Ala’a Salah, la jeune femme de 23 ans, devenu figure de la révolution soudanaise qui a emporté l’ex-dictateur Omar El-Béchir | Photo : Twitter


Tout était parti d’une crise sociale. C’est l’histoire de prix de pain qui est devenue affaire de liberté avec son point d’orgue la destitution de l’autocrate Omar El Béchir. Après avoir surmonté plusieurs tempêtes dans son pays et défié la communauté internationale en exécutant des pas de danse comme pour dire à la CPI : « va au diable », le Prince soudanais n’avait pas bouché tous les trous. N’ayant jamais imaginé que le danger pouvait venir de là, lui qui comptait sur son armée qui lui était restée pendant longtemps loyaliste, a été resté surpris par la tournure des événements. Les contestations qui ont démarré le 19 décembre 2018 ont, dans un laps de temps, fini par l’emporter, le 11 avril. 

Et même si la si longue marche vers une ère nouvelle continue, on retient qu’en 4 mois seulement, les Soudanais, avec l’appui de l’armée, l’ultime arbitre de la circonstance, ont donné le coup de grâce à l’autocrate qui se croyait demi dieu. Mais cela n’était possible que grâce à la maturité d’un peuple avec une responsabilité exemplaire de l’Association des professionnels soudanais (APS) qui a fait un boulot de l’ombre.

Entreprise entre 2012 et 2014, d’abord de manière titubante, l’APS est un regroupement des défenseurs des droits de l’Homme, des syndicalistes, des associations, des médecins, des journalistes, des forces vives démocratiques, des avocats, des pharmaciens, des ingénieurs et aussi des professeurs. Une union inédite donc. Au 1er janvier, elle a réussi à obtenir plus de 22 signatures des formations politiques et les représentants des groupes armés, pour la Déclaration dite pour la liberté et le changement avec pour slogan « La poursuite du combat pacifique jusqu’à la chute du régime totalitaire ».

Avec cette pétition, l’APS a pu réussir le pari de la jonction des revendications. Le rôle des femmes qui ont écrit la révolution soudanaise « au féminin » a été très remarquable. Face à la confiscation de la révolution par l’armée, les Soudanais sont plus que mobilisés et déterminés. L’APS qui, depuis dimanche dernier, a suspendu les discussions avec le Conseil militaire de transition qui refuse de transférer le pouvoir aux civils, a appelé à la poursuite et l’intensification de la contestation qui ne fléchit pas. Depuis la destitution de l’autocrate, les alentours du QG de l’armée ne désemplissent pas. Les contestataires s’organisent au point de se relayer jour et nuit. Il y en a qui assurent la permanence.

Alors que les Burkinabé, les Algériens et puis les Soudanais sont venus à bout de leur dictateur en un temps record, au Togo depuis trois décennies, la lutte pour le changement est encore loin d’aboutir. L’hypocrisie, la duplicité des leaders, la commercialisation de la lutte, le manque d’organisation, de stratégie, ont fait seulement aligner au cimetière des négociations un quantum de tombeaux des accords. Pendant ce temps, la dynastie des Gnassingbé se perpétue sur fond de renouvellement cyclique des progénitures des caciques du pouvoir.

Du FRAC à la C14 en passant par le CAP 2015 et le CST, le Togo a connu plusieurs mouvements et regroupements qui ont dans leur palmarès réussi le pari de la mobilisation pour l’alternance au Togo. Mais malheureusement, les différentes mobilisations qu’a connues le pays n’ont pas été capitalisées.

Au contraire, elles ont toutes fini par être fragilisées par des querelles intestines. La dislocation de la C14 est la dernière en date. Alors que Faure Gnassingbé fait tout pour sécuriser son bail à vie au pouvoir, on s’entredéchire au sein de l’opposition, on se sert des réseaux sociaux pour se livrer la guerre. Ainsi va l’histoire de la lutte pour l’alternance au Togo.
 

 
Source : L’Alternative
 
Video : The Guardian (UK)
 

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