A la suite des menaces proférées contre les travailleurs qui vont désormais observer les mots d’ordre de la Synergie des travailleurs du Togo (STT), le gouvernement, par le truchement du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Octave Nicoué Broohm, a appelé les responsables de la STT à revenir à la table du comité de suivi du relevé de conclusion signé par les centrales syndicales et le gouvernement le 20 février dernier.Les responsables de la STT, notamment docteurs Gilbert Tsolenyanu et Atchi Walla, intervenant dimanche dans l’émission « 12-13 » de la radio Nana FM, ont clairement rejeté cette main tendue du gouvernement.
« Nous avons écouté certains ministres appeler les travailleurs à la patience. Nous leur disons ceci : la patience est une vertu des Dieux, c’est normal parce qu’ils ont devant eux l’éternité. Nous sommes par contre des mortels, nous n’avons pas l’éternité devant nous. On ne peut pas nous inviter à la patience pendant que des gens vivent dans des luxes insolents. Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout de nos revendications », a déclaré Dr Tsolenyanu.
La STT réclame une discussion « be to be » avec le gouvernement comme en 2013
Pour eux, il n’est pas question que la STT se prête encore une fois aux discussions de cette table. S’il doit y avoir des discussions entre la STT et le gouvernement, ce doit être des discussions directes entre ces deux (2) parties, loin des autres centrales syndicales.
« La STT a déposé sur la table du gouvernement une plateforme revendicative et elle est responsable à part entière de cette plateforme. Si d’autres centrales se trouvent toucher par cette plateforme, elles peuvent s’associer, elles ne peuvent pas devenir responsables de la plateforme de la synergie. On demande une discussion be to be entre le gouvernement et nous pour évoluer », a indiqué M. Tsolenyanu.
La pomme de discorde : 6 milliards de francs, selon la STT
Les deux (2) responsables de la STT ont également fait savoir que les travailleurs ne sont pas preneurs des 30 points proposés par le gouvernement. Première raisons avancée, la base de la synergie a rejeté le relevé de conclusion signé le 20 février par les responsables des sept (7) centrales syndicales, dont ceux de la STT et les membres du gouvernement. Aussi, ont-ils souligné, les 30 points d’indice proposés par le gouvernement ne constituent-ils pas un point de la plateforme revendicative. Enfin, cette proposition n’avantage pas la plupart des travailleurs qui sont entrés dans la fonction publique après 2008.
Selon le coordonnateur adjoint de la STT, Gilbert Tsolenyanu, les 280 points réclamés par les travailleurs, membres de la STT, coûteraient à l’Etat togolais une enveloppe de 20 milliards de francs CFA par an alors que les 30 points d’indice proposés par le gouvernement font une masse monétique de 14 milliards par an. « Il y a une différence de 6 milliards entre les deux propositions. Le gouvernement n’est pas prêt à faire une concession de 6 milliards », a-t-il regretté tout en ajoutant de manière caricaturale qu’ « on ne peut pas demander à un mouton de venir corriger la bêtise faite par un cochon ».
Pour étayer cette exigence, la STT se targue de représenter une grande partie des 50.000 fonctionnaires. Gilbert Tsolenyanu n’en veut pour preuve que seul le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (SYNPHOT) compte 8.000 membres actifs et 2.000 sympathisants.
Les menaces du gouvernement ne semblent pas faire peur aux travailleurs de la STT
Pour ce qui concerne les menaces de licenciement du gouvernement à travers trois (3) notes, un courrier envoyé directement à la coordinatrice de la STT et deux circulaires publiées par les ministres de la Fonction publique et des Enseignements primaire et secondaire, les responsables de la STT ont fait également montre de rigidité par rapport à leurs revendications.
Le secrétaire général du SYNPHOT, Dr Atchi Walla, a, d’entrée de jeu, rappelé les textes togolais qui reconnaissent au travailleur togolais le droit de grève, à savoir l’article 39 de la Constitution, les articles 5 et 6 du statut général de la fonction publique et l’article 276 alinéa 2 du code du travail qui dispose qu’aucun travailleur ne peut être menacé de licenciement pour le simple fait qu’il a observé une grève.
« Toutes ces dispositions légales montrent tout simplement que nos autorités usent du pouvoir attaché à leur fonction pour menacer les travailleurs. Dans tous les cas, les travailleurs sont respectueux des textes dans le pays et s’en tiennent à cela. Nous n’imaginons pas un seul instant que sur la terre de nos aïeux, qu’on puisse sanctionner quelqu’un parce qu’il a observé la grève », a-t-il appuyé.
Et son confrère Gilbert Tsolenyanu d’enfoncer le clou en rappelant que l’article 279 du code du travail dispose que « toute contestation relative au droit de grève est tranchée par le tribunal du travail qui statue en référé ».
« De quel droit un gouvernement qui est sous le coup de la loi et qui se veut respectueux de la loi s’arroge le droit de déclarer une grève illégale ? », s’est-il posé comme question avant d’ajouter qu’ avant qu’une déclaration pareille ne soit faite, une injonction du tribunal du travail, ayant vérifié la légalité ou non de la grève de la STT après saisine du gouvernement, doit être notifiée à la STT.
Dans la logique de cette argumentation, la STT va observer un mot d’ordre de grève de trois jours, les 17, 18 et 19 mars prochains, précédée et suivie de sit-in le lundi 16 et le vendredi 20 mars.
Telli K.
source : afreepress