C’est incroyable mais vrai. Le budget exercice 2013 voté par l’assemblée nationale togolaise en fin d’année dernière n’est pas encore mis en exécution jusqu’en ce mois d’avril. Seul obstacle, le ministre de l’économie et des finances, Adji Otheth Ayassor qui met tous les départements ministériels sous perfusion de son désidérata de décaissement. Conséquences, blocage des activités au niveau du gouvernement. La Primature d’Ahoomey Zunu qui est naturellement sous la tutelle du tout puissant ministère des finances n’est pas épargnée par la rigueur artificielle du Ministre.
Quelques exemples : Le budget de la dernière mission du Premier ministre en Europe a souffert de la rigueur « ayassorienne » ; réduits à son gré, le fonds ont été décaissées à compte goutte au point de voir la Primature s’endetter vis-à-vis de certains prestataires.
Au CASEF et dans beaucoup de ministères dont nous taisons les noms, des climatiseurs tombés en panne, attendent fiévreusement l’autorisation de décaisser d’Ayassor pour être réparés. Les cadres de ces ministères sont obligés d’ouvrir largement les battants et les fenêtres pour atténuer l’effet de la température de plus de 30 degrés que présente la météo de Lomé ou d’aller squatter chez leur collègues qui bénéficient de ce luxe de fraîcheur.
Ailleurs, ce sont des besoins mineurs qui ne trouvent pas de financement. Manque d’encre dans les imprimantes, réparation ou remplacement de vieux meubles, frais de mission et de terrain de certains autorités, bref, c’est une austérité artificielle que le Ministre de l’économie et des finances fait régner sur le gouvernement, réduisant les ministres à de minables quémandeurs des petits sous auprès des sociétés d’Etat et des sociétés privées.
Il y a pire. Pour de simples bons de carburant à mettre à la disposition des membres du gouvernement pour leurs déplacements, le ministre Ayassor exige des fournisseurs, sociétés pétrolières de subir une procédure d’appel d’offre, ce que ces sociétés ont réfuté. Conséquence directe, blocage de fourniture du carburant aux membres du gouvernement.
Seule la présidence n’est pas frappée par la foudre du Ministre.
Et pourtant, on annonce une performance au niveau des poumons de l’économie togolaise. La douane et le port sont pour chacun, à plus de 20 milliards par mois, les impôts à environ 15 milliards. Les industries extractives, l’aéroport, les sociétés de téléphonie ont de quoi nourrir le budget, sans compter les aides extérieures.
Certains ministres, les plus audacieux, débordés par la « maltraitance » de leur collègue des finances ont explosé au dernier conseil des ministres et manifesté leur désarroi. Il n’y a que le Chef de l’Etat qui puisse faire plier le Ministre Ayassor qui a bloqué pendant quatre mois déjà le budget de tout un Etat. Ce n’est pas une surprise au Togo.
Carlos KETOHOU
indépendant express