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Les derniers préparatifs d’un scrutin biaisé ont commencé
 
Tension.Voilà le terme qui résume la situation sociopolitique au Togo, faite de coulées d’adrénaline avec l’affaire des incendies dans laquelle les opposants les plus crédibles à Faure Gnassingbé sont traqués. C’est dans ce climat délétère que chaque jour qui passe nous rapproche des hypothétiques élections législatives. L’issue de ce scrutin, pas besoin d’être sorcier pour l’imaginer, au regard de ce climat et des conditions de préparation.
 
La kyrielle d’appels au dialogue restés lettres mortes
 
C’est un secret de Polichinelle, les réformes institutionnelles et constitutionnelles censées assurer la transparence des prochaines élections législatives et locales ne sont pas exécutées, et les règles du jeu ont été taillées sur mesure. Toutes choses qui n’annoncent pas un scrutin équitable et crédible. Seul le dialogue entre les acteurs politiques pourrait réorganiser les choses. Et devant la détérioration du climat politique ces derniers temps, les appels au dialogue se sont multipliés.
 
« …L’UE appelle le gouvernement, l’opposition et l’ensemble des forces politiques à s’engager véritablement dans la relance d’un dialogue politique national et à contribuer à l’établissement du climat d’apaisement nécessaire…Tout appui financier direct de l’UE au processus électoral dépendra de l’existence d’un accord politique élargi et de la mise en œuvre des réformes électorales dans l’esprit des recommandations des Missions d’Observation Electorale de 2007 et 2010, en particulier en ce qui concerne le réaménagement du découpage électoral », écrivait le 11 février dernier Nicholas Westcott, Directeur Général Département Afrique à l’Union européenne, aux noms de la Haute Représentante, Mme Cathérine Ashton, et du Commissaire au Développement, Andris Piebags, en réponse à un courrier à eux envoyés le 18 janvier dernier par le Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique, une coalition des groupes de pression et de partis politiques français et africains, pour les interpeller sur la tragicomédie électorale qui se joue au Togo.
 
A leur suite, c’est le Parti socialiste français qui, dans un communiqué daté du 13 février, requiert des discussions entre la classe politique. Après avoir exigé la « libération immédiate » des opposants arrêtés dans l’affaire des incendies, le Parti socialiste a exprimé « sa solidarité avec tous les Togolais démocrates et issus de la société civile en lutte pour la démocratie, contre la mauvaise gouvernance et l’impunité au Togo » et appelé les autorités togolaises « à permettre la relance d’un dialogue politique sincère et inclusif, et à mettre en œuvre d’urgence les recommandations des Missions d’observation de l’Union Européenne en faveur d’une réforme électorale pour le prochain scrutin législatif ».
 
Même son de cloche au Front de Gauche de Jean-Luc Melenchon qui, dans un communiqué daté du vendredi 15 février, condamne les arrestations arbitraires et réclame aussi un dialogue franc et des élections transparentes.
 
Le SPD allemand n’est pas du reste. « L’UE a déjà déclaré qu’elle ne financera pas les prochaines élections s’il n’y a pas un accord préalable entre le pouvoir et l’opposition sur leur organisation…Le gouvernement allemand doit exercer des pressions sur le pouvoir togolais, afin que ce dernier organise en concertation avec l’opposition des élections libres et transparentes qui doivent être supervisées par une mission d’observation internationale », écrit ce parti.
 
Tous ces appels au dialogue ne visent qu’à décrisper l’atmosphère surchauffée et permettre la redéfinition des règles électorales consensuelles pour l’organisation d’un scrutin transparent et crédible. Mais ils sont tous tombés dans des oreilles de sourd. Seule une simulation de dialogue a été entre-temps organisée, conduite à nouveau par Mgr Nicodème Barrigah. A quoi cela a-t-il servi, demandez-vous ? C’est le fiasco, et c’est dans ces conditions que le pouvoir met le cap sur les derniers préparatifs du scrutin.
 
Participation à la Misma et libération de Le Floch-Prigent pas gratuites, cap sur les derniers préparatifs
 
Au regard des règles définies, surtout du découpage inique, le scrutin s’annonce déjà biaisé. C’est un fait, et au sein du pouvoir, on met déjà les bouchées doubles pour faire accepter plus tard le hold-up à la communauté internationale. Cela passe par des actions pouvant la séduire. Et parmi elles, des sources avisées citent l’engagement du Togo au sein de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA). Le commun des citoyens devrait y voir une simple participation à une opération pour aider un pays frère et ami en situation ; mais c’est sans savoir les réelles motivations. La libération de Loïk Le Floch-Prigent ne serait non plus gratuite. « Cette décision répond également à la volonté de Faure Gnassingbé, dont le pays participe à la force Misma au Mali, de retirer des dividendes diplomatiques en obtenant la neutralité de Paris à l’occasion des prochaines législatives », nous apprend « La Lettre du Continent » dans sa livraison N°654 du 6 mars 2013. En clair, toutes ces actions seraient entreprises pour acheter le silence de Paris, et partant, de la communauté internationale, sur le futur hold-up électoral.
 
Comme si les signaux ne sont pas suffisamment au rouge, le pouvoir a enclenché les derniers préparatifs. Le recensement électoral est censé débuter le vendredi15 mars prochain. Sans qu’on ait suffisamment sensibilisé les populations au préalable. Ce que dénonce L’Alliance de Dahuku Péré, à travers son porte-parole, Ourna Gnamta. « Rien d’étonnant à cette attitude, car le pouvoir n’a jamais gagné un scrutin sur la base des suffrages des populations, mais par le truchement de la fraude et du hold-up ; il se fout donc que les électeurs se fassent s’inscrire en nombre ou pas sur les listes », glose un observateur. Et nous en parlions déjà dans la parution de vendredi, les kits, ceux-là mêmes dont les essais de fonctionnement ont révélé des anomalies graves – on peut s’inscrire N fois sans se faire remarquer – ont commencé à être déployés, sans que les dysfonctionnements aient été corrigés. Et cela se fait par des véhicules militaires. Transparence du scrutin, dites-vous ? Les intellectuels regroupés au sein de l’Association des intellectuels togolais pour une Afrique éveillée (Aitae) eux, n’y croient pas. « Vivement préoccupée par la dégradation continue du climat sociopolitique dans notre pays caractérisée, ces derniers temps, par une brusque montée de la tension », elle demande à Faure Gnassingbé, à travers un communiqué rendu public vendredi dernier, de prendre la « mesure de la gravité de la situation sociopolitique », d’arrêter le processus électoral en cours et de convoquer sans délai un dialogue sincère afin d’épargner à « notre chère patrie des lendemains incertains ».
 
Tino Kossi
 
source : liberté-togo
 

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