La coalition des 14 partis de l’opposition togolaise ne semble pas manquer d’ardeur dans la contestation du pouvoir de Faure Gnassingbé. Opportunément nourries par des mouvements syndicaux, les manifestations de rue ont pris une ampleur cette semaine, à cheval entre janvier et février, coincés entre des médiateurs désabusés. C’est le Togo en suspension…
Progressivement, les chances du dialogue entre le pouvoir présidentiel et l’opposition togolaise s’éloignent. Des rencontres éventuelles pourront même ne pas aboutir à grand-chose. Un Communiqué imprudent des facilitateurs ghanéens et guinéens, à la limite de la fabrication manipulatoire propre au Togo, a fini par jeter du froid sur la délicate mission de rapprochement des positions.
* En demandant la suspension des manifestations populaires de l’opposition en même temps que de fixer le début des négociations politiques au 15 février 2018, l’équipe des représentants d’Akufo-Addo et d’Alpha Condé a joué avec le feu au point de fragiliser son rôle de médiation. C’est l’une des revendications du pouvoir présidentiel; très maladroitement acceptée par les facilitateurs. Mais rien n’est gagné !
Pour gagner, il faut avoir une cause, si possible noble. Faure Gnassingbé n’a pas de cause au Togo ; ce n’est pas une cause que de vouloir rester au pouvoir éternellement, ou être seul à refuser l’alternance politique parce que l’on dispose une armée clanique. Faure Gnassingbé n’a pas les moyens de sa prétention de légitimité ; le brin de légalité qu’il traîne est une faveur sans cesse décroissante.
L’heure d’un autre Togo a sonné
Le président togolais qui avait des gages à donner sur le sérieux de son désir de recourir à d’autres chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest pour apaiser le climat politique, chez lui, a fini par revenir à son naturel, l’inaction jusqu’à ce qu’une supercherie soit trouvée. Le mensonge politique est naturel dans le camp présidentiel togolais.
* Ce n’est pas pour rien que 25 dialogues n’ont rien donné au Togo et qu’une seule famille s’est emparée du Togo sans jamais envisager une possibilité d’alternance, et surtout penser continuer dans une telle imposture. L’illusion mensongère n’a autant prospéré en politique, ailleurs qu’au Togo.
Au lendemain du dernier Sommet des Chefs d’État de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, à Abuja, les mêmes personnes prétendaient que le Ghana et la Guinée étaient dessaisis du dossier togolais. Nommément le ministre Gilbert Bawara a repris service. La supercherie n’avait pu tenir la route longtemps.
Au sortir du Sommet de l’Union africaine d’Addis-Abeba, il fallait bien réinventer une nouvelle roue de secours mensongère. L’officine du pouvoir présidentiel togolais a jeté son dévolu sur la visite des représentants des chefs d’État du Ghana et de la Guinée au Togo. Un Communiqué d’apparence suspecte et de contenu invraisemblable sera utilisé à cet effet, saupoudré de quelques menaces servies par le même Gilbert Bawara.
Décidément, aucune démarche ferme vers l’avenir n’est toujours pas engagée au Togo. Le Togo de Faure Gnassingbé persiste à marcher sur la pointe des pieds, espérant toujours avoir raison de tout un peuple resté debout avec une lucidité nouvelle et une détermination déconcertante. Malheureusement, les adeptes du changement démocratique au Togo doivent s’attendre à parcourir un long chemin pour retrouver leur dignité confisquée depuis plus de cinquante ans par une seule et même famille, par un seul et même système dépassé par la modernité.
Pierre S. Adjété

Source : Afrique Tribune

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