« Si vous avez fait quelque chose de bien, ne restez pas là-dessus. Passez à la suite et faites autre chose de merveilleux » – Steve Jobs
La destitution du super ministre de l’Economie et des Finances, Adji Otèth Ayassor lundi dernier était un véritable pavé dans la mare. Grande fut la surprise des Togolais. Plus grand encore l’étonnement de l’intéressé lui-même. Le lundi 1er août 2016 était un jour ordinaire comme on en vit au royaume des Gnassingbé, avec son train-train quotidien, son lot de misère, de pauvreté et de désespoir sur les visages desséchés de la grande majorité des Togolais préoccupés par leur survie quotidienne.
Rien, absolument rien ne présageait du séisme de magnitude 9 sur l’échelle de Richter au ministère de l’Economie et des Finances. Cette éviction d’Ayassor a évincé le reste de l’actualité dans le pays. Les réseaux sociaux se sont emballés. Dans l’euphorie, certaines personnes qui ne portent pas le jeune président dans leur cœur, lui ont tiré chapeau pour cette audace.
Les Togolais ne se sont pas encore remis du scandale de « Panama Papers » qu’on apprend que le désormais ex-ministre de l’Economie s’était bâti un empire financier. Pendant les 10 ans qu’il a fait à ce poste- un record-, on prête à « Monsieur Commissions », comme certains l’appellent, pour sa propension à percevoir des commissions sur tous les contrats signés, une fortune inestimable qui dépasserait le budget de l’Etat. En tout cas, si les few happy au pouvoir ont besoin d’un baromètre pour mesurer leur degré d’impopularité au sein de l’opinion, la déchéance d’Ayassor en est la parfaite illustration.
Passé le temps de la surprise, l’opinion appelle à nettoyer les écuries d’Augias, faire le ménage au sein de cette camarilla qui a mis des pans entiers de l’économie en coupes réglées. Il est vrai que c’est sur le tout puissant ministre Ayassor que sont braqués tous les projecteurs. Loin de nous toute, idée de le dédouaner, que celui qui dans cette clepto-oligarchie institutionnalisée n’a jamais péché, lui lance la première pierre. Ils sont tous autant coupables que lui.
Adji Otèth Ayassor seul ne devrait pas être sacrifié pour la rémission des péchés des autres. Pour certains, tout le monde doit rendre le tablier à commencer par le N°1 togolais qui est à la tête du hit-parade de la minorité pilleuse. Sous la botte d’acier des nouveaux-riches créés par le système, notre pays n’a cessé de s’enfoncer inexorablement.
C’est effarant et terrifiant que dans cet océan de misère imposé par la minorité aux Togolais, certains se soient constitué un tel trésor. Le 26 avril 2012, Faure Gnassingbé confessait qu’une minorité a accaparé les richesses du pays au détriment du plus grand nombre. « Il est véritablement choquant de constater que dans un Etat, les biens soient accaparés par quelques riches qui deviennent davantage riches au détriment des plus pauvres qui deviennent davantage pauvres », s’indignait le clergé catholique. C’est depuis plus de cinq ans que les Togolais attendent désespérément que Faure Gnassingbé prenne des actions hardies pour faire le ménage autour de lui.
Le tout-puissant Ayassor vient de tomber, c’est bien. Il y a certains membres du gouvernement éclaboussés par le scandale de « Panama Papers » comme le Premier ministre Selon Klassou et d’autres têtes de turc préférées des Togolais qui ne méritent plus leur place dans l’exécutif. Il est temps pour Faure Gnassingbé de prendre ses responsabilités.
Source : Médard Amétépé, Liberté