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ANALYSE DU 1er JUIN 2013

 
Alors qu’il s’agissait de procéder à un simple interrogatoire de deux figures clés du Collectif Sauvons le Togo (CST), – un mouvement regroupant les figures de la société civile et des partis politiques militant pour une alternative au règne de 46 ans du pouvoir Gnassingbé (38 du Père et 8 du fils) -, l’ex-Commandant Olivier Poko Amah, actuellement Président de l’Association des Victimes de la Torture au Togo (ASSVITO) et Mr Abass Kaboua, Président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC) ont été arbitrairement arrêtés les 27 et 29 mai 2013, battus et trainés par terre en guise d’humiliation avant d’être transférés dans des prisons à l’intérieur du pays (Mango pour le premier, Notsé pour le second) 1.
 
1. LA « NORMALE » TORTURE AU TOGO
 
Les autorisations judiciaires ne sont intervenues qu’à postériori. Les vices de forme et de procédure flagrants témoignent de la « haine » qui anime le pouvoir de Faure Gnassingbé à l’endroit de certains opposants très populaires au sein de la population togolaise pour leur courage, leur franc-parler et surtout leur conversion aux valeurs républicaines. On n’est manifestement plus dans le champ du droit, ni même dans celui de la politique, mais tout simplement dans la « vendetta » à la Gnassingbé. Cela fait 46 ans que cela dure. On préfère aller parler des droits humains quand il s’agit de gêner la Chine avec le Dalaï Lama au Tibet que de mettre fin à ce qu’il faut bien appeler la complicité implicite de ceux qui s’accommodent des systèmes de la contre-vérité des urnes en Afrique, au Togo en particulier.
 
Pour le système de parti RPT/UNIR/UFC (partis au gouvernement), il s’agit en fait de punir ces deux figures de l’opposition togolaise pour leurs opinions, par ailleurs connues de tous. Les fausses accusations proférées pour justifier les arrestations ne tiennent pas, face à une procédure juridique et légale « normale ». Mais voilà, rien n’est normal au Togo. Quelle que soit la teneur ce qui a été dit et perçu par le pouvoir de Faure Gnassingbé comme pouvant éventuellement portant atteinte à son pouvoir, le droit togolais, s’il était appliqué à la lettre, permet de porter plainte et de laisser les personnes concernées en liberté pour organiser leur défense. Malgré les imperfections de la justice togolaise, après que l’ensemble des procédures judiciaires aient été menées à leur terme et si en dernier ressort la justice donne raison à l’Etat togolais, alors seulement les sanctions peuvent tomber… Toutefois, pas avant que soit écoulé le temps « normal » de la justice togolaise… à savoir entre 6 et 12 ans. Mais, le système « normal » de la justice togolaise consiste d’abord à abuser de la force régalienne de l’Etat, force qui ne repose pas sur la vérité des urnes. Il s’agit donc :
 
1 – d’attraper manu militari les personnes cibles sans mandat et sans respecter les procédures de droit en vigueur au Togo ;
2 – d’en profiter pour les battre discrètement et copieusement ;
3 – de les humilier en s’assurant qu’elles goûtent à la poussière rouge des routes non bitumées du Togo ;
4 – de procéder à des interrogatoires plus ou moins musclés suivant que le présumé innocent est désigné d’office comme coupable ;
5 – de monter une liste d’accusations fantaisistes et tenter de les faire avaliser par des aveux rapides et sous la torture, tant de la part des prévenus que des membres de leur famille, apeurés ;
6 – de les empêcher d’avoir accès à leur avocat et à leurs proches tout en supprimant tout contact avec l’extérieur et en profiter pour saisir les téléphones portables ;
7 – de les déférer dans les prisons du Togo, si possible à l’intérieur du pays, pour éviter qu’une manifestation de l’opposition ne vienne trouver des militaires ou autres corps habillés qui pourraient décider de les sortir de prison, comme le permet indirectement un article de la Constitution togolaise qui permet la désobéissance civile et donc militaire ;
8 – d’attendre de voir les réactions internationales et s’assurer que les pays appuyant le régime de Faure Gnassingbé ne bougent pas. Alors tout devient possible, y compris la mise en danger de la vie 7 et de l’intégrité physique des personnes arrêtées ;
9 – au cas où les réactions nationales et internationales sont trop importantes et risqueraient de déstabiliser le régime, alors une sortie de prison est organisée en catimini, de préférence la nuit, avec des faux aveux et des demandes de pardon imaginaires avec interdiction de s’exprimer dès la sortie de prison ;
10 – Si, au cours de leur détention arbitraire, les présumés innocents n’ont pas fait l’objet d’ingurgitation non sollicitée de produits non identifiés pouvant causer la mort ou des handicaps à court ou à moyen et long-terme, alors il faut faire attention de ne être l’objet d’un accident de la circulation quelque part où il n’y a jamais de témoins oculaires déclarés.
 
