Située sur la Rue des Mirabelles, à Dogbeavou, un quartier excentré de Lomé, la Maison de la presse du Togo n’est plus à présenter. Non seulement elle n’est pas aussi flamboyante et grande, comme celle de Dakar au Sénégal et de Bamako au Mali, mais aussi l’image qu’elle offre n’est pas si attrayante dans le paysage médiatique.
Depuis les années 90, la presse togolaise continue de jouer avec efficacité un rôle pondérant dans la marche du pays vers la démocratie. Mais c’est un véritable parcours du combattant pour une corporation qui broie du noir. C’est difficilement que les organes de presse arrivent à survivre. Les professionnels des médias vivent au quotidien une vie de débrouillard. Avec la précarité, la mévente, certains qui n’arrivent pas à tenir le coup d’une santé financière très fragile, ont préféré mettre la clé sous paillasson. D’autres paraissent irrégulièrement. Du coup, la presse togolaise ne nourrit pas ses hommes comme ailleurs.
Cette incursion dans les entrailles entériques du quotidien de la presse togolaise permet de comprendre la descente aux enfers de la Maison de la presse. Depuis son inauguration en 2007, alors qu’elle est un cadre de travail dédié aux journalistes, la Maison de la presse ne répond pas aux aspirations. Secouée entre-temps par des affaires de malversations, elle va mal, malgré les initiatives de l’actuelle équipe dans son dynamisme de lui redonner un « nouveau souffle », un « nouveau visage ». Les moyens font défaut. « SOS, sauvons la Maison de la presse », c’est le cri de détresse lancé à l’époque par L’Alternative dans l’une de ses parutions.
Aujourd’hui, la Maison de la presse est dans la détresse. Dans un environnement peu reluisant, dans un gouffre de morosité, elle fonctionne au ralenti. Le défaut d’entretien se fait perceptible. Des armoires en bois qui comportent les casiers essaient de survivre à l’épreuve du temps. Rongées par des fissures avancées, exposées à la merci du chaud soleil et aux intempéries, elles sont déteintes. La situation se dégrade, visiblement. Tout laisse voir que la Maison de la presse souffre du déficit d’un budget conséquent pour supporter ses nombreuses charges. Plusieurs mois sans salaires, le personnel est essoufflé. Et pourtant, c’est un centre d’excellence avec des programmes de recherches en médias avec des productions mises à la disposition des professionnels qui assurent des services d’appui à la formation et au perfectionnement des journalistes. Pour cela, elle devrait être dotée d’un budget conséquent.
En 2012, en prenant la tête du Comité de gestion, l’équipe que dirige Honoré TchalimBlao s’est nourrie de bonnes intentions. « Nous avons besoin du soutien de tous les acteurs pour atteindre l’objectif qui nous est assigné, que ce soient l’Etat ou les partenaires en développement et toute la corporation des professionnels des médias et de la communication. Nous allons donner un nouveau souffle et un nouveau visage à la Maison de la presse pour offrir un service adéquat à tous les médias », avait-t-il déclaré lors de la présentation de son équipe à la presse. L’ambition est noble. Mais le souci du gouvernement est tout autre. Offrir au pays une Maison de la presse digne de ce nom et accompagner le Comité de gestion dans l’atteinte des objectifs ne font pas partie des priorités du pouvoir cinquantenaire qui préfère commander à coup de millions des articles dans des journaux étrangers.
Ailleurs les Maisons de la presse roulent sur des budgets énormes. Ils sont dans l’ordre des centaines millions prenant en compte des activités et des programmes de l’année.
En écrivant cet article, l’intention n’est nullement de fustiger les responsable du Comité de gestion, ni de faire un procès du bilan de parcours. Il est question de lancer un SOS pour sauver notre Maison de la détresse.
Source : L’Alternative No.721 du 24 juillet 2018
 

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