Une ambiance de « complotite » aigüe règne actuellement au sommet de l’Etat. En effet, huit ans après sa prise de pouvoir sanglante, Faure Gnassingbé continue d’écrire en lettres de sang, comme son feu père, les pages sombres de l’histoire du Togo. Evoluant dans une illusion de conservation à vie du pouvoir, il s’est mué en chef d’orchestre des coups d’Etat imaginaires, des montages grotesques à des fins de règlements de comptes, des répressions aveugles, bref, des dérives autocratiques d’une époque révolue.
Ne disposant d’aucune base électorale solide dans le pays en dehors des fraudes électorales sur fond de violence inouïe entretenue par les milices du pouvoir, Faure Gnassingbé s’est mis tout le monde à dos, sauf peut-être les profiteurs de tout acabit qui continuent de lui faire croire qu’il est au centre du pouvoir. La plupart, sinon la quasi-totalité de ceux qui se sont évertués à conserver le pouvoir dans le giron familial ont été mis à la touche. Pour certains en douceur, mais pour d’autres de façon musclée. Les généraux d’opérette rasent aujourd’hui les murs digère mal leurs récriminations face à la gestion du Prince. Kpatcha Gnassingbé présenté comme l’homme le plus puissant du système est passé à la trappe. Un assaut de l’officier « katanguais » à son domicile le 12 avril 2009 a suffi pour régler son sort.
Pascal Akoussoulèlou Bodjona, l’autre homme à tout faire de Faure Gnassingbé est passé de la lumière à l’ombre depuis le 1er septembre 2012. Le système RPT est conçu de telle manière que seul le chef est dans la durée, les autres sont des fusibles qu’on saute à tout moment. Ceux qui ont déjà fait les frais de cette triste réalité l’apprennent à leurs dépens. Parallèlement à la purge à l’intérieur du système, Faure Gnassingbé garde un œil vigilant sur les éternels frondeurs que sont les opposants décidés à mettre fin au règne de l’obscurantisme au Togo. Ici la tactique est simple, mais tout aussi cynique. Vous collaborez comme Gilchrist Olympio ou tous les opposants gentils et on vous ménage, ou vous refusez et on vous démolit. C’est actuellement le cas du Collectif « Sauvons le Togo » que le Prince tente de démanteler à la faveur de la série d’incendies qui ont touché les marchés du pays. Une enquête digne de prestidigitation, et le Prince a déjà trouvé ses coupables. Une dizaine de responsables et de militants de ce regroupement de partis politiques, d’organisations de la société civile et de défense des droits de l’Homme sont embastillés, certains dans des conditions exécrables.
Nonobstant ces arrestations des opposants et cette purge à l’intérieur du système lui-même, Faure Gnassingbé n’est pas un homme serein. Il a peur de tout le monde, y compris sa propre ombre. Le moindre cauchemar pour lui est une source de panique. C’est désormais un homme paranoïaque à la tête d’un système sclérosé, en perdition. La fin d’une dictature peut prendre un certain temps, celle de Faure a amorcé le début de la fin, mais pour combien de temps va-t-elle durer ?
Ferdinand AYITE
lalternative-togo
