« Monsieur le Président, je viens par cette missive vous convier à vous disposer à agir ensemble avec nous pour absoudre la providence de ce long règne du crime et de la tyrannie de plus en plus dégénérée ».
Ceci n’est qu’un extrait de la lettre que Nicolas Lawson a adressé au Chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre. Par cette lettre à objet, Missive d’ouverture et de suggestion, le président du PRR convie ainsi le candidat malheureux à la dernière présidentielle à faire front commun avec l’ensemble de l’opposition, pour contraindre le Chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé à aller aux réformes politiques. Il se projette d’ailleurs sur ce qui doit être dorénavant la lutte commune de l’opposition. « Il nous faut un grand changement radical. Nous devons prochainement mobiliser ensemble notre peuple pour lui proposer et l’accompagner pour créer une nouvelle gouvernance et engager la réforme entière de notre société. Il nous faudra des coups de génie pour réussir », avait-il écrit dans sa lettre. Voici l’intégralité de ce courrier…
Lomé, le 24 Janvier 2017
Monsieur Jean-Pierre FABRE
Président
Alliance Nationale pour le Changement
LOME – TOGO
Objet : Missive d’ouverture et de suggestion
Monsieur le Président,
Il est impératif de substituer dans notre pays la morale à l’égoïsme ; la probité à l’honneur ; les principes aux usages ; les devoirs aux bienséances ; l’empire de la raison à la tyrannie bouffonne du pouvoir ; le mépris du vice au mépris du malheur ; la fierté à l’insolence ; l’amour de la gloire à l’amour de l’argent ; la grandeur de l’homme à la petitesse des prétendus grands ; ..etc. Ce sont les vœux pour lesquels je vous écris encore. Je vous avais écrit en même temps qu’au Chef de l’Etat, en vous suppliant de vous rencontrer pour parler fraternellement pour le salut de notre patrie. Vous lui avez écrit pour demander une rencontre. Il vous a opposé cette attitude hautaine et dédaigneuse, indigne d’un homme d’Etat qui parle de réconciliation et de dialogue.
Pour Mr Faure Gnassingbé, signer un décret pour vous nommer Chef de file de l’opposition, c’est comme mettre un collier à un chien. Il n’a pour vous aucune considération tout comme il n’en a pas pour ceux qui ne sont pas servile et pour le peuple. Il se réjouit d’avoir organisé un sommet sur la sécurité maritime en Afrique, considéré comme futile et dispendieux par un ministre des affaires étrangères ayant participé à cette manifestation d’un pittoresque superficiel. Seule notre Assemblée nationale a ratifié la charte qui en est issue. Quant aux autres pays, ils l’ont déjà jetée dans la poubelle de l’histoire comme il jette lui-même à la poubelle les recommandations des commissions qu’il crée par décrets pris en conseils des ministres. Au moment où, même un Donald TRUMP parle de l’Amérique d’abord, notre Chef de l’Etat nous parle de sommets, en laissant des centaines de milliers de togolais dans la misère. Quel vaudeville tragique !
Monsieur le Président, je viens par cette missive vous convier à vous disposer à agir ensemble avec nous pour absoudre la providence de ce long règne du crime et de la tyrannie de plus en plus dégénérée. A l’occasion de la présentation des vœux, il a été organisé un cérémonial d’assujettissement des Présidents des institutions de la République pour en faire des valets aux noms desquels le ministre de la justice a lu un communiqué de soumission et d’approbation de la politique de banqueroute nationale et de l’inauguration du nouveau despotat. Le Chef de l’Etat a déjà produit la minorité qui, selon sa propre déclaration, s’accapare des richesses nationales. En les dénonçant publiquement, il fait d’eux des laquais dociles. Son Premier ministre actuel et son conseiller spécial Esso SOLITOKI sont les premiers suppôts de son sybaritisme. Vous avez vu l’équipe en ordre lors de la présentation des vœux aux diplomates.
Monsieur le Président, j’espère que vous n’avez plus d’illusion à propos des réformes constitutionnelles et institutionnelles ?
