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En Amérique, en Afrique, en Asie comme en Europe, le pouvoir peut se transmettre de père en fils. L’exemple des Etats-Unis où Georges W Bush est devenu président de la République sans interférence de son père en est la parfaite illustration. Dans le monde donc, l’on peut comprendre et accepter que, de par leur qualité, les hommes d’une même famille, à divers moments de l’histoire d’un Etat, viennent à diriger leur pays. Mais il est frustrant pour un peuple de voir un fils contestable succéder à un père contesté. La question de fond étant celle du mérite. C’est malheureusement ce qui se passe parfois en Afrique comme au Gabon et au Togo. Les nations africaines n’ont pas à subir la loi de familles ou de clans aux méthodes mafieuses.
 
50 ans au pouvoir pour la seule famille Eyadéma, y’en marre!
Un président de la République remplacé par son fils ou sa descendance est une pratique à bannir foncièrement en démocratie. Depuis le décès de l’ancien président de la République du Togo, Gnassingbé Eyadéma qui a été aussitôt succédé par son fils, ce «vile» cas ne pas fleurir dans la région ou en Afrique. Les organisations de la société civile ont parfaitement raison de s’insurger de plus en plus contre de telles pratiques.
 
Pour cela, il faut mettre fin aux réformes constitutionnelles calculées ayant un caractère partisan: tripatouiller les règles afin d’arranger la réélection du candidat au pouvoir, placer son proche – proches du même parti, de la même famille – ou même ces descendants. Car tout le monde a le droit de se présenter, à prétendre à une compétition électorale impartiale.
 
En Afrique, la terrible impression que donnent certaines successions c’est que des présidents au pouvoir développent des stratagèmes pour mettre quelqu’un en place et d’une manière dynastique. Cela est contraire à la démocratie en ce sens que ce système tue la chance de celui qui n’est le fils de personne, le neveu de personne ou le camarade de personne, mais qui remplie les conditions d’éligibilité. Or la démocratie ne peut être au service de la paix et de la construction du développement que si elle incorpore un principe qui permet de changer. Si les changements ne se font pas de manière démocratique, il y a un blocage qui peut susciter la violence. C’est pourquoi la démocratie avec des systèmes qui sont d’ordre monarchique ou d’ordre despotique sont une menace pour l’Afrique.
 
Le cas typique du Togo
 
Lomé est, depuis hier mercredi et aujourd’hui, le théâtre de manifestations organisées par les partis de la majorité et de l’opposition. Deux cortèges et des milliers de Togolais dans les rues. La majorité présidentielle pour réclamer une limitation du mandat présidentiel et le respect de la légalité. La coalition de l’opposition pour exiger également la limitation des mandats avec effet rétroactif, ce qui signifie le départ immédiat du chef de l’Etat dont le mandat s’achève en 2020. Pourquoi le président Faure n’a-t-il pas engagé des réformes politiques depuis 2005? Pourquoi attendre la colère de la rue avant d’accepter de limiter le mandat présidentiel? Eh bien, le peuple exaspéré demande simplement et purement son départ ou la preuve qu’il ne se représentera plus en 2020.
 
En fait, les Togolais, en mettant la barre assez haut dans leurs exigences, veulent en finir avec la mainmise de la famille Gnassingbé sur le pays. Et on peut les comprendre. Car 50 ans au pouvoir pour la seule famille, y’en marre!
 
En effet, après 38 ans passés à la tête du Togo, Eyadéma, se sachant condamné en 2005, avait donné des consignes à appliquer, afin de permettre à Faure Gnassingbé de lui succéder. C’est ce qui avait permis à l’Armée de le porter illico au pouvoir par un coup de force avant que les 67 députés (sur 81) ne destituent Fambaré Natchaba, alors président de l’Assemblée nationale, par simple souci d’un habillage constitutionnel.
 
Ainsi, grâce un système politique qui neutralise toute forme d’opposition, le fils stratège règne sur le Togo depuis déjà 12 ans. Sans des réformes profondes et démocratiques, il pourrait y rester jusqu’en 2030. C’est pourquoi agacés, les Togolais veulent l’alternance ici et maintenant.
 
Malheureusement, comme pendant l’ère Eyadéma où la violence était souvent la seule réponse que recevaient les adversaires politiques, le régime actuel n’a pas su policer ses méthodes afin de présenter un visage plus en accord avec les règles prônées par l’Union africaine et les bailleurs de fonds. Il a fait de la répression, de la dissuasion et de la peur, ses armes de gouvernance.Ainsi, l’armée tire sur des manifestants pacifiques non armés, l’accès à l’internet est restreint et les contestataires sont emprisonnés. C’est bien la preuve que le fils d’un dictateur, succédant à son père, hérite souvent des germes/gènes de la dictature. Comme quoi, l’on a beau chasser le naturel, il revient toujours au galop.
 
source : Théophile MONE
 

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