Le maire de la commune Golfe 4 à Lomé Jean-Pierre Fabre a décidé de rebaptiser treize boulevards, avenues et rues dans sa commune. 

Le boulevard du 13 janvier  devient Boulevard Sylvanus Olympio, et les avenues de la Libération, du RPT, et Maman N’Danida, reçoivent respectivement l’appellation, Avenue de l’Indépendance, du 27 avril et Amoutiévé. Enfin, entre autres Rue Bassar devient rue Jacob Adjallé, Défalé devient Rue Apétovia Kodjovia de Souza, Adabawèrè est rebaptisée rue Pasteur Raéta.

Certains ont apprécié positivement la décision, d’autres parlent de tribalisme😊 et de provocation.

Je ne suis pas contre l’acte mais en l’analysant avec certains pesanteurs de notre vie politique, la décision devrait être beaucoup plus politique que juridique. Politique, dans la mesure de susciter une adhésion collective aussi bien auprès des autorités du pouvoir central que de sa mairie, adhésion collective en vue d’en faire un évènement historique réconciliateur.

Par ailleurs, je ne crois pas que ce soit du courage mais plutôt un manque de discernement d’une part, et une stratégie politique de reconquête sympathique de son électorat sur des périodes controversées  de notre histoire.

Au premier point : avoir une adhésion politique collective sur de nouvelles dénominations de ces rues citées plus haut, aiderait à renforcer davantage le processus de réconciliation nationale toujours en cours au Togo et qui se vit autrement à travers le cadre permanent de concertation. Les actes posés aujourd’hui par consensus protégeront davantage notre avenir politique. La lecture immédiate de cette décision pourrait sans doute donner raison à ceux qui pensent que « dès que l’opposition aura le pouvoir, elle mettra un gros trait sur tout ce qui est lié au parti    Rpt ou Unir. Ils effaceront  cette mémoire. »

Ah oui une portion de pouvoir à la base, et déjà on veut tout nettoyer.

Demain, ceux qui viendront aussi, voulant prendre la revanche, toiletteront peut-être les choses en leur faveur. Rebelotte !

Au second point: le numéro 1 de l’Anc a besoin de susciter un débat politique d’intérêt général qui pourrait l’aider à reconquérir la grande sympathie de ses militants et bien d’autres personnes qui entre-temps, ont pris de la distance.

 Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance est un choix parfait. L’homme, malgré des écarts politiques à lui reprocher,  son engagement pour l’indépendance du pays et sa mort dramatique sont fortement gravés dans la mémoire des togolais. Arriver à baptiser un boulevard en son nom, après le CHU Tokoin, est une victoire pour l’Anc sur l’Ufc, mieux sur Gilchrist Olympio. Mais ce sera une victoire circonscrite, parce que demain, les nouveaux décideurs pourraient vouloir refaire les choses.

Une seule leçon : chaque décision liée à notre passé paradisiaque ou dramatique devra être suffisamment mesurée par rapport aux forces en présence et aux  impacts  sur l’unité nationale à l’avenir.

Le débat est ouvert dans le respect mutuel.

@Eli Goka-Adokanu, Journaliste.

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