On avait cru, à la création de UNIR, que son président était animé d’un esprit majeur, qu’il voulait répondre à une mission rédemptrice visant à engager le Togo sur la voie du consensus, à tendre une main sincère tant aux adversaires de son père qu’aux siens propres, réels ou putatifs et amener le Togo à rattrapper les retards accumulés pendant ses années de guéguerres politiques. Mais, très vite, Faure est devenu Eyadéma. En pire des fois. Cristallisant sur son nom les nombreuses tares et plaies du pays. La dégringolade, naturellement, a été au rendez-vous. Et lorsque la CEDEAO propose un remède, l’imposteur et les alliénés alentour y découvrent une tentative de l’extérieur de retirer à l’Etat togolais sa souveraineté. Qu’il est bien drôle et unique, cet état qui se résume à un individu! Non, Faure doit clôturer ses folies du « Moi, Je, Moi-même ».
Par Kodjo Epou
Le Togo est partout peint sous des traits infamants. Un pays moqué, son premier magistrat vomi du dedans et honni du dehors, contraint de recourir à de vulgaires farces de rodomont pour résister à son peuple qui le rejette. Il suffit, à lui-même et à ses courtisans, de sortir un peu de leur zone de confort, de s’éloigner un peu de leurs fréquentations habituelles pour voir les dégâts en terme d’image. Le projet constitutionnel de la CEDEAO, malgré qu’il donne à Faure Gnassingbé, si élu en 2020, les chances d’un 4ème mandat, a été accepté par l’opposition, étant apparu comme un chemin tangible vers l’apaisement et une sortie de crise. Faure, s’il jouait franc jeu dans la configuration proposée, s’en sortirait anobli et l’opposition, sans perdre la face après tant d’années d’enfer, serait élevée aux yeux de ses militants et des parents de ceux qui, dans ses rangs, ont été assassinés ou connu les affres de la prison. Ce serait, en un mot comme en cent, une grande victoire pour le Togo. Le pays pourrait s’apaiser.
Un rêve, lit-on chez les encenseurs du clan, réputés dans l’art de faire la promotion d’un rapport de force imaginaire qu’ils croient à leur avantage, fabulant la réalité à tous les vents. Or, à l’analyse, le projet constitutionnel de la CEDEAO reste, dans la situation compliquée actuelle du Togo, un moyen crédible à implémenter si l’on veut que le pays retrouve ses équilibres perdus pendant toutes ces années d’impotence, de bricolage et de gâchis dus à une démocratie de genre androgyne, un système à la carte que le RPT installe à coup de mitraillettes, sous la garde de miliciens. La plus grande inconnue, à ce point, c’est Faure Gnassingbé. L’homme n’a jamais été loyal aux Togolais, moins encore aux bonnes volontés étrangères qui tentent d’aider le Togo à s’en sortir. Faure n’a jamais démontré un esprit plus grand ni fait preuve d’un peu d’humilité pour abandonner son plan de confiscation systématique du pouvoir. En tout temps, à toutes les occasions, l’intérêt général et la réconciliation nationale sont restés les parents pauvres de sa politique, de ses envies? Le Togolais ordinaire, confus, en est à se demander si ce président possède, quelque part dans son tribunal interne, quelques bribes d’amour et de compassion pour son pays.
Une histoire pénible…
L’approche de la CEDEAO est médiane, accomodante. Elle prend majoritairement en compte, l’esprit et les clauses judicieuses de la constitution de 1992 qui, quoi qu’on puisse en dire, fait partie du patrimoine historique d’Eyadéma, donc du RPT. Le général exerçait ses prérogatives de président de la République quand cette loi fondamentale fut écrite. Aussi avait-il posé un acte hautement majeur lorsqu’il avait demandé à ses partisans de voter en faveur du texte soumis au référendum par le gouvernement issu de la Conférence Nationale Souveraine. Cette loi fondamentale loi fut plébiscitée avec un taux record d’adhésion de 98%. C’était une belle œuvre dont la paternité revenait, tout compte fait, au Père de l’actuel président.
…qui met en relief l’intrigue du chaos
Les rebondissements actuels indiquent clairement que le temps est venu pour Faure Gbassingbé de prendre une belle revanche sur ses affabulateurs et courtisans, eux tous guidés par le péculat, en faisant revenir, par une voie dérobée, la constitution de 1992 en acceptant la mouture que propose l’expert commis par la Communauté régionale. L’intérêt, pour lui, est double: d’une part, redonner à son père défunt, pour l’histoire, l’honneur d’avoir été l’un des précurseurs voire le père de la constitution qui aura ouvert la voie a l’ère démocratique au Togo. D’autre part, par cette mesure, il (Faure) se serait taillé lui-même une place dans l’histoire parce qu’il aurait apaisé les cœurs, rapproché les Togolais des différents bords, permettant ainsi à la nation entière de retrouver son souffle dans une constitution qui permettrait d’envisager l’avenir dans l’espérance, dans la sérénité.
