière la plus surprenante.
 
On a comme l’impression que la machine répressive du pouvoir Faure Gnassingbé est à bout de souffle à l’intérieur du pays. Les populations, à force d’être continuellement et sauvagement réprimées par les forces de l’ordre à la solde du pouvoir, finissent par s’y habituer. Ni les grenades lacrymogènes ni les balles en caoutchouc ne leur font plus visiblement peur. Du coup, la peur change peu à peu de camp. A Dapaong comme à Niamtougou et Kantè, ce sont les forces de l’ordre qui ont pris la poudre d’escampette, abandonnant commissariats et gendarmeries derrière elles. Les dégâts, on les connaît. A Dapaong, elles ont été obligées de faire usage des balles réelles tuant un élève de 12 ans, un autre de 21 ans battu à mort. A Niamtougou, la révolte populaire a engendré plusieurs blessés dans les rangs des policiers, dont plusieurs ont dû fuir pour avoir la vie sauve.
 
Il n’est plus un secret pour personne que le climat est tendu dans le pays. Chaque bévue commise par le régime se retrouve être une goutte de trop qui fait déborder le vase. Si la Police et la Gendarmerie n’arrivent plus à contenir la colère de ces populations qui finissent par les déloger des commissariats et gendarmerie, alors il y a péril en la demeure. « La lutte populaire est invincible », a l’habitude de dire un homme politique togolais. Et à en croire un ponte du régime, le Togo ne disposerait pas d’assez d’éléments pour contenir un mouvement populaire qui rassemblerait au moins 500 mille personnes dans les rues. Ce qui voudrait dire que s’il y a insurrection dans au moins cinq principales villes du pays simultanément, le pouvoir Faure Gnassingbé ne peut plus compter sur la répression pour s’en sortir. Le mieux qu’il puisse faire en ce moment, c’est d’accorder au peuple ce qu’il veut ou tout simplement plier bagage, comme on l’a vu le 24 mars dernier en Centrafrique, où François Bozizé était obligé de prendre une pirogue pour fuir le pays.
 
Pour l’heure, on n’est pas encore arrivé là. Mais tout porte à croire que ce temps approche à grands pas, puisque même dans les localités supposées être les antres du pouvoir, le régime est désavoué. Les discours et les images qu’on montre à travers les caisses de résonnance du pouvoir ne sont que des artifices pour cacher la réalité. Les contradictions dans les sorties des membres d’un même gouvernement et les précipitations avec lesquelles les sujets sont abordés, créant ainsi de la confusion, montrent qu’il y a véritablement panique à bord du navire Faure Gnassingbé. Les populations commencent sérieusement à faire peur. Les grenades lacrymogènes, les coups de matraques, les balles en caoutchouc ou réelles n’arrivent pas à les décourager. Ils les galvanisent plutôt. A ce stade, c’est Faure Gnassingbé et la minorité l’entourant qui pille le pays qui doivent se poser mille et une question. Quand on sait qu’à Badou, les populations ont enlevé le drapeau togolais pour hisser celui du Ghana, cela a de quoi faire peur. C’est un message que chacun doit décrypter avec un peu plus de tact. L’heure est donc grave !!!
 
K. I.
 
L’Alternative Togo
 
 

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