La Une de « Le Correcteur » No.948 du 07 septembre 2020
La Une de « Le Correcteur » No.948 du 07 septembre 2020

Le Togo se singularise par des pratiques peu orthodoxes. Il est un pays où se produisent régulièrement des faits inimaginables sous d’autres cieux.

L’actualité au Togo est fortement marquée par des faits aussi graves que répréhensibles qui logent malheureusement le pays dans un véritable repaire de faussaires.

De la suspension du processus électoral à la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT) au traficotage de résultats de Covid-19 en passant par les coups de boutoir au Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) ainsi que les rodomontades du Président de la Haute Autorité de Prévention et de lutte contre la Corruption et les infractions Assimilées (HAPLUCIA), le décor ne peut être plus puant.

Une constellation de faussaires

Le processus électoral devant aboutir au renouvellement des membres de l’Assemblée consulaire de la Chambre du Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT) a été suspendu par le ministre du Commerce, de l’Industrie, du Développement du Secteur Privé et de la Promotion de la Consommation Locale Kodjo Adedze. «Considérant le non-respect des conditions d’établissement des listes électorales dans chaque préfecture ou sous-préfecture, les mutations de certains agents du ministère de l’administration territoriale membres des commissions d’établissement des listes électorales, est suspendu jusqu’à nouvel ordre, le processus d’élection des membres de l’assemblée consulaire de la CCIT», a indiqué Kodjo Adedze.

Le ministre souligne la nécessité d’organiser des élections consulaires inclusives, transparentes et régulières.

La décision du ministre fait suite aux multiples contestations récurrentes venant des associations professionnelles et de certains opérateurs économiques.

La dernière contestation de ladite élection remonte au 25 août dernier. Elle est menée par l’association Togolaise des Opérateurs Économiques (ATOE). Cette organisation a dénoncé des injustices de la part de Germain Meba, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Togo (CCIT). Wiyaou Tchinde et ses collaborateurs parlaient notamment d’une fausse accusation de la part de M. Meba qui aurait planifié de les écarter des élections consulaires.

La décision ministérielle évoque les mêmes maux que dénoncent des associations professionnelles et certains opérateurs économiques.

Peu avant la sortie du ministre Adedze la semaine dernière, c’est une crise larvée au sein du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) qui conforte davantage les dessous puants de cette initiative du ministre des Affaires Etrangères Robert Dussey.

Le processus ayant abouti à la désignation des 77 délégués du HCTE le 10 septembre 2019 et la mise en place du bureau le 29 novembre 2019 a été le plus opaque. Et on ne doit pas être surpris des dysfonctionnements en cours avec l’éviction unilatérale de Nyanwo Gnadi Moustafa, Délégué du Brésil, Albert Katé, Délégué Etats Unis et Ayena Kodjo Dagbédji, Délégué Canada par le Vice-Président Zones Amériques Amah Kpatcha Bawubadi. Dans cette marmaille qui a obligé le ministre Dussey à dépêcher un de ses collaborateurs sur place pour recoller les morceaux, il se révèle que le Vice-Président Amah Kpatcha ne réside même pas aux Etats Unis avant de se faire élire au nom de la Diaspora. Comment cela est-il possible d’élire quelqu’un qui est à Lomé comme étant aux Etats Unis d’Amérique si ce n’est au Togo des Gnassingbé ? Un scandale peut en cacher un autre. Le Comité National de Riposte contre la pandémie a révélé une tentative de trafic de résultats de Covid-19 qui a conduit à l’arrestation de trois personnes. Il se rapporte que les présumés coupables ont été déférés en fin de semaine dernière à la Prison Civile de Lomé. Des sources crédibles avancent que c’est une fille d’un Colonel de l’armée togolaise qui a organisé le scénario en faveur de son copain libanais. Pour l’heure, un infirmier, un laborantin et un autre complice ont été déférés après la garde à vue au Commissariat d’Agoè-Nyivé.

Déclaré positif, la fille en question a tenté avec ses complices de changer le résultat pour permettre à son copain qui a déjà son billet en main de voyager. Tant pis pour la propagation !

Curieusement, la fille du Colonel n’est pas inquiétée. Au Togo, l’impossible devient possible. Pour couronner le tout, c’est le président de la HAPLUCIA Essohana Wiyao qui a présenté des excuses aux autorités pour dit-on, un mauvais relais par des médias de l’étude sur la perception et le coût de la corruption au Togo réalisée par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (INSEED) sur demande de la HAPLUCIA.

« L’étude n’a porté que sur la petite corruption, à savoir les pots-de-vin versés par les citoyens aux agents publics au cours des douze derniers mois qui ont précédé l’étude. Tous les pays qui ont eu à réaliser une enquête de perception et le coût de la corruption se sont aussi limités à l’estimation des pots-de-vin », précise le président de la HAPLUCIA.

C’est le rapport de cette enquête qui a été soumis à l’appréciation le 06 août dernier en vue de sa validation.

Essohana Wiyao explique qu’il n’a jamais été question lors de cette rencontre d’épingler certaines personnalités du pays. Et tout en déplorant le relais que certains médias ont fait des travaux, la HAPLUCIA a présenté ses excuses aux personnalités qui ont été touchées.

Comment comprendre qu’une étude qui a coûté plus de 80 millions FCFA au contribuable, le magistrat Wiyao tourne casaque pour présenter des excuses aux groupes d’individus reconnus comme très impliqués dans la corruption au Togo ? C’est bien le monde à l’envers.

Que dire devant des faits aussi graves qui n’émeuvent aucunement le chef de l’Etat Gnassingbé Faure et ses séides ? Ni plus ni moins, le Togo est un véritable repaire de faussaires.

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur No.948 du 07 septembre 2020

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