BLANTYRE – Le président malawite Bingu wa Mutharika, victime d’un arrêt cardiaque, est mort vendredi matin à l’âge de 78 ans, laissant ouverte la question de sa succession immédiate, qui devrait selon la Constitution revenir à la vice-présidente, une ancienne alliée passée à l’opposition.
 
Bingu wa Mutharika s’était effondré jeudi matin au palais présidentiel et avait été transporté inconscient à l’hôpital central de la capitale Lilongwe, laissant le pays pauvre d’Afrique australe en proie aux rumeurs, aucun bulletin de santé n’ayant été publié.
 
« Il est mort (…) après minuit, après deux heures (de tentatives) pour le réanimer », a indiqué à l’AFP un responsable de l’hôpital, sous couvert de l’anonymat dans l’attente d’une annonce officielle.
 
« Le président est mort hier, et son corps a été transporté en Afrique du Sud pour être embaumé et afin que le processus soit digne », a confirmé un responsable gouvernemental, lui aussi sous couvert d’anonymat, qui a ajouté que « l’annonce officielle viendra plus tard ».
 
Une figure du parti au pouvoir a également confirmé la mort du président malawite.
 
La radio d’Etat malawite avait annoncé que M. Mutharika avait été conduit en Afrique du Sud « vers minuit pour y recevoir les soins de spécialistes ».
 
Les autorités malawites et sud-africaines se refusaient à tout commentaire vendredi, de même que les hôpitaux de Johannesburg où il aurait été transporté selon les médias locaux.
 
Le pouvoir doit selon la Constitution être transmis à la vice-présidente Joyce Banda, qui doit diriger le pays jusqu’aux prochaines élections, fixées en 2014.
 
Mais l’intéressée est devenue une opposante majeure depuis que Bingu wa Mutharika l’a exclue du parti gouvernemental en 2010, et ces frictions politiques expliqueraient le peu d’empressement de Lilongwe a annoncer la mort du président et le voyage de son corps en Afrique du Sud.
 
L’éviction de Mme Banda –une ancienne alliée qui a depuis fondé son propre parti– avait été critiquée par de nombreux habitants des villes qui y ont vu une tentative de concentrer le pouvoir dans les mains du président et de sa famille.
 
Le frère du défunt président, le ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika, a été choisi pour porter les couleurs de son Parti démocratique progressif aux élections de 2014.
 
Wapona Kita, un juriste, a indiqué à l’AFP que la Constitution malawite « spécifie clairement qu’en cas d’incapacité ou de décès du président », le vice-président assure la succession ».
 
« C’est automatique qu’elle prenne la présidence (…) à moins que que quelqu’un ne change les règles du jeu », a-t-il ajouté.
 
Président depuis 2004, et très confortablement réélu en 2009, M. Mutharika était un économiste de formation ayant travaillé pour plusieurs organisations internationales, dont la Banque mondiale.
 
Il s’était targué d’avoir « éliminé la faim au Malawi » lors de son premier mandat, après une terrible famine en 2005. Son programme en faveur des agriculteurs locaux lui avait valu une réélection facile, avec les deux tiers des voix.
 
Mais son pouvoir était de plus en plus contesté ces derniers mois, sur fond de pénuries chroniques, notamment de carburant et de devises étrangères.
 
De nombreux opposants ont critiqué une dérive autoritaire, de même que la plupart des donateurs étrangers qui ont coupé les vivres au pays, peuplé de 14 millions d’habitants.
 
Dans une interview à l’AFP, il avait juré en juillet 2011 ne pas être un dictateur, quelques jours avant que des manifestations ne dégénèrent et tournent à l’émeute. Dix-neuf personnes avaient alors été tuées par la police.
 
En mars, un large comité d’opposants et de représentants de la société civile avaient réclamé en vain sa démission.
 
AFP/20minutes.fr
 

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