Le Chef de l’Etat ne souhaite pas les faire. Seuls les togolais ont désormais la légitimité et le pouvoir d’adopter par référendum une nouvelle constitution pour le pays. Je vous demande donc de vous apprêter à vous opposer à toute tentative de vouloir subordonner l’Assemblée nationale afin de parvenir à ses fins. Le peuple togolais est prêt à le congédier sans les révisions pour un mandat présidentiel limité à deux et pour des élections présidentielles à deux tours. Comme vous le savez aussi, toutes les institutions chargées d’organiser les élections sont à ce jour dévoyées, ostensiblement dissolues et d’exclusion. D’ailleurs le ministre de l’administration territoriale actuel n’a-t-il pas eu sa promotion à ce poste après son passage à la CENI, qui a organisé les dernières élections présidentielles frauduleuses ? Pouvez-vous encore faire confiance à la coterie à laquelle il appartient pour organiser une quelconque élection dans notre pays ?
Monsieur le Président, nous n’avons pas besoin de faire des coalitions avant de travailler ensemble pour briser les chaines de la nouvelle servitude. Le PRR n’a pas participé aux dernières élections législatives de 2013 et à l’élection présidentielle de 2015 pour ne pas handicaper votre parti et vous-même, et surtout afin de vous permettre de satisfaire des vœux de millions de togolais. Malheureusement, ils ont réussi à frauder massivement, à vous réduire et à vous humilier. Notre peuple continue donc d’être exposé à des déchirements, à la misère et à une forme de tyrannie si grotesque et si cruelle. Nous devons dire aux togolais que ce n’est pas à eux de nous seconder mais c’est à nous de les seconder mais en tenant l’étendard de la liberté, de la justice, de la dignité et de la démocratie.
Nous devons également dire à nos frères des forces de défense et de sécurité qu’ils ne sont en rien responsables du despotisme du régime mais qu’ils ont tout simplement respecté la pratique républicaine de soumission du pouvoir militaire au pouvoir civil. Nous devons aussi leur dire que nous sommes malheureux et opprimés par le pouvoir civil fraudeur, illégitime, injuste et brutal. Ils sont de plus en plus instruits et non des officiers sacs au dos comme c’était le cas auparavant. Aux soldats, nous devons nous engager fermement à améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles. Notre objectif suprême étant de répandre les bienfaits de la société sur chacun de ses membres. Ils nous comprendront et nous n’aurons rien à craindre d’eux. Ce sont nos frères et nous devons être solidaires, par exemple réclamer fermement l’application des nouveaux statuts de la police, etc.
Monsieur le Président, la haine de la contrainte, la détestation des injustices et l’amour de la liberté doivent nous unir pour assurer le triomphe de la cause sublime d’une véritable démocratie au Togo. Oublions un peu nos partis politiques car ce sont des instruments partisans et diviseurs. Entendons-nous pour établir ensemble un ordre social et économique juste dans notre pays. Nous devons œuvrer en synergie et avec un syncrétisme dynamique pour placer la prospérité de notre société dans le bonheur de chacun de ses membres, et sa force dans l’attachement de tous aux lois justes.
La richesse publique doit résider dans le travail acharné des enfants du Togo, dans la modération des citoyens et dans l’impartiale répartition des jouissances et des lumières. Les gouvernements successifs du Chef de l’Etat ont lourdement endetté notre pays, soit plus de 1750 milliards de FCFA en moins de 10 ans. Après l’attribution du bénéfice du PPTE, ramenant notre dette publique à 20% du Produit Intérieur Brut (PIB), ils ont ramené le pays à nouveau dans le PPTE en portant la dette à 75% du PIB, soit plus que la limite des 70% prescrite par l’UEMOA.
Le Chef de l’Etat a lamentablement échoué avec sa minorité. Aucun sommet, fut-il TOGO-MONDE, ne peut couvrir cette calamité. Il a ruiné notre pays et l’a fait reculer 20 ans en arrière car les crédits contractés ont été massivement détournés et les quelques infrastructures réalisées sont improductives. Il nous faut un grand changement radical.
Nous devons prochainement mobiliser ensemble notre peuple pour lui proposer et l’accompagner pour créer une nouvelle gouvernance et engager la réforme entière de notre société. Il nous faudra des coups de génie pour réussir. Avec la foi en Dieu, le courage et la volonté, nous étonnerons le monde et le Togo ne sera plus la dernière tyrannie en Afrique de l’ouest. Nous rendons hommage à nos frères de défense et de sécurité qui sont cooptés par la CEDEAO en Gambie. Que Dieu les protège et en fasse son instrument d’émancipation.
Dans l’attente de votre disposition favorable, je vous prie de trouver ici, Monsieur le Président et Cher frère, l’assurance de mes sentiments distingués et sincères.
Nicolas LAWSON
Président du PRR
source : T228