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Transformation in situ des produits agricoles. Voilà le tendon d’Achille de l’agriculture en Afrique de façon générale, et celle du Togo n’y échappe pas. La problématique a fait l’objet d’un récent article dans nos colonnes, et les acteurs du monde agricole consultés sont bien conscients des énormes avantages à en tirer ; pour nombre d’entre eux, sa promotion dans notre pays est une urgence. Et ils ne devraient pas en démordre lorsqu’il s’agit de la transformation des fruits. Comme la mangue, l’ananas, l’avocat, l’orange facilement périssables.
 
« Je n’ai pas le courage d’acheter des fruits à Lomé quand on me donne un prix élevé, parce qu’ils ne coutent rien chez nous au moment de l’abondance. Ils pourrissent même sous les arbres. Je suis donc révolté quand on me donne un prix élevé », confie Dzigbodi, un natif du Grand Kloto. En effet des tas de mangues, d’ananas, d’oranges ou d’avocats qui pourrissent au cours des mois d’avril, mai et juin au bord des routes ou dans les plantations dans la zone de Kpalimé qualifiée de verger du Togo, parce que ne trouvant pas preneurs, alors que les mêmes fruits seront introuvables sur le marché vers la fin d’année, c’est l’éternel cycle observé au Togo à chaque saison agricole. A la grande désolation des paysans qui voient ainsi les fruits de la sueur de leur corps pourrir. Ce qui représente des manques à gagner énormes pour eux.
 
C’est un secret de Polichinelle, la consommation locale des fruits par les populations reste faible, même si elles sont bien conscientes de leurs apports nutritifs. Elles n’absorbent pas toute la production ; et comme en Afrique de façon générale, l’exportation des fruits frais n’est pas trop développée au Togo et ne touche d’ailleurs qu’une infime partie de la production. Les paysans voient le reste pourrir dans les champs ou sur les étalages. De nos jours, producteurs agricoles et investisseurs se rendent à l’évidence que la transformation locale des fruits est l’alternative pour réduire ces pertes.
 
TRANSFORMATION, LA TENDANCE. La transformation locale des fruits, et particulièrement la fabrication du jus est la tendance dans plusieurs pays d’Afrique ces dernières années. Au Burundi comme au Rwanda, le jus de « maracuja », le fruit de la passion, est devenu de consommation courante depuis l’installation d’une chaîne industrielle qui traite aussi les mangues et les ananas. Au Burkina Faso, le jus de tamarin est devenu la boisson à la mode, depuis la mise en route d’une unité industrielle, Savannah, qui en vend deux millions de bouteilles par an. Ce jus, au goût traditionnel, supplante le jus de mangue, jugé trop épais et trop pulpeux par les consommateurs. Les jus de fruits localement produits ont aussi fait leur apparition dans les supermarchés des grandes villes camerounaises, ainsi que le vin de palme pasteurisé, le « Matango » (au Togo l’Itra a récemment mis au point le DEHACHAMPE, le vin de palme champagnisé), très apprécié. Les Dakarois à leur tour ont récemment découvert avec enthousiasme les jus d’orange et de bissap (oseille rouge). Le Togo ne devrait pas rester en marge de la dynamique.
 
POURRISSEMENT REDUIT. Le plus grand problème qui se pose aux producteurs fruitiers, c’est sans doute le pourrissement de leurs productions, qui constituent des pertes énormes pour eux. La transformation locale éviterait ainsi ces pertes. Le surplus de mangues ou d’ananas qui ne serait pas consommé dans l’immédiat ou la quantité devant être liquidée à vil prix pour éviter l’abondance ou le pourrissement, pourra être transformé par séchage, ébullition ou confision. On aura alors ces fruits séchés, en sirop ou en confiture. Les jus de nos fruits locaux viendraient concurrencer et peut-être remplacer ceux importés des pays lointains.
 
La technique réputée la plus simple et accessible aux producteurs éloignés des centres villes est le séchage. Epluchés et coupés en morceaux, les mangues ou les ananas sont mis dans de petits séchoirs, et en quelques jours, ils perdent leur eau à l’abri des attaques d’insectes et du soleil direct qui détruisent leurs vitamines. Les autres techniques beaucoup plus complexes sont du ressort de véritables industries agroalimentaires.
 
VALORISATION DES PRODUCTIONS. Le pourrissement des fruits évité avec leur transformation industrielle, c’est une bonne partie des récoltes des producteurs qui sera sauvée et valorisée, offrant ainsi une plus value aux paysans. Leurs revenus s’en trouveraient augmentés, et eux et leurs familles vivraient de plus en plus à l’abri du besoin. De facto, ils trouveraient des sources de motivation pour produire davantage.
 
DISPONIBILITE DES FRUITS ASSUREE. Au-delà du cadre des producteurs, la transformation des fruits éviterait en quelque sorte leur pénurie à des saisons mortes. A défaut d’avoir par exemple la mangue ou l’ananas frais en décembre, le consommateur pourrait les avoir séchés, en jus ou en confiture dans les rayons de nos supermarchés. Et à prix réduits, du moins par rapport à ces mêmes produits importés dont les coûts de vente sont souvent grevés par les frais de fret et autres. Les coûts de production seraient réduits à cause de l’existence sur place des matières premières, c’est-à-dire les fruits. Leur disponibilité serait ainsi assurée de façon permanente sur l’année.
 
CREATION D’EMPLOIS. La transformation locale des fruits induit l’installation d’industries appropriées, et donc le besoin de mains-d’œuvre pour leur fonctionnement. Des emplois seraient ainsi créés ; et dans un Togo où le chômage est le premier débouché des jeunes diplômés, le problème d’emploi serait quelque peu amoindri. L’installation des industries de transformation va également contribuer au développement des localités où elles seront implantées. Au finish, le pari de la lutte contre la pauvreté serait un brin gagné.
 
Avec la promotion de la transformation locale des fruits, c’est un véritable « fruit-business » qui se créerait au Togo.
 
Tino Kossi
 
liberte-togo

5 Commentaires

  1. J’ai entrepris des efforts dans la transformation de la mangue en boisson gazeuse depuis 2004 et aujourd’hui je suis à la phase de formalisation du projet qui peut créer au moins 200 emplois à nos jeunes frères. D’autres recherches sont en cours sur les autres fruits périssables y compris la tomate.
    Rendez-vous à la foire de Agricole de Mango du 27 au 29 Mars sur le Stand de CISTA (Cercle des Ingénieurs en Sciences et Technologie des Aliments).
    D’autres boissons y seront présentées.

    • j’ai commencé à faire des recherche sur le sujet il y a juste deux semaines .Je suis informaticien mais j’ai un amour fou pour les métier de la terre c’est très récemment après quelques investissements infructueux que j’ai décidé de revoir de plus près le domaine de production à contre saison ou de la conservation J’avoue que je suis très intérressé. surtout BON travail du courage et bonne continuation

  2. Je suis tres interessée par vos recherches, j’avais un projet sur la transformation des fruits en confitures,
    Pourriez vous me contacter sur ce projet
    Merci
    Mme Feignier
    ps: je serais à Lomé en novembre

  3. bonjour ,nous recherchons de toute urgence une entrerpise au togo pouvant pasteriser du lait de noix de coco ( lait de copra) mixer avec la chair de coco, nous recherchons 200 tonnes merci de me dire , au plaisir !

  4. Bonjour,
    Connaissez vous un site où je peux acheter de manière regulière des fruits et légumes en provenance du Togo, (20 ananas, 20 avocats, 20 mangues) Merci

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