« Quand la médiocrité règne, l’incompétence est une règle, la roublardise une culture » (BihmaneBelattaf)
Les Togolais se rendront aux urnes 30 juin 2019 prochain pour élire leurs conseillers municipaux. Ces élections locales sont d’une importance capitale, car elles pourront enfin libérer les populations pour que chaque commune se prenne en charge. Les dernières élections locales, rappelons-le, remontent à 1987. Pour leur développement et fonctionnement optimal, les nouvelles collectivités locales auront besoin de moyens financiers et matériels pour l’exercice efficace de leur autorité de tutelle.
Après 52 ans de règne sans partage, les seules compétences que le régime de Faure Gnassingbé a à transférer aux collectivités locales, en termes d’infrastructures et de services, restent manifestement l’adressage des rues. A part la toponymie, rien à signaler. Les collectivités brillent par le sous-équipement et l’absence d’infrastructures. Les quelques rares locaux qui existent sont vétustes et délabrés.
« Comment ces collectivités locales fonctionneraient-elles ? D’où viendraient les moyens de leur fonctionnement, d’une administration centrale totalement acquise à la majorité ? », se demandait l’universitaire Maryse Quashie.
Mais cela ne semble préoccuper personne. L’urgence visiblement pour ceux qui ont squatté illégitimement pendant des décennies les municipalités, c’est l’adressage des rues de Lomé. Pendant des années d’imposture, ils ne se sont jamais préoccupés de ces rues qui étaient le cadet de leurs soucis. Ce qui est incompréhensible, c’est la célérité et la légèreté avec lesquelles ils se sont employés, à quelques semaines seulement de la fin de leur mandat, à cette opération d’adressage des rues de Lomé dans un embrouillamini indescriptible avec les énormes dégâts, attentats et massacres contre la langue de Molière. En donnant des noms saugrenus et farfelus à nos rues.
Jusque-là, les populations pouvaient encore tolérer ces grossièretés et absurdités. Mais écrire ces noms bizarres avec des fautes grossières, c’était le comble. On a des énormités et grossièretés du genre « Rue des Crapeaux », « Rue-Boulevard Mobutu S. Seko », « Rue Anaconda », « Rues des Lézards », « Rue Hampaté Bas », « Rue de la Virginité », etc.
Le comble, ce qu’on pourrait considérer comme une plaisanterie de mauvais goût est confirmé par la mairie de Lomé. A en croire le Directeur-adjoint des services techniques de la mairie, BassimsouwéEdjam-Etchaki, le président de la délégation spéciale avait chargé les maires d’arrondissement de piloter l’opération en chargeant les chefs de quartiers, les Comités de développement de quartier, les leaders d’opinion, afin de former des commissions pour faire des propositions de noms, et que dans chaque quartier, ces noms devraient être expressifs.
« Après les propositions, la liste a été compilée et une commission plus élargie, avec à sa tête des conseillers, a été mise en place pour examiner les noms. Ainsi, la liste retenue a été adoptée par la municipalité », a-t-il ajouté. Et le personnel de la mairie a fait étalage de sa médiocrité et de son incompétence.
« La plupart des employés des collectivités locales n’ont pas la qualification nécessaire devant permettre à l’administration locale de fournir des prestations de qualité aux populations », avait relevé le comité technique mis en place par le gouvernement chargé de l’élaboration de la feuille de route de la décentralisation et des élections locales. L’incompétence notoire des agents a été révélée au grand jour à travers la toponymie des rues de Lomé.
Médard AMETEPE
source : Liberté