L’adoption par voie parlementaire du projet de Alioune Badara Fall, c’est le plus court chemin vers la normalisation du Pays et aussi un grand pas vers la réconciliation nationale. C’est aussi l’option la moins coûteuse par rapport à un référendum. Par qui ce référendum serait-il organisé, pourrait-on se demander, le pouvoir RPT/UNIR étant tristement surdoué dans les fraudes et les manipulations? On sait qu’une profonde crise de confiance s’est installée dans le pays depuis. Et puis c’est également connu qu’il n’y a pas beaucoup de Togolais qui aimeraient confier le sort d’un scrutin référendaire au gouvernement de Faure Gnassingbé, un president qui, au lieu d’être le chef de l’état et leader de tous les Togolais, est devenu au fil des ans un chef de cartel dont les intrêts et préoccupations sont diamétralement opposés à la volonté du peuple.
A eux de rejoindre le peuple, pas le contraire
Le régime se fourvoie dans un chemin sans issue quand il agite le fallacieux alibi de souveraineté. L’argument d’une « ingérence étrangère dans les affaires du Togo » ne tient pas debout. C’est “ri-di-cu-le” De quoi est il question? La C14, le peuple derrière elle, réclame une constitution qui n’est pas bâtie autour d’un seul individu c’est-à-dire qui ne fait pas la part belle à un camp au détriment de l’autre, ni aujourd’hui ni dans le futur. Un texte juste, tourné vers l’avenir, qui garantit à tous les Togolais les chances égales en toute circonstance. Faure Gnassingbé va-t-il continuer de se fier aux malfaiteurs de tous poils que sa piteuse gouvernance engraisse, à tous les zorros de trafics illicites qui fréquentent son palais? Le président, pour une fois, va-t-il entendre raison pour ne plus continuer à privilégier ses agendas obscurantistes jusqu’à faire sombrer le pays? Se laissera-t-il convaincre de la nécessité d’une mise en oeuvre du schéma de la CEDEAO, le seul susceptible de dévier le Togo de sa trajectoire de perdition?
Dans le temps où l’on est, une diplomatie communautaire est a l’œuvre pour enfin faire entendre raison au président qui n’écoute que ses envies dementielles, ses instincts d’arrogance, de pauvres jugements et de surenchères. Contrairement à ce qu’il peut lui arriver de penser, sa marge de manoeuvre n’est pas illimitée; il ne peut donc plus continuer à servir les mêmes « salades » à ses compatriotes et a ses pairs de la sous-région. En tout état de cause, la victoire est toujours revenue au peuple, n’en déplaise à Yark Damehane, le sak-o-dos affublé du titre de général et visiblement fier d’exhiber en public son kaylashnikov, proférant à tout vent des menaces à l’encontre d’un peuple qui le nourrit, l’habille, le chausse. Croient-ils vraiment pouvoir gagner sa « guerre »? Pas si évident.Un adage américain suggère: « if you can’t beat them, join them ».
Résister en boucle, sans relâche
C’est le lieu de presser tous les Togolais, où qu’ils se trouvent, quels que soient les chemins de leur vie ou leur condition sociale, de continuer la résistance. Résister, c’est empêcher le pouvoir de continuer à se donner des opposants de son choix, selon ses desseins. C’est dire non, mille fois non, à tous ces parasites qui veulent garder infiniment le système de dépravation de l’état togolais, celui des échecs répétés, des faillites prolongées. C’est s’opposer avec énergie à une réédition des douloureuses mascarades électorales du passé. Résister, c’est faire obstacle aux traîtres, aux vélléités d’associations-panse qui ont pignon sur rue chez nous.
Résister, enfin, c’est tout simplement avoir le courage de faire un bras d’honneur à ceux qui tiennent notre pays et son peuple en joug. Enfin, résister avec détermination et courage, de sorte que, même si un leader quelconque venait à trahir la résistance citoyenne contre de l’argent, celle-ci ne faiblisse jamais et ce, jusqu’à la chûte définitive de Babylone.
L’AUTEUR
Kodjo Epou
Washington DC
USA