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Le mercredi 5 mars dernier, pour la première fois de l’histoire, Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre se sont rencontrés pour discuter de la situation politique. Si les Togolais les plus sensés ont retenu le positif de cet évènement, d’autres politiques qui cachent mal leur envie du standing de leader de l’Alliance nationale pour le changement (Anc), gesticulent par contre et font preuve d’une étroitesse criarde d’esprit. C’est le cas chez l’opposant frelaté périmé Gilchrist Olympio.
 
Une rencontre accueillie par les Togolais ordinaires, les “opposants de l’opposition” gesticulent
 
Des rencontres entre le locataire du palais de la Marina et un leader de l’opposition, fussent-elles pour discuter de la situation politique du pays, ont toujours été mal vues par les populations, car offrant souvent l’occasion des compromissions. Mais celle de Jean-Pierre Fabre avec Faure Gnassingbé, même si elle a surpris par la précipitation avec laquelle les choses sont allées, est bien comprise par les Togolais – même la manœuvre d’intoxication tentée par le site d’un JMP (Journaliste en mission pour le pouvoir) et annonçant le pseudo refus de Fabre de répondre à l’invitation n’y a rien pu. Il suffisait d’écouter les réactions des Togolais lors des émissions interactives ce matin du mercredi 5 mars 2014, soit quelques heures avant la rencontre historique, pour s’en convaincre. Ils étaient simplement heureux que les deux personnalités sortent de leurs tours d’ivoire et acceptent de se parler. Et même si la montagne a accouché d’une souris, les populations se réjouissent tout de même de la rencontre. On reconnait simplement à Jean-Pierre Fabre le mérite d’avoir pour une fois avalé son égo et accepté de discuter avec celui à qui a profité le vol de sa victoire lors de la présidentielle de mars 2010. Mais ce n’est bizarrement pas la même hauteur d’esprit chez les illustres “opposants de l’opposition”.
 
Ils n’arrivaient déjà pas à cacher leur envie morbide du nouveau statut de Jean-Pierre Fabre et contestaient son statut de chef de file de l’opposition, illustrant ainsi leur côté mauvais perdant. Car cette qualité a été conférée par les résultats des législatives du 13 juillet 2013 auxquelles ils avaient pourtant tous participé et dont certains sont sortis avec zéro député même dans leur région d’origine- suivez les regards. Et la rencontre leur a encore donné l’occasion de se mettre en exergue. Mais on croyait qu’étant des intellectuels (sic), ils pouvaient faire preuve de hauteur d’esprit, surtout que le commun des Togolais qui n’a pas forcément leurs capacités intellectuelles, a tiré du positif de cet évènement. Dans l’ordre normal des choses, ils devraient être scandalisés par l’obscurantisme de Faure Gnassingbé qui refuse obstinément le dialogue et renvoie ses interlocuteurs vers l’Assemblée nationale dominée par l’Union pour la République (Unir) pour les réformes constitutionnelles et institutionnelles. Mais ils ont laissé la proie pour s’attaquer à Jean-Pierre Fabre. Tout ce que certains trouvent à dire, c’est que cette rencontre clôt le débat sur le contentieux électoral de 2010.
 
Le pitoyable Gilchrit Olympio dans ses œuvres
 
Beaucoup de Togolais le croyaient sans doute hors du pays. Car la toute dernière fois qu’on a entendu de nouveau parler de lui et a su qu’il est au pays, c’était lors de la révélation de la visite inopinée à lui rendue par Faure Gnassingbé le 21 février dernier. En tout cas, il était muet depuis la bérézina électorale de l’Union des forces de changement (Ufc) et la petite crise qui a suivi et abouti au renvoi de certains militants du parti, et certains y voyaient aussi l’effet de sa santé chancelante. Mais cette rencontre Faure-Fabre lui a redonné le souffle.
 
Gilchrist Olympio ou l’Ufc résiduelle – c’est selon – a promptement rendu public un communiqué. Pas pour louer cette initiative de Jean-Pierre Fabre de rencontrer Faure Gnassingbé, mais s’attribuer une bien curieuse victoire sur son ancien bras droit. “L’Union des forces de changement (UFC) se félicité que son ex Secrétaire Général ait enfin compris l’orientation politique du Président national de l’UFC, Monsieur Gilchrist Olympio” qui le conseillait en ces termes: “Marcher, c’est bien, mais marcher et négocier, c’est encore mieux!”, “Faure va partir dans deux semaines, Faure va partir dans deux mois”. Et quatre ans après, non seulement Faure est toujours là, mais encore on quémande une audience auprès de celui qu’on refuse reconnaître comme Président de la République. Il est vrai que mieux vaut tard que jamais, mais avoir vendu des illusions au peuple togolais pendant quatre ans, c’est criminel. Voilà pourquoi, l’UFC accuse les responsables de l’ANC d’avoir compromis gravement l’alternance politique pacifique dans notre pays. Une alternance pour laquelle elle se bat depuis toujours”, écrit le parti dans un communiqué rendu public au lendemain de la rencontre et dans lequel Gilchrist Olympio, est présenté comme “un vieil homme couché [qui] voit plus loin un jeune homme sur la cime d’un cocotier”, Communiqué ou commérage politique, demandez-vous?
 
C’est en tout cas manifeste qu’on est descendu assez bas, et la petitesse d’esprit est davantage notoire lorsque le parti ou son président présente la rencontre du 5 mars comme “une cérémonie d’allégeance du Président de l’Anc, Monsieur Jean-Pierre Fabre au Président de la République, Chef de l’Etat, Monsieur Faure Gnassingbé, laissant les militants et sympathisants de l’Anc médusés et désemparés”. Car il s’agit d’une rencontre entre le locataire de la présidence et le chef de file de l’opposition, et pas autre chose. C’est en somme une fausse victoire criée par l’opposant périmé, car les circonstances de cet entretien Faure-Fabre n’ont rien à voir avec celle ayant abouti au deal Rpt-Ufc. Au contraire de celle du 5 mars dernier qui est bien officielle – il y a eu des échanges épistolaires entre les deux hommes et Fabre a demandé formellement une audience- et consensuelle – il a consulté un certain nombre de partis du Collectif “Sauvons le Togo” avant d’enclencher la démarche -, celle ayant abouti au fameux accord Rpt-Unir du 26 mai 2010 scellant la collaboration entre le pouvoir s’est déroulée dans des circuits obscurs. C’était même une initiative solitaire de Gilchrist Olympio car l’initiative n’avait pas l’adhésion de nombre de membres du bureau et plus proches lieutenants à l’époque, aujourd’hui cadres de l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Une façon pour lui de se venger de ces derniers qui ont descellé très vite son plan secret voulant empêcher l’Ufc de présenter le candidat à la présidentielle de 2010.
 
Le bon sens voudrait même qu’avant que Gilchrist Olympio ne crie victoire, l’accord du 26 mai 2010 ait porté de fruit. Mais c’est loin d’être le cas. Les bonnes intentions mises en avant pour justifier cette compromission ne sont restées que des vœux pieux. L’exécution des réformes constitutionnelles et institutionnelles promise à l’époque dans un délai de six mois par “The second man of the power” se fait toujours désirer depuis bientôt quatre (04) as. Ce deal n’aura servi qu’à Gilchrist Olympio et à certains de ses collaborateurs de se tirer à bon compte. Et toute cette gesticulation ne vise qu’à se donner bonne conscience.
 
Tino Kossi
 
Liberté N° 1654 du Mardi 11 Mars 2014
 

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