Nii_Mantchè


Nii Mantchè reconnait avoir volé la pierre sacrée : « La pierre sacrée volée se trouve avec moi, dans mon couvant »
 
Reçu le dimanche 13 septembre dernier dans l’émission « Sous le grand baobab » par nos confrère de Rtds à Aného, le Chef du couvant de la divinité Collè reconnait être l’instigateur du vol de la pierre sacrée le jeudi 10 septembre 2015 à Glidji- Kpodji. Nii Mantchè estime qu’en sa qualité du gardien de la pierre sacrée, nul n’a autorité sur cette dernière et que la pierre volée se trouve avec lui, dans son couvant. Il accuse les Chefs traditionnels de vouloir diviser la collectivité Koley et n’entend pas se soumettre aux sanctions de Guin Fiogan Sèdégbé Foli-Bébé XV.
 
Des propos qui corroborent les rumeurs selon lesquelles Hounon Ayayi bénéficierait du soutien des autorités politiques et militaires pour narguer les Chefs traditionnels et imposer sa volonté au peule Guin. Aussi, a-t-il remercié les autorités pour la tenue de la 353ème édition de la prise de la pierre sacrée que le roi des Guin voulait annuler pour éviter la profanation des rites et une humiliation à son peuple.
 
La politisation à outrance met en péril les fêtes traditionnelles qui perdent de leur crédibilité. Nous soumettons à votre appréciation la transcription de ladite émission animée en mina, qui confirme l’arrogance et le manque de respect d’un chef de couvant, imbu de sa personne.
 
Nii Mantchè (NM ) : Je remercie le Président de la République pour son implication. Sans lui, la cérémonie de prise de la pierre sacrée n’aura pas lieu. Ce n’est que le mercredi soir qu’on a finalement levé l’interdiction de ladite cérémonie. Je remercie une fois encore le Président de la République et toutes les bonnes volontés qui ont œuvré pour le maintien de la prise de la pierre sacrée cette année.
 
Dans une précédente émission, je vous disais dans ce même studio qu’on m’a choisi comme le Chef du couvant de la divinité Koley. En vertu des pouvoirs qui me sont conférés je suis le seul et unique responsable de la pierre sacrée. Nul ne peut décider à ma place fut-il Roi ou Chef traditionnel. Nii Mantchè est le père spirituel de la pierre sacrée. Je suis Hounon de Maman Koley et c’est moi qui suis chargé des rituelles de la prise de la pierre dans la forêt sacrée. Ce n’est qu’après cette cérémonie que je confie la pierre et son message à un autre Hounon qui est chargé de montrer la pierre et livrer son message au peuple Guin. J’ai été intronisé depuis 1992 et ça fait 23 ans que je suis à la charge de la prise de la pierre sacrée.
 
On parle d’une cérémonie vielle de plus de trois siècles !
 
NM : Oui moi je vous parle de ce que j’ai vécu. Après l’avoir montré et livré son message au peuple, la pierre doit m’être restituée pour la cérémonie finale dans le couvant Sihoué. Tel n’est pas le cas cette année. On a voulu détourner la pierre de sa destination et la garder dans un autre couvant. C’est ce qui a provoqué le désordre que vous avez constaté le jeudi dernier.
 
Vous confirmez que la pierre a été volée ?
 
NM : Comment pouvais-je voler ce qui m’appartient. Je vous ai dit que je suis le père de la pierre. Je ne peux pas admettre qu’elle soit détournée et conservée dans un autre couvant.
 
Où se trouve la pierre sacrée en ce moment ?
 
NM : La pierre est retournée à sa place.
 
Soyez clair dans vos propos. Dites-nous là où se trouve la pierre volée.
 
NM : Je vous dis que la pierre se trouve avec moi, dans mon couvant.
 
Comment expliquez-vous le fait que ceux qui ont montré la pierre au peuple ont noué un tissu bleu au cou au lieu des perles blanches ou de l’herbe communément appelée sika ? Connaissent-ils la couleur de la pierre avant sa prise ?
 
NM : Je ne saurai répondre à cette question. Je ne sais pas pourquoi ils ont noué un tissu bleu à leur cou. La seule explication qu’ils n’ont donnée est qu’ils veulent se distinguer de la masse pour que les forces de sécurité puissent les reconnaitre comme membres de la collectivité Koley en charge de la pierre.
 
Si cette pratique relève des rituelles je serai le premier à nouer un tissu bleu au cou en ma qualité de Chef couvant. J’avoue que je n’ai rien compris de cette pratique.
 
Vous étiez témoin des dérapages. Quelle appréciation en faites-vous ?
 
NM : J’ai été informé par une prêtresse qui m’a rapporté les faits au moment où j’attendais le retour de la pierre dans mon couvant. J’estime pour ma part que les soldats ne peuvent pas être à l’origine des troubles. Tous ceux qui entouraient la pierre font partis de la collectivité Maman Koley, qu’ils viennent de Dégbénou, Zowla, Anfoin, Zotsi, Ogba, Aklakou…, nous sommes tous les descendants d’un seul et même aïeul. Je ne pense pas qu’il devrait y avoir de problème à ce niveau si ce n’est une rivalité de visibilité pour être plus proche de la pierre.
 
