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Décryptant le scabreux dossier des incendies des marchés de Kara et Lomé, votre journal annonçait qu’il était en passe de devenir le plus grand scandale judiciaire de ce début d’année au Togo. Les faits semblent lui donner raison. Après les plus gros mensonges débités à l’envi par le pouvoir et ses « vuvuzelas », place à la vérité qui leur donne le tournis et provoque d’ores et déjà la débandade dans leur rang.

Panique à bord ! En l’espace de deux semaines, toute la vaste et sordide conspiration du pouvoir contre ses adversaires les plus féroces s’est écroulée, tel un château de sable. Et toute ses visées machiavéliques avec. Tour à tour, deux événements majeurs sont survenus et mis un coup d’arrêt aux injustices monstres perpétrées dans ce dossier et que de nombreux esprits avisés n’avaient de cesse de dénoncer. Il s’agit des révélations hallucinantes du jeune Mohamed Loum devant le Doyen des juges d’instruction et le Procureur de la République et, du rapport des experts français transmis au gouvernement, à en croire le CST, mais gardé dans les tiroirs, tant ses conclusions établiraient de façon scientifique, la grave erreur judiciaire en cours. Et par voie de conséquence, appelleraient à reprendre l’enquête et à privilégier des pistes évoquées de tout temps par des esprits épris de vérité mais jamais explorées. Bis repetita.

Une enquête, des coupables désignés !

11 janvier : 1er sinistre d’une telle ampleur enregistrée. Le grand marché de Kara partait en fumée. Incendie d’origine criminelle ou accidentelle ? Les premières informations privilégiaient l’origine accidentelle. Le feu aurait été provoqué par un « fou », donc une personne non pénalement responsable. Quarante-huit heures plus tard, le même sort s’abattait sur le grand marché de Lomé communément appelé le grand marché d’Adawlato. Ici plus qu’ailleurs, les dégâts sont d’une ampleur inimaginable. Hasard de calendrier ? Prédictions apocalyptiques ? Des clarifications s’imposent. Si d’aucuns optent pour la piste criminelle, d’autres encore insistent sur l’origine politico-criminelle. The last but not the least, il y en a qui ont juré par tous les dieux que la succession de ces incendies avait une explication métaphysique et que les dieux étaient sans doute en train de déverser leur colère sur le Togo. Pourquoi ? Les raisons en sont multiples et, se mettre à les énumérer s’avèrera un exercice fastidieux. En ce moment, Gérard Adja ne le savait sans doute pas. Mais il allait être la première des grosses prises opérées parmi les opposants. Le lien entre l’opération « Les derniers tours de Jéricho » étouffée au demeurant dans l’œuf dès son premier round et ce « cataclysme » offrira à ceux qui détestent le CST plus que tout au monde, l’alibi ou le prétexte idéal pour lui faire porter le chapeau.

Le même jour, revenant de la messe, Gérard Adja a été interpellé de manière cavalière par les éléments du Capitaine Akakpo, le seigneur du SRI. Sans mandat d’arrêt ni mandat d’amener. Une autre précision de taille, le Premier Vice-président d’OBUTS n’avait pas reçu de convocation ni refusé d’y déférer. Y avait-il des indices graves et concordants pouvant justifier cette interpellation ? L’enquête sur les incendies était-elle ouverte avant leur survenue ? Pourquoi privilégier la piste criminelle si l’enquête ne dispose d’aucun élément de preuve ? Des questions demeurées sans réponse.

A la suite de Gérard Adja, l’enquête mettra le grappin sur Mme Nukafu, militante de l’ANC, Messan Agbéyomé Kodjo, Président d’OBUTS, Jean Eklou, président de la jeunesse de l’ANC, Alphonse Kpogo de l’ADDI et un nombre inconnu d’anonymes qui ont cependant tous un dénominateur commun : ils ne partagent pas la gouvernance de Faure Gnassingbé. Pour rappel, c’était au terme d’une procédure galvaudée de levée de son immunité parlementaire que quelques minutes plus tard, une escouade de gendarmes ira cueillir Messan Agbéyomé Kodjo à son domicile, et perquisitionner le siège du parti, non sans avoir refait le portrait à sa fille qui s’était permis- crime de lèse-majesté de leur rappeler les principes élémentaires de la procédure pénale et leur avait demandé leur mandat. Mais il sera libéré après quarante jours passés là.

En manque de preuve, l’enquête devait s’en fabriquer. Et le moyen le plus sûr était de soudoyer des jeunes, dans le meilleur des cas, ou de les torturer au pire des cas. La stratégie a été bien huilée, et le résultat a bien été au-delà des attentes des éminences grises, ces architectes du Diable.

Comme une récitation, Mohamed Loum et ses compères ont déballé ce qu’ils ont appelé les noms de leurs commanditaires, le mode opératoire avec en toile de fond une réunion au siège de l’ANC – non sanctionnée de procès-verbal de réunion s’il vous plaît-, des préparations mystiques destinées à les rendre invisibles. Autant de déclarations accueillies par Le Col. Yark Damehame le metteur en scène, comme du pain béni. Et chaque jour, les responsables de l’opposition sentaient la menace d’une interpellation planer au-dessus de leur tête, telle une épée de Damoclès. Au final, ils ont tous été inculpés, sinon presque. Dans sa logique de décapitation du CST, le pouvoir a fait inculper également le trio des avocats du CST. Mes Zeus Ajavon, Raphaël Kpandé-Adzaré et Jil-Bénoît Afangbédji.

