Lorsque le premier président du Ghana, Kwame Nkrumah, a conduit son pays à l’indépendance en 1957, il a déclaré que l’indépendance du Ghana « n’a de sens que si elle est liée à la libération totale de l’Afrique », ce qui reflète sa vision d’une Afrique unie.

La vision de Nkrumah, qu’il a plus tard dévoilé dans son livre Africa Must Unite, était d’avoir un gouvernement continental qu’il appelait « Les États-Unis d’Afrique », mais la route vers ce but a été difficile à cause de sa rivalité avec Sylvanus Olympio le premier président du Togo.

Unifier le Ghana et le Togo

Le désaccord entre Nkrumah et Olympio a commencé au début des années 1950, lorsque Gold Coast (ancien nom du Ghana) était sur le point d’obtenir son indépendance et de devenir le Ghana.

Le peuple Ewe a, en effet, beaucoup souffert du rattachement du Togoland à la Gold Coast suite au partage du Togo Allemand entre la France et l’Angleterre après la défaite allemande à la Première guerre mondiale.

Ce rattachement a de facto séparé de nombreuses familles et clans du peuple Ewé.

Au milieu des années 1950, alors que la Gold Coast s’apprêtait à devenir la nation indépendante du Ghana, l’avenir du Togoland était alors une préoccupation particulière. On se demandait si elle devait faire partie du Ghana indépendant ou la rattacher à sa terre d’origine c’est-à-dire le Togo Français.

Nkrumah et d’autres hommes politiques voulaient que le Togoland  fasse partie du Ghana, mais les hommes politiques de la région du Togo français, y compris  Olympio, appuyé par certains alliés du Gold Coast n’étaient pas d’accord.

Après la tenue d’un référendum en 1956, la majorité de la population du Togoland a décidé de rester au Ghana, ce qui a provoqué la colère d’Olympio et de ses alliés du Gold Coast.

Ainsi, lorsque Nkrumah devenu président, a voulu démarrer son projet d’Etats-Unis d’Afrique en intégrant le Togo au Ghana, Sylvanus Olympio– devenu Président du Togo- a préféré que le Togo reste indépendant, craignant qu’en étant intégré au Ghana, le peuple togolais ne risque d’être dominé.

A la place, Olympio proposait une réunification du peuple Ewe qui avait été largement divisé entre le Ghana et le Togo par le partage entre Français et Anglais.

« Après l’indépendance, les Français n’ont pas eu à  faire beaucoup d’effort pour empêcher le Togo et le Ghana de s’unir. Le travail avait déjà été fait pendant la colonisation. L’élite politique était devenue plus française que les Français eux-mêmes », analyse T. Ras Makonnen, un panafricaniste d’origine guyanaise qui a travaillé dans le gouvernement de Nkrumah.

Coups bas, coup d’Etat

Nkrumah s’est heurté à plusieurs autres leaders politiques comme Julius Nyerere de Tanzanie qui estimait que l’idée d’une unification  immédiate de l’Afrique était irréaliste. Ils pensaient qu’une approche progressive de l’unité était idéale.

Après 1961, les relations entre Nkrumah et Olympio sont devenues si tendues que le Ghana accueillait ouvertement les opposants  politiques d’Olympio, tandis que les opposants au régime de Nkrumah étaient accueillis au Togo.

On a signalé de multiples tentatives d’assassinat contre chaque dirigeant. Ainsi, lorsqu’Olympio a été assassiné lors d’un coup d’État militaire en 1963 et que son gouvernement a été renversé, de nombreux observateurs politiques ont conclu que Nkrumah était derrière le coup d’État.

Le gouvernement de Nkrumah a également été renversé trois ans plus tard, et beaucoup ont ensuite soutenu que les coups d’État dans les deux pays auraient pu être évités si Nkrumah et Olympio avaient été capables de se comprendre et de coopérer plus pleinement qu’ils ne l’ont fait.

nishamag

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