Suite à cette bousculade, un prêtre vodou tombé évanoui m’est transporté au couvant. Il a été aussitôt réanimé.
 
Ce qui s’est passé le jeudi dernier est provoqué par une partie de la collectivité Koley qui voulaient changer de couvant à la pierre sacrée. Cette division de la collectivité est provoquée par des individus mal intentionnés. Comment un enfant de cœur pouvait-il prétendre officier une messe à la place du curé ? Je suis le prête de la divinité Maman Koley. Celui qui n’est pas un Hounon ne doit pas prendre une calebasse, y mettre de l’eau et prétendre procéder à une cérémonie de libation en lieu et place du prêtre couvant que je suis. Aucune commission n’est habileté à désigner un profane en remplacement du Hounon. Ceci constitue la pomme de discorde au sein de la collectivité.
 
Ne pourriez-vous pas trouver un compromis et régler une fois de bon cette querelle qui ternit l’image de Kpéssosso et fait la honte des populations d’Aného ?
 
NM : Vous avez posé une bonne question. Ce qui se passe m’intrigue parce que tous mes efforts pour régler le problème sont restés vains. Chaque année, je prends attache avec les dignitaires et autres personnes ressources pour qu’elles s’investissent dans le règlement du problème. Ce sont les Chefs traditionnels qui créent la division au sein des Hounons. Certains Hounons ne veulent plus collaborer avec moi alors qu’aucun différend ne nous oppose. On ne se parle plus entre nous et on cultive la haine et la rancune. Les Chefs traditionnels sont à la base de notre division, je ne dirai jamais assez ! Les Chefs traditionnels outrepassent leur compétence et veulent s’ingérer dans des affaires qui ne les concernent pas.
 
Vous avez donné votre version. En attendant celle des Chefs traditionnels nous avons appris que vous êtes actuellement suspendu. Est-ce vrai ?
 
NM : Notre Guin Fiogan a dit qu’il m’a sanctionné et que je dois renoncer à mon prénom Ayayi.
 
Qu’est-ce qui t’a valu une telle sanction ?
 
NM : Je n’ai rien fait de grave. Notre ministre de la décentralisation, Gibert Bawara lui a demandé les motifs de ma sanction, c’était au cabinet du ministre, en présence des Chefs traditionnels de Djéta et d’Agoègan. Il a évoqué les problèmes ayant conduit à la fermeture du couvant d’Agbodranfo.
 
Nii Mantchè le temps qui vous ai imparti touche à sa fin mais permettez que je revienne sur un aspect du problème. Vous nous expliquez plus haut que vous avez en charge la responsabilité de la prise de la pierre dans la forêt sacrée et vous la confiée à un autre Hounon qui se charge de la présenter et délivrer son message au peuple Guin. Cependant, dans un passé récent on vous a vu présenter la pierre et délivrer son message. Est-ce votre rôle ?
 
NM : Rectificatif. C’est moi qui prends la pierre, la présente et livre publiquement son message. C’est comme ça que ça se passe.
 
Merci pour votre disponibilité. Quel message au peuple pour nous rassurer que ce qui s’est passé cette année à Gbatchomé ne se répétera plus ?
 
NM : Avant de lancer quelque appel que ce soit, je dois expliquer le fond du problème. J’ai plein de choses à dire et je ne dois pas être partiel. Le peuple a besoin de savoir c qui a motivé le vol de la pierre. Dans le cas contraire je ne vais plus continuer cette émission. Je plis mes bagages et je m’en vais. Je vous informe que je n’ai confié aucun message à celui qui est venu parler cette année en mon nom. C’est au Hounon de Dégbénou que j’ai confié le message. C’est ça la vérité.
 
Doucement. Nii Mantchè, prenez votre mal en patience. A présent que l’essentiel est dit, votre message d’apaisement au peuple qui nous écoute.
 
NM : Je présente mes excuses au peuple Guin pour qu’il ne tienne pas rigueur à ma colère et à mes dérapages. C’est regrettable que nous soyons en arrivés là. Nous avons exposé nos querelles de famille à la face du monde. Taisons nos divergences pour que le linge sale puisse être lavé en famille. Je suis le responsable de la pierre sacrée. Je ne suis pas encore mort pour qu’on me trouve un successeur. Après ma mort, mon successeur poursuivra la tâche. Je présente mes excuses à ceux que j’ai offensés. La pierre n’a pas été volée. Je rassure toute la collectivité Kolley que la pierre se trouve avec moi et remise à sa place. S’il faille changer de couvant à la pierre c’est ensemble que nous devrons prendre cette décision. Je lance un vibrant appel à toute la collectivité Koley et aux bonnes volontés pour nous aider à régler le différend qui nous oppose. Une fois que nous aurions trouvés une solution à nos divergences nous allons approcher nos Chefs traditionnels.
 
Nos remerciements à Nii Mantchè pour sa disponibilité et d’avoir donné sa version des faits. Les tractations sont en cours pour avoir la version de Guin Fiogan Sèdégbé Foli-Bébé XV.
 
Transcription : Isidore Akollor
 
Source : [15/09/2015] Actu EXPRESS N°347
 

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