Du côté de Kara, les jeunes étudiants réunis au sein du Collectif « Sauvons les Etudiants » ont été la cible de l’enquête ouverte sur l’incendie du marché de Kara. Le Prof. Napo Tchin aussi. Bref ceux qui, au sein du milieu universitaire, se distinguaient par leur liberté de ton et d’action vis-à-vis du régime en place.

En dépit des multiples condamnations au plan interne et international, le pouvoir restera campé sur sa position. Le Procureur de la République se prenant pour un modèle de vertus, réfutera toute accusation d’instrumentalisation politique, insistera sur le caractère supposé indépendant de l’enquête, menacera les journalistes et finira même par en inculper un, Zeus Aziadouvo, directeur de la Publication Liberté, pour « complicité de dégradation des biens publics, groupement de malfaiteurs etc. Au mépris des dispositions du Code la presse.

Un autre temps fort de cette affaire reste le violent réquisitoire adressé par le Parti socialiste français et l’ONG Amnesty International au pouvoir en place. Tour à tour, Georges Aïdam, 1er Vice-président du parti UNIR, Essolissam Poyodi le Procureur de la République appuyés par les flagorneurs invétérés du régime qui s’affublent du titre de leaders d’opinion, sont tous sortis de leurs gonds. Et, le plus cocasse, c’est que même ceux qui, il y a quelques mois –nous espérons qu’ils ne souffrent pas de la maladie d’Alzheimer- chargeaient Jean-Pierre Fabre le leader de l’ANC de n’avoir aucune légitimité ni reconnaissance de la Communauté internationale et que de ce seul fait, il était un nain politique, ont crié au scandale et à une ingérence inadmissible. D’autres ont crié à faire rompre les cordes vocales que le Togo n’avait pas de leçons à recevoir de la France. Humm !
Mais la vérité a fini par éclater. Au grand jour.

Le revirement extraordinaire de Mohamed Loum

Des esquisses de vérité transparaissaient d’une correspondance adressée à Jean-Pierre Fabre, lui aussi inculpé, par Mohamed Loum visiblement rongé et tenaillé par le remords,. Dans ce courrier aux allures d’un « repentir actif », il a exposé dans les menus détails de quoi retournait cette affaire et cité les noms de ceux qui l’ont engagé pour la sale besogne : les Capitaines Akakpo, Agbenda, Yanani, le Maréchal Chef des Logis Alidou et enfin Tony Sodji. Mais les avocats du diable, polémistes patentés comme toujours dans leur rôle, ont remis en cause l’authenticité dudit courrier. Signe des temps ? Le principal prévenu et accusateur du CST a confirmé « in vivo », et ce, devant le Doyen des juges d’instruction et le Procureur de la République les révélations contenues dans cette correspondance qui fâche dans un camp et fait du bien dans l’autre. Mais devant une telle évidence, il s’en est trouvé encore à soutenir l’existence d’autres moyens de preuve à charge. Seulement, ces fameux « indices graves et concordants » (sic) ne feront qu’ouvrir la voie à la libération de Mme Nukafu et le Prof. Napo Tchin. Lors de sa dernière sortie, le Procureur de la République a annoncé la bonne nouvelle de leur libération. Deux inculpés de moins sur les trente-cinq.

Le rapport d’enquête des experts français et la peur dans le camp du pouvoir!

Selon le CST, les experts français ont transmis au gouvernement depuis un bout de temps leur rapport d’enquête. Mais que celui-ci se refuserait à le publier. Pourquoi ? Selon le CST, il serait très accablant pour le pouvoir. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que le rapport, à en croire les experts français devait être transmis au gouvernement fin février. De toute évidence, si ce délai devait être prorogé, les Français en tiendraient informée l’opinion. Leur silence depuis lors reste la preuve qu’ils ont accompli la mission à eux assignée et remis le rapport de leur enquête à qui de droit. Une autre question de bon sens c’est que si ce rapport confortait l’enquête-croisade en cours, le gouvernement n’hésiterait pas à le publier, confie un observateur avisé de la scène politique.

A en croire un baron du régime en place qui a requis l’anonymat, c’est une peur panique qui se serait saisie de ceux qui auraient les mains trempées dans cette sordide affaire. Et redoutant le coup de tonnerre que la publication de ce rapport pourrait provoquer et surtout la réaction difficilement contrôlable des commerçants des deux marchés, des opposants et de toute la population, le pouvoir aurait, selon le CST, envoyé des émissaires auprès du pouvoir français, histoire de l’appâter avec une histoire à faire dormir debout. Ces derniers distilleraient que les intérêts français pourraient être pris pour cible, si l’opinion venait à découvrir la vérité. Quoique le commun des Togolais sache qu’en réalité, ce sont les représailles populaires potentiellement déstabilisatrices de son pouvoir que Faure Gnassingbé redoute le plus.

Et si alors qu’il y avait encore un mois, c’étaient les responsables de l’opposition qui vivaient sous la menace constante d’une interpellation, aujourd’hui, la peur a bien changé de camp. Et c’est le pouvoir qui s’active pour éviter que le plus grand scandale judiciaire que le Togo ait connu, ne l’emporte. Incroyable retournement de situation.

Magnanus FREEMAN

liberté Togo

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