TCHALAKOU-Ayaovi
 
Tentative d’incendie d’une moto et de la station MRS de l’aéroport : Le conducteur de taxi-moto, la victime, interpellé par la Gendarmerie et accusé d’avoir menti dans le compte du militaire
 
 
Son nom est Tchalakou Yaovi, et il était mardi dernier au siège de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) pour relater la tentative d’incendie dont il a été victime en fin d’après-midi de lundi dans la station d’essence MRS en face de la cantine de l’aéroport, de la part d’un individu qui s’est révélé plus tard être un sergent de l’armée. 72h après avoir échappé de peu à l’irréparable, la victime a été interpellée hier et gardée à la Gendarmerie. L’homme est accusé d’avoir menti dans le compte du militaire.
 
Conducteur de taxi-moto, M. Tchalakou Yaovi emmenait ce soir-là une dame à l’Eglise « Winner Chapel » sur la route de l’aéroport. Sentant les signes précurseurs d’une panne sèche et avec l’accord de la dame transportée, il alla dans la station la plus proche pour s’approvisionner. « Au moment où le pompiste allait mettre le tuyau de distribution de carburant dans le réservoir de la moto, celui-ci vit un monsieur qui s’avançait vers eux au pas de course, l’air un peu bizarre, mais convenablement habillé. Arrivé juste derrière le conducteur de moto, (la dame, elle, était entre-temps descendue et était à l’écart), il alluma une buchette d’allumette qu’il tenait et s’apprêtait à la passer par-dessus la tête du conducteur vers le réservoir. Le pompiste eut le réflexe prompt de se servir de la partie métallique du tuyau de distribution pour le déposséder de la buchette allumée. Il s’en est suivi un temps une bagarre dans la station. Les soldats postés à quelques mètres de là feront mouvement vers eux pour s’enquérir des nouvelles lorsque le conducteur de moto partit chercher un caillou pour assommer celui qui a failli mettre sa vie et toute la station d’essence en danger. Ils firent appel à la Gendarmerie de l’aéroport qui débarqua sur les lieux et transporta le conducteur de moto-taxi et celui qui se révélera une fois à la Brigade, être un militaire. Dans les locaux de la Brigade de Gendarmerie, à la demande des hommes en uniforme de décliner leur identité, celui qui voulait mettre le feu fit montre d’une arrogance qui surprit les gendarmes et les énerva en plus. Alors, l’un d’eux passa la main dans la poche de sa chemise puis en sortit une carte d’identité militaire qui indique son grade. Il est un Sergent des Forces armées togolaises. Né en 1971 à Kabou. Après que le conducteur de taxi-moto a raconté comment les choses se sont passées et laissé ses coordonnées, on le laissa partir en lui demandant de veiller à ce que son portable ne s’éteigne. Il était 21 heures. Le Sergent était encore là lorsqu’il prenait congé », avons-nous rapporté dans la parution de mercredi (Liberté N°1373).
 
Nous ne nous sommes pas arrêtés là. Nous nous sommes rendus à la station d’essence en question où les pompistes ont confirmé les faits. Même son de cloche au poste de la Gendarmerie de l’aéroport où, pour tout détail, il nous a été demandé de nous adresser à la hiérarchie.

TCHALAKOU Ayaovi relate la tentative d’incendie d’une station essence par un sergent [16/01/2013]

 
Invité hier au poste de Gendarmerie de l’aéroport, M. Tchalakou Yaovi qui s’est présenté avec un membre de la LTDH, a été appréhendé et conduit au camp de la Gendarmerie nationale. Toutes les tentatives des défenseurs des droits de l’Homme pour avoir accès à lui, sont restées vaines. Selon les informations, il est accusé d’avoir menti dans le compte du militaire et sera probablement poursuivi pour diffamation. C’est désormais la norme au Togo : la victime devient le coupable. Les démolisseurs de la vérité seraient même allés jusqu’à affirmer que le militaire, avec une cigarette à la bouche, passait par là fortuitement et qu’il n’avait nullement l’intention de mettre le feu à la moto et à la station d’essence.
 
« Comme cette piste les fragilise dans le complot qu’ils ont ourdi contre les responsables du Collectif « Sauvons le Togo », il fallait vite l’étouffer. C’est pourquoi ils ont arrêté le conducteur de taxi-moto, la victime, afin d’imposer le silence. Il n’est pas aussi exclu que des pressions soient exercées sur le propriétaire et les pompistes de la station en question afin qu’ils renient ce qu’ils avaient dit », affirme un policier à la retraite. Affaire à suivre. Aux dernières nouvelles, le jeune homme a été relâché dans la nuit d’hier.
 
Par ailleurs, il nous revient que les forces de sécurité mènent une chasse à l’homme dans la ville et kidnappent les jeunes militants de l’opposition.
 
R. Kédjagni
 
liberte-togo
 

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