Il n’est pas de notre habitude d’être alarmiste, mais certains signes nous y obligent. Depuis que le Parti National Panafricain s’est révélé comme une menace pour la survie du régime cinquantenaire le 19 août dernier, les cadres de cette formation sont dans l’œil du cyclone. Il vous souvient les conditions dans lesquelles le SG de la formation a fait la prison. Malgré son état de santé, il a purgé la peine qu’il a plu aux bourreaux du peuple togolais de lui infliger. Sorti affaibli des lieux de détention, il a dû se rendre à Paris pour un contrôle médical digne de ce nom.
Il est revenu par la suite pour combler le vide laissé par son président, lui aussi obligé de se faire discret pour des raisons de sécurité. Pendant un mois de séjour parisien, le Dr Sama, Secrétaire Général du parti du cheval, a été hébergé au domicile d’un grand ami, l’ainé Massémé. Il est le fils au frère de l’ancien ministre Kokouvi Masseme. L’ancien Ministre est à cheval entre l’occident et le Ghana où il excelle dans l’agriculture moderne et emploie une grande main-d’œuvre dont des Togolais. Alors qu’il s’est déjà effacé de la vie politique au Togo pour s’occuper de son entreprise agricole et qu’il n’a aucun souci avec l’autorité ghanéenne, il a vu son domicile au Ghana visité par des barbouzes en cagoule et armées jusqu’aux dents. Toute la maison a été passée au peigne fin. Rien n’a été emporté, mais les occupants étaient terrorisés par le caractère violent de la fouille à laquelle la maison a été soumise. Dans les périodes où cette violation de domicile s’opérait, le journal en ligne ‘’La lettre du Continent’’, un organe au service du plus offrant et donc des dictatures surtout africaines, comme une façon de publier le faux pour obtenir le vrai, spéculait avec des informations de bas étage sur le leader du PNP. Il insistait notamment sur la présence de Tikpi Atchadam au Ghana. Une façon de pousser le monsieur à sortir de son mutisme afin d’être localisé.
Dans l’impossibilité de le repérer, les barbouzes du régime étaient au moins convaincus que, si Tikpi doit se cacher, ça ne pouvait être qu’au Ghana. Et si son SG a déjà séjourné au domicile d’un Masseme à Paris, il a de fort chance que lui-même trouve refuse au domicile de l’autre Massemé de la Gold-Coast. Voilà qui justifie la visite musclée de ce domicile. Toujours à la trousse du leader du PNP, à une certaine sphère de prise de décision, trois chefs des milices, dont nous gardons les noms, ont pris sur eux de ramener Atchadam au pays mort ou vivant. Au début, c’est directement de leur patron qu’ils recevaient l’argent et l’armement pour se lancer à la recherche de Me Tikpi à chaque fois qu’il est localisé dans un environnement donné. Cette recherche est devenue un business pour les miliciens et les militaires qui les venaient en appui. Mais la prise se fait toujours attendre. Fatigué de débrousser les sous et de faire sortir les armes, leur patron a confié ce rôle à une femme qui se charge présentement de financer la recherche du maquisard. La dictature cinquantenaire n’est pas à son coup d’essai, on se souvient comment des opposants se sont déjà éteints.
Pas plus tard qu’il y a quelques jours, des informations de plus en plus sérieuses font état de menaces réelles sur monsieur Ouro-Djikpa Tchatikpi. Ce dernier a été, pendant longtemps, le représentant du PNP à la coalition et au dialogue avant d’être tout récemment remplacé par le SG revenu de son séjour européen. Le leader du PNP est caché, mais son absence n’empêche pas à ses lieutenants dont Ouro Djikpa de continuer par tenir la dragée haute avec les autres membres de la coalition en lutte pour le changement. Le PNP est resté donc inaltérable dans ses revendications pour la libération du peuple. Si le laboratoire de la dictature peut d’une façon ou d’une autre se débarrasser de ses lieutenants qui continuent par se faire trop audacieux, où est son mal ?
Peu après monsieur Ouro Djikpa, les menaces viennent de s’étendre à Mohamed Ndanky. Lui c’est l’Américano-Togolais qui vient d’être libéré de la prison civile de Lomé avec ses trois codé- tenus avec qui il a été pris dans la périphérie Est de la capitale. Il lui est reproché d’avoir participé à des marches dans son Bafilo natal. Citoyen américain, il y séjourne depuis une vingtaine d’années. Mais il est d’abord togolais avant de devenir américain. De temps en temps, il revient au pays comme le font d’ailleurs toutes les doubles nationalités qui se retrouvent aussi bien dans les rangs des opposants que des partisans du RPT-UNIR. Mais la dictature estime que c’est un crime de lèse-majesté pour Mohamed de s’intéresser à la vie politique de sa terre. Au nom de ce ‘’crime’’, il est arrêté un soir au volant de sa voiture avec deux de ses frères. Une fois qu’il est découvert qu’il était aussi Américain, au SRI, il lui est proposé d’accepter être libéré seul et de quitter immédiatement le pays pour sa terre d’accueil.
Mais il refuse et exige à être libéré avec les deux concitoyens arrêtés avec lui. C’est ainsi qu’il est déféré à la prison civile de Lomé où il passe quelques mois. Pendant son séjour il sera à plusieurs reprises visité par l’ambassadeur des USA au Togo. Il finit par être libéré sous contrôle judiciaire il y a seulement quelques jours. Sa voiture personnelle que des agents du SRI utilisaient illégalement, comme ils le font d’ailleurs pour d’autres victimes pendant leur détention, ne lui est même pas encore restituée jusqu’ici. Pendant qu’il était encore en prison, il a du se faire acheter une autre voiture pour les courses. Et depuis sa libération, c’est cette dernière qui sert pour ses courses. Contre toutes attentes, à cheval entre son contrôle médical et le repos, alors qu’il n’a même pas fini de récupérer, un enregistrement audio en mina, fabriqué de toute pièce et accompagné de sa photo, circule sur les réseaux sociaux. On lui attribue, cette fois-ci, l’enlèvement des gens dans la ville de Lomé à bord d’un taxi. L’intéressé vient de tenir informé son ambassade pour les dispositions à prendre et s’apprête à en informer l’autorité compétente pour toute fin utile.
Quel est le projet derrière cet audio ? Nous sommes aussi dans une dictature qui ne fait économie d’aucune méthode, si vile soit-elle, pour peu qu’elle permette de se débarrasser de ceux qui sont dérangeants. Drogue ou armes exposées au domicile des opposants, accusation de toute sorte, toute est bon dans les dictatures quand on sent le besoin de nuire. C’est décidément une véritable Fatwa qui est lancée contre ceux qui ont la malchance d’être vu comme les fers de lance de la lutte pour le changement au PNP. Nous estimons qu’il est grand temps de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin de tout ce qui adviendra, soit-il par la voie officielle du régime ou de ses éléments dit incontrôlés, contre les cadres de cette formation politique.
 
Source : Le Rendez-Vous No.325 du 30 mars 2018
 

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