Une nouvelle privatisation s’annonce, mais dans le secteur de l’énergie. La Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) sera dans les prochains jours une filiale d’EDF. Un audit a été récemment réalisé au sein de l’entreprise confirmant ainsi la privatisation.  

Au Togo, il n’y a pas meilleur business que la privatisation des sociétés dont le capital est détenu par l’Etat. Après le secteur bancaire et celui des télécommunications, le gouvernement s’apprête à renouveler l’expérience des privatisations. Cette fois-ci, la cible se trouve dans le secteur de l’énergie, en l’occurrence la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET). Le géant français EDF (Electricité de France) détenu majoritairement par l’Etat français serait l’acquéreur. Selon les informations, l’acquisition de la CEET par le français EDF est entrée dans la dernière ligne. Un audit précurseur de l’ouverture officielle du capital a été réalisé.

La CEET est donc en train de vivre sa seconde privatisation après celle ayant donné naissance à Togo Electricité. On se rappelle que dans les années 2000, le Togo avait cédé une partie du capital de la CEET à deux sociétés, l’une canadienne (Hydro-Quebec) et l’autre française (Elyo). La suite a été un cauchemar pour les consommateurs qui ont subi pendant plusieurs années les ruptures d’énergie ainsi que des baisses de tension.

Togo Electricité a ensuite fait place à l’actuelle CEET après une rupture unilatérale du contrat qui liait le pays à ses partenaires. Alors que le contrat d’une durée de 5 ans devrait rapporter près de 22 milliards de francs CFA au Togo, ce dernier a été condamné à verser 29 milliards de francs CFA a Hydro-Quebec et Elyo par le Centre International de Règlement des Différends relatifs à l’Investissement (CIRDI).

L’autre épisode du feuilleton électricité au Togo, est l’arrivée de Contour Global à l’issue d’un contrat aux contours flous. C’était entre 2006 et 2008. Cette société américaine dont le gouvernement a vanté le miracle et qui a été appelée à la rescousse s’est révélée une véritable calamité. Non seulement la production des 100 Méga Watts n’a pas été au rendez-vous, mais aussi le coût de production s’est avéré plus lourd à supporter par le Togo. Trois fois plus cher que les prévisions. Au lieu de soulager la CEET, Contour Global a siphonné les finances de la compagnie nationale pour sa survie. La concession faite pour 25 ans a fini par mettre la CEET à genoux. Le consommateur en pâtit jusqu’à ce jour et subit régulièrement la hausse des coûts de l’électricité.

Avec la prochaine privatisation, des questions surgissent, notamment par rapports aux conditions de cession, aux clauses mêmes du contrat et surtout à son impact sur la bourse des consommateurs. EDF sera-t-elle le messie ou le tyran ?

Géraud A. / Liberté N° 3339 du 03-03-21