Aguigah-Angee-Dola
 
24 mars 2013. C’était la date préalablement arrêtée pour voir tenir le scrutin législatif devant permettre de renouveler l’Assemblée nationale. Et nombre de partis politiques qui se soucient très peu des conditions d’organisation, sont entrés en campagne avant l’heure. Mais ils devront souffrir voir le scrutin reporté de quelques semaines. Le principe serait acquis au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), et la nouvelle date serai incessamment annoncée.
 

Des mobiles du report

 
Souci d’associer les frondeurs regroupés au sein du Collectif « Sauvons le Togo » qui réclament la transparence du processus et de l’organiser dans les meilleures conditions ? Certains pourraient y avoir pensé un petit moment. Mais il n’en est rien. La raison principale invoquée par les sources proches de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) est le retard accusé dans les préparatifs. « La Céni constate que le retard pris par les partenaires influe sur la mise en œuvre et entraîne ipso facto, le réaménagement du calendrier des activités », a concédé sa présidente, Mme Angèle Aguigah, dans une correspondance adressée aux formations politiques. Plus concrètement, dans un communiqué officiel de la Céni, ce retard est imputé aux formations politiques qui n’auraient pas transmis dans les délais les listes de leurs représentants devant siéger dans les Comités des listes et cartes (Clc). Ce qui entraverait le démarrage du recensement électoral prévu au 18 février prochain. Et donc affecterait forcément la tenue du scrutin à la date du 24 mars préalablement arrêtée.
 
Au-delà de cet argument officiel, d’autres sources lient plutôt ce probable report à l’échec du pouvoir à recueillir le soutien des partenaires à son coup de force en préparation. Cette désillusion aurait été confirmée lors de la récente tournée entreprise à travers les grandes capitales européennes par Arthème Ahoomey-Zunu. Cette visite visait en effet à convaincre les partenaires à accompagner aussi bien financièrement que techniquement le processus et lui servir de caution. Mais l’accueil réservé à l’émissaire togolais n’était pas à la mesure des attentes. Que ce soit à Bruxelles, à Paris ou à Berlin, le Premier ministre togolais n’a été reçu que par des sous-ministres, et malgré les apparences, la caution recherchée n’a pas été acquise. Les partenaires européens auraient refusé de mettre la main à la poche, d’où l’escroquerie de 5 F CFA sur chaque appel mise au point, au nom du soutien aux Eperviers (déjà éliminés de la Can), mais en réalité destinée à financer le scrutin. Bien plus, il nous revient que ses interlocuteurs ont insisté sur la nécessité d’organiser le processus dans les normes et standards définis et d’associer l’opposition, la vraie. Les pressions continueraient dans les coulisses pour un nouveau dialogue avec les frondeurs afin d’acquérir le consensus nécessaire autour du processus. D’où l’obligation pour le pouvoir de reporter le scrutin.
 

Entre le 21 avril et le 12 mai

 
Le report qui n’est que bon sens, ne devrait pas contenter tout le monde. Allusion aux partis politiques qui se foutent des conditions d’organisation et de transparence du scrutin, et qui s’y préparaient depuis l’annonce de la date du 24 mars ou même avant. Le cas de l’Union pour la République (Unir) qui avait lancé sa campagne depuis des mois. Son alliée l’Union des forces de changement (Ufc) n’est pas du reste. Le parti de Gilchrist Olympio multiplie les meetings et les rencontres avec les différentes sections, histoire de fourbir ses armes pour cette joute électorale, et le leader préhistorique voit même l’Ufc remporter la majorité des sièges. La Coalition Arc-en-ciel quant à elle, est dans un jeu abject et opportuniste pour profiter de l’infortune du Collectif « Sauvons le Togo » que le pouvoir tente de coincer dans le cadre des incendies.
 
Toutes ces formations avaient sans doute hâte que les élections aient lieu. Mais elles devront prendre leur mal en patience. Encore quelques semaines, et elles seront servies. Selon les informations, deux camps s’opposeraient actuellement sur la nouvelle date à arrêter. Le premier proposerait le 12 mai 2013, un report qui laisserait une marge de manœuvres conséquente pour une organisation optimale du scrutin et éviterait d’empiéter sur les préparatifs de la fête du 27 avril 2013. Mais un second courant s’y opposerait et militerait pour le 21 avril, au motif que les mois de mai et juin sont des périodes de pluies dans certaines régions, une période pas donc idéale pour les activités électorales.
 
La nouvelle date devra être incessamment arrêtée. Que ce soit le 21 avril ou le 12 mai, l’essentiel est que scrutin soit organisé dans les meilleures conditions de transparence et d’équité afin de désamorcer la crise qui pointe à l’horizon, et qui voit le pouvoir Faure Gnassingbé verrouiller le processus et empêcher ses concurrents sérieux d’y participer, par l’arrestation de leurs leaders.
 
Tino Kossi
 
liberte-togo
 
 

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