Jeudi prochain marquera le retour, au pays, de François Akila Esso Boko. Après quatorze (14) années d’exil, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité sous feu Eyadema regagne le bercail aux fins de contribuer, selon ses dires, à la normalisation de la vie politique au Togo. Mais alors, à quel prix ?

Ça y est !

Après ses tournées diplomatiques qui l’onr conduit auprès des administrations américaine, allemande et française, aux fins de les informer de sa volonté de rentrer au bercail, François Akila Esso Boko rentre définitivement au pays, jeudi, en fin de journée. L’information, déjà suffisamment connue de l’opinion a été confirmée, hier mardi, par l’intéressé, aux termes d’une interview accordée aux confrères de rfi. «Je rentre au Togo dans la semaine. Il n’y a aucun problème lié à mon retour. Je crois en la parole du Chef de l’Etat qui a garanti cela», a-t-il dit, en substance. C’est donc une certitude. L’homme regagne sa terre natale à compter de cette semaine, dans l’espoir de prendre, dans les jours qui suivront, ses papiers. Une étape que l’intéressé considère toujours comme des détails, face à la garantie que l’Etat togolais a donnée quant à son retour apaisé au pays.

Un retour qui fait parler !

C’est un retour au pays natal qui fait parler. Si une partie de l’opinion salue ce retour du tout dernier ministre de l’intérieur de feu Gal Eyadema, certaines y voient un chemin devant l’amener directement en prison. Ceci, argumentent-ils, pour avoir déserté l’armée en 2005, après le décès du feu président Eyadema.

Cependant, ceux-ci, dans leur analyses forcées, ont été vite recadrés dans leurs argumentaires alambiqués par le président du Net, Gerry Taama qui, au travers d’une Tribune, a réfuté l’accusation de «déserteur» que tentent de porter contre cet officier de Kara, reconverti avocat. «…ce qu’il faut s’avoir, c’est qu’en temps de paix, si vous abandonnez votre poste au bout d’un certain nombre de jours, on vous fait appel et si vous ne répondez pas, on vous radie des listes de contrôle de l’armée. C’est une procédure presque similaire dans la fonction publique. Et des centaines de militaires se sont retrouvés ainsi radiés des listes de contrôle de l’armée pour abandon de poste. Il s’agit uniquement d’une sanction statutaire. Vous perdez votre statut de militaire, sans aucune poursuite judiciaire. C’est uniquement en temps de guerre que la désertion est passible d’une comparution à la cour martiale. Et en 2005, nous n’étions pas en guerre. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi Boko, à l’instar de plusieurs autres militaires ayant choisi de quitter l’armée, serait inquiété pour l’avoir fait. Voilà », a notamment expliqué le député et ancien Saint cyrien, dans sa tribune intitulée «LÂCHEZ-MOI AVEC LE RETOUR DE BOKO». Un bon recadrage, somme toute, qui fait couper les rumeurs sur un problème que des esprits lugubres ont voulu créer de toutes pièces.

Au-delà de la rancune !

En effet, toute proportion gardée, tout le mérite de cette tribune est de ramener à la raison, les esprits malsains et allergiques au changement qui, dans leur imagination infertile et machination, orchestrent déjà des plans sordides aux fins de coller cet officier de l’armée togolaise, à son retour au pays, un chef d’accusation qui n’a jamais existé. Ceci, dans le seul but de l’exclure du jeu électoral qui se profile à l’horizon. Ce qui ferait encore reculer, à des années lumières, le pays sur le plan démocratique puisque jusqu’à preuve du contraire, aucune plainte, ni aucun mandat d’arrêt n’ont été émis par Lomé contre ce Kabyè qui semble constituer, aujourd’hui, un sérieux alternatif aux partisans de la conservation coûte que coûte du pouvoir.

C’est donc à ce titre qu’il urge aujourd’hui d’œuvrer à taire les rancœurs et autres égos qui ont toujours caractérisé le système Rpt-Unir qui compte tellement d’esprits rancuniers dans ses rangs. Plutôt que de développer des artifices à noircir, de plus, leur image dans ce débat international, mais surtout auprès des puissances occidentales prises à témoins sur le retour de François Boko et de ce qui lui adviendrait, il serait plus bénéfique pour le Chef de l’Etat et son entourage de travailler à ouvrir sérieusement le jeu électoral afin de donner les chances égales à tout togolais désireux de briguer la magistrature suprême. Cela permettra aux togolais de bien jauger chacun des candidats à travers ce qu’ils proposent comme programme de société. C’est la meilleure manière de faire aujourd’hui de la politique dans nos États aux démocraties encore embryonnaires. Surtout dans un contexte politique marqué par la dynamique mondiale d’une alternance négociée et apaisée qui s’instaure de file en aiguille et dont la République démocratique en est un exemple (Rdc).

Vite retrouver le chemin de la normalisation !

Aujourd’hui, le plus important est de vite travailler à retrouver le chemin de la normalisation. Vivement donc que ce retour de l’ancien ministre de l’intérieur et de la Sécurité apporte de la plus value au processus démocratique du pays marqué, depuis des années, par un statu quo qui ne dit pas son nom. Ceci, du fait de deux clans intrinsèquement animés par l’obsession de s’éterniser au pouvoir, par tous les moyens, d’un côté, et celle historiquement revanchard et édenté, mais obsédé par la captation du pouvoir par tous les moyens, de l’autre côté. Une réalité qui radicalise les positions et contribue à l’enlisement de la situation sociopolitique du pays depuis 1990 et dont le dernier épisode en est la contestation populaire du 19 août 2017 qui a pour motif principal, les réformes politiques que tous les togolais appellent de tous leurs vœux.

 
Source : Fraternité No.308 du 27 mars 2019