« Tout l’art du dialogue politique consiste à parler tout seul à tour de rôle » – André Frossard

Même si les multiples expériences de dialogues avec le pouvoir RPT/UNIR ne présentent rien de flatteur, une fois encore, c’est le passage obligé qu’indiquent la région ouest africaine et par subsidiarité, l’Union africaine, l’ONU. De gré ou de force, Faure Gnassingbé et ses adversaires politiques devront s’attabler pour espérer un retour à la stabilité dans notre pays. Tic-tac …tic-tac, le temps s’égrène et Nana Akufo-Addo les presse. Du point de vue conviction, aucun des acteurs ne fait du dialogue la clé pour un dénouement de la crise. Car sous le paravent du dialogue, se cache une réelle hargne du pouvoir de contraindre au silence les manifestants. A preuve, il n’a pas renoncé à l’usage de la force brute ni à la stratégie de terreur qui continue de faire ses preuves dans le Nord du pays. Dans le camp d’en face, l’opposition coalisée n’en démord pas et ne jure que par les manifestations de rue pour amener Faure Gnassingbé à tirer lui-même les conséquences de son impopularité. Si dialogue il devrait y avoir, ce ne sera que pour discuter des conditions de son départ, assène Jean-Pierre Fabre.
Deux positions qui sont d’autant plus tranchées que toute tentative de les concilier se révèle une tâche plutôt compliquée. Quel tour de magie Nana Akufo-Addo fera-t-il pour emballer les deux camps ? Nul ne devrait envier le rôle du président ghanéen qui, au-delà du souci de préservation de la paix chez nous, est sans doute en train de tester sa force en matière diplomatique et joue tout son poids dans la géopolitique ouest africaine voire africaine. C’est donc au-delà de tout, une question de positionnement et de leadership également. Alors, réussira-t-il son épreuve du feu, son 1er test grandeur nature ? Sous la médiation du président ghanéen, y aura-t-il dialogue entre les protagonistes de la crise togolaise ou plutôt monologue ? On le sait, Faure Gnassingbé est rétif à tout départ du pouvoir en 2020. L’opposition confortée par le peuple, exige pour sa part son départ hic et nunc. Dans la foulée, la machine référendaire est en marche.
Mais le dialogue annoncé, c’est l’ultime occasion en vue d’un dénouement pacifique de la crise. Et à l’épreuve du dialogue, les positions des uns et des autres seront forcément appelées à évoluer, dans le sens de l’intérêt général et de la paix. Faure Gnassingbé renoncera-t-il à ses projets d’après 2020…en contrepartie d’une jouissance paisible des deux années qu’il lui reste avant 2020 ? Sinon, quel autre schéma le médiateur Nana Akufo-Addo pourrait-il soumettre aux protagonistes togolais ? Il est fort regrettable que le dialogue annoncé necoure un risque élevé de se muer en un monologue. Alors oui au compromis politique mais, non à toute compromission, encore que tout n’est pas tant d’obtenir la signature d’un accord, mais plutôt de parvenir à sa mise en œuvre par Faure Gnassingbé et collabos. Mais ça, c’est une autre affaire.
Meursault A.
Source : Liberté
 

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