Namoro Karamoko

Pour la jeune génération c’est à la conférence nationale de juillet-août 1991 qu’elle découvre ce personnage. Namoro Karamoko, à 79 ans, doyen d’âge de ces assises nationales, fut élu président du bureau provisoire de la conférence, fit un retour spectaculaire au-devant de la scène politique nationale. Président du présidium, Namoro Karamoko avait pour secrétaire le jeune Assogba Kokou, 16ans à l’époque, le plus jeune conférencier, aujourd’hui fonctionnaire dans une société de la place et Brigitte Kafui Adjamagbo, rapporteur, connu sous le pseudonyme  »le président me charge de vous dire ».

Namoro Karamoko, ancien dignitaire du régime Sylvanus Olympio, natif de Mango, dirigea les travaux avec brio bien qu’avec le poids de l’âge et son acuité visuel diminuait ce qui lui occasionnait des difficultés à entendre. Néanmoins, il a dirigé les travaux avec responsabilité et fermeté jusqu’à l’élection du bureau définitif présidé par le prélat Mgr Philippe Fanoko Kpodjro.

Ancien ministre de l’Agriculture du gouvernement de Sylvanus OLYMPIO, Namoro Karamoko est né en 1912 à Sansané-Mango, dans une famille musulmane du grand nord du Togo.

Après ses études primaires à Mango, puis le Cours complémentaire à Lomé, il intègre la très célèbre Ecole William Ponty de Dakar qu’on intégrait par voie de concours.

Après cette formation, Namoro Karamoko fut affecté comme enseignant d’abord à Dapaong où il eut notamment comme élèves les dignitaires du régime UNIR que sont les Ogamo Bagnah et Barry Moussa Barqué.

Après donc Dapaong, Namoro Karamoko fut en poste à Bafilo où, militant discret mais très actif du CUT auquel il avait adhéré entre-temps, il comptait, en tant qu’enseignant, parmi les pivots sur lesquels le parti avait appuyé sa structuration dans la région septentrionale du Togo.

Lorsque survinrent les élections du 27 avril 1958 alors que Karamoko était instituteur à Bafilo, il les supervisa de façon remarquable comme délégué du CUT.

Cette attitude exemplaire, qui fut rapportée à Sylvanus OLYMPIO, lui a valu une telle admiration à son endroit qu’après la victoire des nationalistes à ces élections législatives, Sylvanus OLYMPIO lui fit donc appel pour occuper le Ministère de l’Agriculture dans le gouvernement que le Haut-Commissaire Georges Spenale l’appela à former, le comptant ainsi parmi les originaires de la région septentrionale du Togo en qui il avait une confiance totale pour leur confier de hautes responsabilités.

Il occupa donc le portefeuille du ministère de l’Agriculture jusqu’à l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO le 13 janvier 1963. Et tout, comme les autres ministres alors en fonction, sauf deux d’entre eux, Namoro Karamoko fut arrêté et sauvagement torturé jusqu’au coup d’Etat du 13 janvier 1967 suite auquel il ne fut libéré qu’après la prise du pouvoir par Eyadéma, le 14 avril 1967.

Après sa libération, il retourna à l’enseignement mais fut affecté comme directeur à l’Ecole de la Poudrière, à Lomé, tout en assumant l’accomplissement de tâches techniques au sein de son ancien ministère jusqu’à sa retraite qu’il prit en 1968.

Peu avant cette retraite, il aura à nouveau connu les affres de la prison en 1967. Lors d’une visite que Ayité Gachin Mivedor lui a rendue, il exprima son opinion au sujet du coup d’Etat de 1967 en lui disant en substance : « Ils disent avoir pris le pouvoir en faisant un coup d’Etat ; on va voir ce qu’ils vont en faire… » Pour des propos si anodins qui furent rapportés à qui de droit, il fut arrêté et déféré à la tristement célèbre Prison civile de Mango sans que sa famille n’en soit même informée puis mis à la diète noire, privé de nourriture et d’eau, pendant une semaine. Il n’accepta de revenir à Lomé, en 1991, qu’à la demande expresse du Docteur FIADJOE, cet autre dirigeant nationaliste qui le fit inclure dans la liste des dignitaires du régime OLYMPIO à inviter pour la Conférence nationale de juillet – août 1991. Resté fidèle aux idéaux du nationalisme togolais dont il n’a cessé d’être une des personnalités marquantes, Namoro Karamoko,  est décédé en août 1993, peu avant la mascarade d’élection présidentielle du 25 août 1993 par laquelle GNASSINGBE Eyadéma s’était à nouveau maintenu au pouvoir.

C’est à ce personnage que le conseil municipal de Golfe 4 a voulu immortaliser en donnant son nom à la rue Koumoré, qui passe devant la SGGG allant vers l’hôtel Palm-Beach.

Togoscoop avec mivepédia (titre légèrement modifié)

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