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Dans cette interview Madame Adjamagbo Johnson approuve les positions de l’UE et du PS qui sonnent le glas pour les souffrances du peuple togolais et montrent à suffisance la légitimité des revendications de l’opposition. Selon elle, la teneur du communiqué de l’UE montre que sa Délégation au Togo fait remonter des informations objectives et c’est à son honneur.
Elle remercie les chancelleries et partenaires du Togo qui s’activent à faire en sorte que la classe politique togolaise se parle franchement. Elle estime que si l’opportunité d’un dialogue se présente, les acteurs politiques doivent saisir l’occasion pour donner à ce peuple des raisons d’espérer. Le Secrétaire Générale de la CDPA espère que l’opposition restera soudée pour obtenir les meilleures conditions pour les élections et qu’elle formera un seul bloc face à l’adversaire commun, c’est le prix à payer pour solder les maux qui rongent le Togo.

1 Est-ce que les lecteurs peuvent mieux connaître madame Adjamagbo-Johnson ?
Je suis juriste de formation. J’ai enseigné le droit à l’Université du Bénin pendant 11 ans, avant d’être recrutée il y a 15 ans comme Coordonatrice pour l’Afrique de l’Ouest d’un réseau panafricain de droits des femmes, dénommé Women in Law and Development in Africa, en abrégé WILDAF. Je mène une vie associative intense ; à ce titre je suis membre fondatrice du GFD2, dont j’ai été la première Secrétaire générale. Politiquement j’ai fait mes premières armes à la Conférence nationale souveraine ; je suis un des membres fondateurs de la CDPA, dont je suis l’actuelle Secrétaire générale par intérim. C’est à ce titre que je suis la Présidente en exercice de la Coalition Arc-en-ciel.
2 Justement comment arrivez vous à assurer la responsabilité de 1ère responsable de CDPA et la présidence tournante de Coalition Arc-en-ciel ?
Rien de plus facile quand, au sein de votre parti, vous êtes entouré de militants solides et quand dans la coalition vous travaillez avec des partenaires ouverts et décidés à faire avancer la cause « Togo ».
3 A propos, votre coalition n’est plus tellement visible aux côtés du « Collectif sauvons le Togo » ces derniers temps. Y a-t-il un problème entre vous ?
Je vous rassure qu’il n’y a pas de problèmes entre la Coalition Arc-en-ciel et le CST. Nous nous voyons et échangeons plus que vous ne le croyez. Depuis les évènements douloureux qui ont frappé les femmes commerçantes et choqué toute la population, nous avons discuté de la stratégie adéquate pour faire face aux arrestations qui ont suivi et qui s’apparentent à des règlements de compte politique. La semaine écoulée, des représentants de nos deux regroupements ont encore travaillé au sein d’une cellule mise en place pour harmoniser nos priorités en matière de réformes afin que nous parlions d’une seule voix lors d’un dialogue futur. Convenez avec moi qu’il s’agit là d’actions hautement stratégiques pour le succès de notre lutte commune. Ces choses ne peuvent êtres visibles et ne doivent pas être clamées sur les toits.
4 On a comme l’impression que vous avez abandonné la lutte au seul CST. Qu’est-ce qui explique ce recul de la Coalition ?
Vous devez comprendre qu’une lutte pour la démocratie est multiforme. La Coalition Arc-en-ciel, pour sa part, a intensifié ses actions auprès des chancelleries. Pour convaincre nos interlocuteurs qu’ils ne doivent en aucun cas abandonner le Togo dans ces moments difficiles, il nous faut beaucoup de réflexion et de doigté. Nous sommes heureux de constater que nos actions conjuguées à celles du CST commencent à porter des fruits, dont nous saurons, j’espère faire bon usage.
5 Pourquoi la coalition a semblé timorée dans sa réaction dans l’affaire des incendies des marchés du Togo ? En fait on ne vous a entendu réagir qu’une seule fois.
