« La plupart des relations humaines sont empoisonnées par le défaut de sincérité. La parole n’y est point l’interprète du cœur, la parole n’en est que le masque qui le cache et qui le déguise » – Jean-Baptiste Massillon
 
Caricature : Donisen Donald / Liberté
Caricature : Donisen Donald / Liberté


Le 30 juin 2014, sous les yeux incrédules des Togolais, les députés UNIR avaient rejeté en bloc le projet de réformes constitutionnelles déposé par le gouvernement à l’Assemblée nationale.
 
C’était d’autant plus surprenant et incompréhensible que ces réformes avaient été annoncées par le Premier ministre d’alors, Arthème Ahoomey-Zunu dans sa déclaration de politique générale devant cette même Assemblée nationale quelques mois plus tôt. Et alors même que ces réformes reprenaient très largement les conclusions du Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC). Les députés UNIR, par ce vote, avaient repoussé une nouvelle fois la mise en œuvre de l’Accord politique global (APG) signé par l’ensemble des forces politiques en 2006, alors que les Togolais pensaient toucher enfin au but. Ces réformes étaient indispensables puisqu’elles devraient contribuer au règlement juste et durable de la crise sociopolitique qui mine le Togo.
 
Loin de se décourager, l’opposition, le CAR et l’ADDI avaient co-initié une première proposition de loi qu’ils ont soumise à l’Assemblée nationale. Mais après trois jours d’étude et de discussions en commission de la proposition de loi, un blocage a été créé. « A l’analyse, ce blocage est lié à la position intransigeante du Parti UNIR qui pose comme préalable à l’obtention d’un consensus, la garantie que l’opposition accepte une disposition pour « mettre la pendule à zéro » afin que le chef de l’Etat actuel dispose de la possibilité de briguer encore deux autres mandats. Cette position n’a pas varié d’un iota malgré une proposition intermédiaire conciliante faite par ADDI et le CAR », avait révélé à l’époque le président de l’ADDI, Prof Aimé Gogué. Il est arrivé à la conclusion que l’UNIR ne veut pas des réformes et adopte en conséquence une position qui est de nature à compromettre dangereusement les recommandations de l’APG, de la CVJR et le souhait de la majorité écrasante des populations togolaises.
 
Bien avant ces projet et proposition de loi, le dialogue (appelé dialogue Togotélécom) initié sous l’égide de Mgr Nicodème Barrigah, toujours dans le cadre des réformes politiques avait connu un échec patent à cause de l’attitude puérile des membres de la délégation de l’UNIR qui avaient décidé de jouer aux sourds muets de la République en répondant par le silence quand on leur donnait la parole. « Cette attitude intransigeante frise la provocation et le mépris pour le peuple tout entier qui attend ces réformes depuis 2006 », avait fustigé le président de l’ADDI.
 
Malgré ces faits indéniables, les courtisans et intrigants du régime, animés par une mauvaise foi notoire ont occupé à grands frais l’espace médiatique pour proclamer haut et fort que c’est l’opposition, notamment l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre qui ne voulait pas des réformes. Malgré les diverses manifestations organisées, ce parti et ses alliés pour exiger l’application des réformes.
 
Aujourd’hui ceux qu’on dit ne vouloit pas de réformes viennent de soumettre une nouvelle proposition de loi au parlement. Une belle occasion de tester la bonne foi de Faure Gnassingbé. Tous les Togolais sauront désormais qui a peur des réformes, qui est de bonne foi et qui ne l’est pas. Mais si par extraordinaire, Faure Gnassingbé qui, depuis 10 ans, use des manœuvres dilatoires pour repousser les réformes, les accepte cette fois-ci, les griots qui ont toujours soutenu leur champion dans son refus de faire les réformes, trouveront des arguments tout aussi convaincants, la grandeur et la lucidité de l’homme d’Etat.
 
Source : Médard Amétépé, Liberté
 

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