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Le respect des lois qu’on se donne est liberté, enseigne l’adage. Sujet sensible ? Crainte de heurter des susceptibilités ? Il faut avoir le courage d’avouer qu’au Togo, le respect du code de la route ou des bonnes manières de la part des usagers est toujours aux antipodes des normes. Mais le citoyen doit-il toujours apercevoir un homme en uniforme au milieu d’un carrefour avant de s’exécuter, non pas à ses dépens, mais pour préserver le la paix dans la cité ? Le constat est plus patent, surtout lorsqu’on regarde la pratique ailleurs.

Si le trafic dans la capitale togolaise était dense, comparativement à Cotonou, Accra, Ouagadougou ou encore Abidjan ou Dakar, on comprendrait. Mais lorsqu’on fait un tour, ne serait-ce que pour quelques heures dans ces capitales, le constat est frappant : les usagers de la route ne klaxonnent pas sauvagement. En plus, il est très fréquent de remarquer que lorsqu’un autre usager tente de s’engager sur une voie principale, les autres ne tardent pas à lui céder le passage. Au niveau des feux de signalisation, leur violation semble extirpée des habitudes des citoyens de ces pays. Une situation qui oblige à des comparaisons avec les tendances au Togo.

Feux tricolores

Bien que les feux ne comportent que trois couleurs, le comportement des uns et des autres laisse souvent penser qu’après l’orange et le rouge, synonyme d’arrêt, il y aurait une couleur noire ou une tête indiquant un danger de mort avant que certains usagers –motocyclistes la plupart du temps, et automobilistes- ne consentent à s’arrêter vraiment. Une situation qui a déjà causé des morts inutiles à plusieurs endroits de la capitale togolaise. Et pourtant, les carrefours qui font patienter le plus obligent à des arrêts qui ne durent pas 2 minutes d’horloge : Hanoukopé, LONATO, Lycée de Tokoin, Cica Toyota, Nina, GTA. Mais pour moins de 2 minutes d’arrêt, des vies ont été fauchées sur les routes togolaises, à des carrefours où existent des feux tricolores.

Klaxonnement à tout va

Pour avoir observé la pratique ailleurs qu’à Lomé, on s’est parfois demandé s’il ne serait pas bien que tous les véhicules qui sont envoyés au Togo –non pas en transit- soient dépourvus de klaxon. Simplement parce que ce faisant, on éviterait des haut le cœur à certains citoyens sensibles aux bruits soudains. Des véhicules qui klaxonnent sauvagement pendant que leurs conducteurs voient de loin l’engagement d’un autre usager, d’autres qui appuient sur cet objet à rompre les tympans parce qu’un piéton arrêté sur le passage piéton a esquissé des pas pour traverser la voie ; c’est à croire que personne ne doit traverser la chaussée pendant que certains roulent.

Pour les conducteurs de motos, le phénomène est encore plus embêtant. De même que pour les taxis. Toujours occupés à rechercher des passagers, certains conducteurs klaxonnent même dans la nuit. Alors qu’en ce moment, ce sont les phares qui doivent prendre la relève des klaxons. Finalement, on klaxonne pour interroger le passant pour savoir s’il veut monter, mais on klaxonne sévèrement lorsque celui-ci veut traverser la voie. L’intérêt personnel prime sur toute autre considération sur les routes togolaises.

Les dépassements par la droite

Si les croisements se font par la gauche, les dépassements aussi suivent ce protocole. Mais parce que le conducteur de moto se dit pressé, il devient fréquent d’assister à des dépassements par la droite. Et gare à celui qui, face à l’urgence, se rabat sur sa droite au moment où le super conducteur manoeuvre pour le dépasser par sa droite. Insultes et autres insanités l’accueillent. Mais il arrive que plutôt que de rouler sur la partie de la chaussée qu’il convient, des usagers se plantent au beau milieu de la voie et fusillent tous ceux qui, incapables d’amorcer le dépassement par la gauche, se sentent obligés de le faire par la droite. Ces cas aussi sont légion.

Les carrefours sans signalisation

A Lomé et ailleurs dans le monde, il y a plus de voies non goudronnées que goudronnées. Du coup, le législateur a convenu qu’au croisement de voies dont la priorité n’est pas déterminée, ce soit la loi de la priorité à droite qui prime. En dautres termes, que ce soient les usagers dont la droite est libre qui s’engagent en premier. Mais trop souvent, non seulement celui dont la droite n’est pas libre fonce pour passer le premier, mais en plus il toise et traite de tous les noms d’oiseaux celui qui arrive par sa droite et à qui il devrait céder le passage. Des accidents bêtes sont arrivés et continuent de se produire du fait de la méconnaissance de cette règle élémentaire.

Priorité aux véhicules prioritaires

Parce que l’usager togolais n’a pas la culture du sacrifice, il a du mal à faire sienne l’urgence qui veut qu’au son d’un véhicule prioritaire, il serre automatiquement sur le côté pour laisser passer d’abord le véhicule en question. Trop souvent, les voitures des sapeurs-pompiers et les ambulances se retrouvent coincées dans des embouteillages, non pas de façon involontaire, mais parce que beaucoup de conducteurs, bien qu’écoutant la sirène d’urgence, persistent à continuer leur progression sans obtempérer de suite. Et c’est lorsque leur devant est bouché qu’ils font semblant, eux aussi, de vouloir serrer sur le côté. Sans jamais se dire que celui que le véhicule prioritaire transporte pourrait être un parent à eux qui a besoin en urgence de soins pour rester en vie. L’enfer, ce peut ne pas toujours être les autres.

La présence de policiers dissuade

Combien de temps le conducteur togolais mettra-t-il avant de se dire que la vraie démocratie n’a pas besoin d’hommes en treillis ? Souvent aux grands carrefours, les bouchons sont le fait de l’impatience des hommes. Surtout aux heures de pointe. Or, des heures de pointe, il en existe dans tous les pays au monde. Mais pour quelles raisons Lomé, qui ne dispose pas de voitures aussi nombreux qu’Accra, Ouagadougou, Cotonou, Lagos ou encore Abidjan, ne peut-elle pas respecter les feux de signalisation et qu’il faut toujours la présence de policiers pour dissuader les durs d’oreille ? L’alternance politique est un voeu de beaucoup, mais sans une alternance intérieure pour donner place à plus de patience et de respect, celui qui sera à la tête du pays risque de se dire que seul l’usage de la force via les hommes en treillis peut lui permettre de gouverner sans risque. Et ce serait très dommage pour tout le monde.

Godson K.
 
source : Liberté
 

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