J’ai comme l’impression que c’est votre journal qui est timoré dans la recherche de l’information. Dites vous bien que nous avons sorti des communiqués. Me Apévon, Jean Kissi, Pascal Adoko et moi-même sommes montés au créneau sur les médias, notamment sur les antennes de Légende FM, Victoire FM, Fréquence 1, Zéphyr à Lomé, Radio Lumière à Aného, Radio Mokpokpo à Afagnan, Radio Horizon à Tsévié et j’en passe. Personnellement j’ai ouvert ce chapitre lors de la dernière émission du débat africain enregistrée par Rfi à Lomé et plus précisément sur le campus universitaire. Me Apévon s’est constitué pour la défense des responsables et militants du CST interpellés. D’un commun accord avec les dirigeants du CST, nous avons demandé dans l’un de nos communiqués une commission d’enquête internationale et nous n’arrêtons pas de défendre cette position auprès des interlocuteurs pertinents. Vous trouvez tout cela timoré ?
5 Le Parti socialiste au pouvoir en France vient de désavouer les autorités togolaises qui font entrave à la démocratie. Etes-vous satisfaits de cette prise de position du PS ?
Bien sûr que nous sommes satisfaits. Nous n’en attendions pas moins des socialistes français dont nous savons l’attachement à la démocratie, une valeur chère à l’Internationale socialiste, à laquelle appartient la CDPA depuis plus de 20 ans.
6 L’une des exigences du PS et de l’Union Européenne à l’endroit du pouvoir, est l’ouverture d’un dialogue sincère avec l’opposition en vue des élections législatives transparentes. Comment accueillez-vous une telle proposition ?
Nous ne pouvons qu’approuver ces positions de l’UE et du PS qui sonnent le glas pour les souffrances du peuple togolais. Elles viennent conforter l’opposition et montrent si besoin en était encore, la légitimité de ses revendications. Je tiens à exprimer ici les félicitations d’Arc-en-ciel à l’Union européenne dont la position ferme a certainement influencé celle du PS. La teneur du communiqué de l’UE montre que la délégation de cette institution au Togo, fait remonter des informations objectives sur la situation du pays et c’est tout à son honneur. C’est le lieu de remercier aussi les autres chancelleries et partenaires du Togo, qui s’activent à faire en sorte que la classe politique togolaise puisse enfin se parler franchement. Si une telle opportunité de dialogue se concrétise, la classe politique doit la saisir pour donner à ce peuple des raisons d’espérer.
7 Selon vous quel doit être le profil de ce nouveau dialogue ?
Sobriété, sérénité, franchise en vue d’une efficacité et dans l’intérêt des populations qui attendent que la classe politique prenne ses responsabilités en vue de sortir le pays dans l’impasse dans laquelle il se trouve. La perspective d’un consensus sur les réformes politiques serait en elle même déjà un grand soulagement pour nos compatriotes, mais aussi pour les opérateurs économiques qui ont besoin que certaines conditions minimales soient réunies afin qu’ils puissent continuer à investir sereinement dans nos pays.
8 Sans le dialogue, l’UE n’entend pas financer les élections. Cela vous agrée ?
A quoi servirait-il de financer des élections qui aboutiraient fatalement à des contestations, puis peut être à la violence ?
9 Votre message particulier à l’endroit du peuple togolais ?
Mon message pour le peuple togolais sera inspiré par le Pape Jean Paul 2 et le Président Obama. Je voudrais dire à mes compatriotes n’ayez pas peur ! Dieu est présent dans les vicissitudes concrètes de notre marche vers la démocratie. Quelles que soient les difficultés, nous devons rester déterminés à faire des futures échéances électorales législatives couplées avec les locales, une avancée qualitative vers l’alternance en 2015. L’espoir est encore permis. Yes we can ! Pourvu que nous restions soudés pour obtenir les meilleures conditions et que nous formions un seul bloc face à l’adversaire commun. C’est la solution de fond, la seule, à tous nos maux. C’est à cela que nous nous engageons à Arc-en-ciel.
Interview réalisée par PAFILUCE et publiée dans L’intelligent n°23 du lundi 18 février 2O13.

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