A Tsévié-Kpoglomé, une situation d’affrontement physique est à craindre. Si rien n’est fait, elle pourrait conduire à mort d’hommes, au regard de la détermination de la collectivité Zomayi (elle regroupe également les familles Kpéti, Bissou-Atsu) décidée à rentrer dans ses droits.
Vendredi 04 novembre, les propriétaires des terrains sur lesquels s’érigent les bâtiments d’une usine et d’une station d’essence ont fait une descente sur le lieu. Ils ont ordonné aux ouvriers de cesser les travaux (une descente qui fait suite à celle qui a eu lieu le 06 juillet 2016) et affirment se conformer à une décision de justice qui les oppose à Sitou Djima à qui les héritiers de Figgah (celui-ci aurait acquis frauduleusement des terrains à Tsévié-Kploglomé, NDRL) ont vendu les lots de terrain.
En effet, les documents brandis témoignent. Le Tribunal de première instance de Tsévié, dans une décision N°594/2015 rendue le 26 octobre 2015, a ordonné la cessation des travaux. Et sur la base de cette ordonnance, le 19 avril 2016, le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tsévié a, à son tour, prononcé une réquisition afin de la faire respecter. Autant de faits juridiques qui fondent la démarche de la collectivité Zomayi qui n’a pas fini de livrer, au péril de sa vie, son combat de retrouver ses terrains.
Mais au Togo, une décision de justice est une chose. S’y conformer est également une autre. Car, malgré les décisions de justice, les travaux évoluent sur le terrain litigieux, parfois sous la bonne garde des forces de l’ordre. « Quand nous avons demandé aux ouvriers de partir, les gendarmes et les policiers sont arrivés pour que le travail se poursuive. Pourtant, il y a une ordonnance de cessation des travaux qui a été rendue et qui leur a été signifiée. Ils ne veulent pas respecter les décisions de justice », s’indigne un membre de la collectivité Zomayi.
Les « acquéreurs » comptent sur certains appuis et foulent aux pieds des décisions de justice comme l’ordonnance N°477/2016 du 29 juillet 2016. « Nous, Bayetin Yobé, Président du Tribunal de première instance de Tsévié (…) ordonnons la cessation de tous les travaux de construction effectués sur le domaine rural litigieux d’une contenance de 72 ha et 77 ca par les requis ainsi que tous les occupants de leur chef et la confiscation des outils de travail des ouvriers, avec l’assistance de la force publique en cas de besoin ». Mais les propriétaires du terrain sont loin d’abdiquer. « Nous sommes indignés de voir qu’ils sont en train de poursuivre les travaux. Nuit et jour, ils travaillent. Nous avons compris qu’ils cherchent à nous mettre devant le fait accompli, mais je peux les assurer que le terrain nous appartient et nous allons le récupérer, même au prix de nos vies », a affirmé un autre membre de la collectivité.
A ces terrains litigieux, s’ajoutent des hectares (144) « acquis » par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ils sont visibles par les piquets portant les indications de la CNSS par endroits du bâtiment et de la station d’essence litigieux. Tout comme pour ces édifices, la collectivité ne se reconnaît pas dans la vente des terrains « appartenant » à la Caisse nationale de sécurité sociale. Des accaparements sur fond de trafic d’influence et d’abus d’autorité qui fondent l’indignation de la collectivité qui dit défendre les terrains de ses aïeux jusqu’ à sa dernière goutte de sang.
Les terrains de la colère
Au commencement était un Allemand surnommé « Monsieur teck ». Il découvrit un endroit broussailleux et il entreprit d’y développer une plantation de tecks. C’était dans les années 1945. Il était assisté de Figgah (originaire d’Agoè) qui servait d’intermédiaire entre lui et les populations. Mais « Monsieur teck » ne verra pas ses plants. Rentré en Allemagne pour revenir, les populations apprendront plus tard sa mort par empoisonnement. Et ce fut à la suite de ce décès (les populations soupçonnent la main de Figgah) que ce dernier entra en scène. Il se prit pour le propriétaire des terrains, au grand dam des autochtones. Il mourut plus tard et ce sont ses héritiers qui revendiquent aujourd’hui les terrains et se mettent à les « dépecer ». Ils ont vendu des hectares à Sitou Djima et à un certain Djobo Bachirou.
Pour la collectivité Zomayi, aucune de ces personnes n’est propriétaire légitime de ces hectares, les terrains lui appartiennent. Une reconnaissance approuvée par Abbé Louis Kossi, chef traditionnel de Tsévié. C’est pourquoi les populations sont très remontées contre le pouvoir qui, visiblement, laisse faire et attend jusqu’à ce que mort s’en suive pour déplorer les pertes de vies humaines avant de prendre les décisions qui s’imposent et qui, espèrent les membres de la collectivité, les rétablissent dans leurs droits.
A suivre.
Source : L’Alternative
lomévi (www.togoactualite.com)