« Tout est verrouillé. Le parti au pouvoir est omniprésent, il contrôle l’armée et toutes les instances de décision. Donc pas vraiment besoin de réprimer, ça marche tout seul » (Jean-Marc Four)

Le Togo des Gnassingbé est un pays atypique. C’est l’une des plus vieilles dictatures sur le continent où la dynastie Gnassingbé règne sans fin. Le père a dirigé le pays d’une main de velours pendant 38 ans. Le fils qui a pris sa place au trône est à son quatrième mandat. Le système est verrouillé. La dictature se renforce, se durcit de jour en jour. En témoignent les différents rapports accablants sur la situation des droits de l’Homme, l’indice de perception de la corruption, de la démocratie, etc.

Le dernier rapport en date qui éclabousse le régime autoritaire togolais est relatif au classement de Civicus Monitor qui évalue l’état de la liberté d’association, la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique, les trois piliers de l’espace civique. Le rapport est sans équivoque, l’espace civique au Togo est fortement restreint. Notre pays est hissé dans le Top 5 des pays répressifs au monde, au même rang que la Russie, la Birmanie, le Nicaragua et la Pologne. Civicus Monitor met en relief les restrictions des libertés publiques au Togo, le musèlement de la presse, la persécution des syndicats, la détention et la poursuite arbitraires des défenseurs des droits humains, des leaders politiques et militants de l’opposition, etc.

A son tour, c’est l’ONU qui jette un pavé dans la mare des autorités togolaises. Le Secrétaire Général Antonio Guterres, devant le Conseil des droits de l’Homme a pointé du doigt plusieurs Etats qui surfent sur la crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus pour baïllonner les médias et les opposants. Même si le big boss de l’ONU a fait dans la diplomatie en ne citant pas de noms, chaque pays pourra s’y reconnaître. Comme le Togo de Faure Gnassingbé. Tellement la description faite va à certains pays comme un gant.

« Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales», s’est offusqué Antonio Guterres.

Hostile à toute ouverture démocratique, la crise sanitaire devient un prétexte honteux pour le régime répressif togolais pour restreindre les libertés publiques. Au Togo, il est quasi-impossible aujourd’hui d’organiser des manifestations. L’espace civique est fort étouffé. Partis politiques, syndicats, associations professionnelles, organisations de la société civiles, etc. ne sont plus autorisés à organiser des rassemblements, ou sont carrément réprimés comme ce fut récemment le cas des enseignants à l’Université de Lomé.

Bien avant la pandémie, c’était la menace djihadiste qui avait été brandie par les autorités pour imposer des restrictions des libertés et opprimer les Togolais. En réalité, echaudé par les vagues de manifestations à travers tout le pays lors de la crise sociopolitique de 2017 qui ont ébranlé son régime, Faure Gnassingbé a prétexté la menace sécuritaire pour barricader son pouvoir. La loi sur les manifestations a été bidouillée il y a deux ans par l’Assemblée monocolore pour corser et restreindre les libertés publiques.

Dans la logique toujours d’opprimer les Togolais, après avoir traqué comme des gibiers les enseignants regroupés au sein du SET et dissous finalement ce syndicat, le gouvernement de Victoire Dogbé en remet une couche en proposant une modification des conditions et modalités de créations des organisations syndicales et du droit de grève. Jusqu’où Faure Gnassingbé et Victoire Tomegah-Dogbé iront-ils dans la restriction des libertés fondamentales au Togo ? Nommée fin septembre 2020 à la primature, l’égérie de Faure Gnassingbé, toute émue et excitée, avait embouché la trompette pour annoncer aux quatre vents qu’elle veut « gouverner autrement ». Est-ce de cette manière qu’elle entend gouverner de manière différente en opprimant, en asservissant les Togolais ? En tout cas, allons-y seulement !

Médard AMETEPE / Liberté N° 3335 du 25-02-21

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