L’opposition va-t-elle maintenir son appel à manifester pendant trois jours contre le président Gnassingbe qui veut se maintenir au pouvoir ? Les heures qui viennent sont très attendues, à Paris comme sur le continent.
On se souvient de ce qu’avait dit Emmanuel Macron à Abidjan il y a deux semaines : « je souhaite que le peuple s’exprime librement, je souhaite aussi un processus électoral qui permette une confirmation démocratique ou une alternance au pouvoir ». Pas très clair. La vérité c’est que cela fait des mois que l’opposition togolaise manifeste afin que le président retire son projet de référendum pour adopter une limitation des mandats présidentiels dans le temps. Sauf que le président refuse évidemment d’appliquer cette réforme à lui-même alors qu’il en est déjà à son troisième mandat, au terme de scrutins entachés de fraude. Faure Gnassingbe, qui dirige le pays depuis 2005 donc, est le fils de son père, le général Eyadema, 38 ans au pouvoir après s’en être emparé par un putsch et en ayant fait assassiner le premier des opposants dans le pays.
Pourquoi cette crise est-elle si importante ?
Parce qu’elle sert de modèle à d’autres pays africains et que tout le monde aimerait bien savoir si elle va se résoudre pacifiquement. Au Cameroun avec Paul Biya, au Tchad avec Idriss Deby, au Congo-Brazzaville avec Sassou N’Guesso ou au Congo-Kinshasa avec Joseph Kabila, on a affaire à autant de présidents qui c herchent à se maintenir au pouvoir, en imposant un changement de la Constitution. Or, tous sont là depuis plus de vingt ans, avec plus ou moins de succès et avec des oppositions qui aspirent à l’alternance pour faire valoir leurs idées et leurs compétences. La peur de l’instabilité est telle que le sommet régional de la CEDEAO qui devait se tenir à Lomé samedi prochain a été délocalisé à Abuja au Nigéria.
Qui peut aider dans cette phase importante pour l’image de l’Afrique ?
Certainement pas la France qui espère en avoir fini avec sa réputation néocoloniale mais un peu la France quand même qui encourage des médiations afin que les choses se passent calmement. Par exemple avec le président guinéen Alpha Condé qui vient de réunir les opposants togolais à Paris pour tenter de trouver des compromis de négociation. Mais le temps presse et rien ne serait pire que de retomber dans les bains de sang post-électoraux du passé.
Par François CLEMENCEAU

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