A Lomé, des Eglises fermées pour nuisance sonore/ Landry Banga

« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » (John Stuart Mill)

On dit souvent que votre liberté s’arrête aux portes où commencent celle des autres. Pour dire que tout est permis, du moment qu’on ne dérange pas autrui. Ou que l’intérêt du collectif prime sur l’intérêt individuel.

Parmi les nuisances qui portent atteinte à l’intégrité de l’homme, figure celles olfactives et sonores. La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) vient d’ouvrir la voie à des dénonciations, anonymes ou non déguisées. Elle invite les victimes de nuisances sonores à porter plainte auprès d’elle. Doit-on dire ouf ?

Si beaucoup de regards se tournent vers des bars, il y a aussi et surtout des églises dont les pasteurs confondent foi et vocifération. Et les Imams des mosquées. Ce n’est pas en élevant les décibels des hauts parleurs que les fidèles seront touchés par la foi que ces pasteurs et imams professent.

Pour certains bars, ce sont les riverains qui maugréent, mais de peur des représailles, ces derniers ravalent leur colère et frustration et supportent le mal. Alors que le bruit est nuisible à la santé, au-delà d’un certain seuil.

Mais la DCPJ ne doit pas s’arrêter à ce stade. Le vivre ensemble est aussi affecté par d’autres faits et gestes. Comme la vidange des puisards en pleine rue qui, en même temps que ces eaux fétides et nauséabondes polluent l’environnement où s’amusent souvent des enfants, empêchent les riverains pendant des heures de respirer l’air, ce souffle de vie.

Tard dans les nuits, que de fois n’a-t-on pas aperçu des ombres vider leurs puisards dans la rue ! Mais malheureusement, les odeurs disparaissent avant l’aube et seules demeurent des tracent du forfait. Pour dire que le flagrant délit ne tient plus au bout de quelques heures.

Nuisances sonores, visuelles ou olfactives, toutes portent atteintes au bien-être de l’humain. Et si la DCPJ tient à faire œuvre utile, elle doit prendre en compte toutes ces formes de nuisances et aller plus loin en mettant à disposition des citoyens un numéro WhatsApp de préférence, ceci permettra aux riverains lanceurs d’alertes de prouver ce qu’ils dénoncent et si possible de capter des images qui attesteront.

Mais l’initiative n’aura d’effet dissuasif que si les responsables donnent des suites aux dénonciations. Si, comme le dit le commissaire Ouro Bangana Abdou Manaf, il est aujourd’hui possible de faire constater les nuisances sonores par la Police, la Gendarmerie ou par les autorités municipales qui sont habilitées à constater cette infraction, les riverains qui osent dénoncer ces actes doivent bénéficier de couverture et ne pas se sentir livrés.

Déjà, il faut relever que la divulgation de numéros verts facilitera la disponibilité des uns et des autres à participer à la moralisation de la vie publique. Si le citoyen doit se déplace dans un poste de commissariat, une mairie ou la gendarmerie pour faire sa dénonciation, il est à craindre une désaffection des populations envers l’initiative. Des numéros WhatsApp feront l’affaire, assurément.

Godson KETOMAGNAN / Liberté N° 3339 du 03-03-21

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