Voici le résultat des années de financement de l’Union européenne pour améliorer les comportements des agents de l’administration togolaise en charge de la sécurité des populations au Togo ainsi que l’amélioration du système judiciaire togolais. Quel franc « succès » ?
 
Entre normalité et indifférence, les pays dits des droits humains font d’abord passer leur intérêt et ceux d’une partie leur secteur privé protégé, avant toute considération humaine des populations, ce plus particulièrement dans les ex-colonies.
 
2. ACCAPARER LES RICHESSES DES TOGOLAIS VIA UN FOND SOUVERAIN NATIONAL
 
C’est ainsi que l’on retrouve comme actionnaires les noms d’hommes d’affaires et investisseurs privés dont certains ne sont pas connus pour leur éloge de la transparence des comptes publics, ni des comptes privés d’ailleurs 2. Il s’agit bien d’un fond souverain national au Togo qui ne dit pas son nom et dont le principe fondateur ne permet pas de croire à une transparence des comptes, encore moins à des procédures d’appel d’offres, puisqu’une société désignée par ce même groupe est chargée, vraisemblablement à partir d’un gré à gré, d’organiser des affaires qui vont échapper à tous contrôles extérieurs, etc. Bref, le conseil judicieux du « Togo Presidential Investment Advisory Council » (TPIAC), une structure togolo-internationale de conseil de Faure Gnassingbé, dont les membres et leurs réseaux se retrouvent dans la société « Togo Invest Corporation » que préside Faure Gnassingbé, ont principalement pour objet de mieux continuer l’exploitation des mines et d’acheminer les matières premières directement au port pour l’exportation directe sans transformation et sans répartition des bénéfices pour la population togolaise, ni création d’emplois. L’aspect industriel semble avoir échappé à la vigilance de ces grands conseillers investisseurs qui préfèrent l’ombre (certains diront les ténèbres) à la lumière 3.
 
Avec le lancement le 28 mai 2013 de la société au capital de 20 milliards de FCFA (soit 30,5 millions d’Euros) dont 25 % (7,6 millions d’Euros) sont déjà libérés, il faut croire que Faure Gnassingbé ne souhaite absolument pas que de simples citoyens togolais deviennent actionnaires d’une société qui a pour objet d’exploiter unilatéralement les richesses du Togo. Rappelons tout de même que le communiqué de la présidence de la république du Togo précise que le taux de pauvreté au Togo est de 58,7 %, le sous-emploi de 29,1 %, et profite de l’occasion pour mentir sur le taux de chômage estimé à 3,5 % 4. L’Organisation internationale du Travail des Nations Unies, estime le chômage en Afrique subsaharienne autour de 26 %. Le chômage au Togo, intégrant le secteur informel non enregistré, est largement au-dessus avec des estimatifs des organisations internationales et se situerait autour de 40 % 5. Il faut savoir qu’en avril 2012, le taux de chômage quantifié (sans le secteur informel) du Togo a été estimé à 33 % avec plus de 10,4 % parmi les jeunes 6.
 
Par ailleurs, la « thérapie de choc » proposée par le « Togo Presidential Investment Advisory Council » (TPIAC) – que le Gouvernement togolais s’est approprié -, pour sortir le Togo de cette impasse, ne pourra pas fonctionner avec une projection future du taux de croissance annuel autour de 7 % (actuellement en 2013, le Togo est proche de 5 %) si celle-ci se double d’une corruption, d’un accaparement des ressources non transformées et transférées à des actionnaires préoccupés par leur seule rétribution sous forme de dividendes, excluant en priorité le peuple togolais. La lutte contre la pauvreté prônée par un tel gouvernement ne peut qu’être du vent frais de l’harmattan togolais. Aussi, la seule responsabilité incombe à 46 années de gouvernance Gnassingbé et consorts. L’UFC ne vient que prendre sa part en laissant le peuple togolais continuer à croire à l’homme providentiel en politique. Il faut faire jouer la séparation de l’église et de l’Etat là aussi.
 
3. FAURE GNASSINGBÉ A PEUR DES VÉRITÉS DE MRS AMAH ET KABOUA
 
Ainsi, M. Le Commandant Olivier Amah, ex-patron des services de renseignements (SRI) du Togo et M. Abass Kaboua, parce qu’ils disposent d’une connaissance approfondie du système Gnassingbé, sont-ils perçus comme des menaces pour la gouvernance d’une telle société qui risque, sans un contrôle public et par le peuple, de dériver rapidement vers une simple usurpation des richesses du Togo pour le seul bénéfice d’intérêts privés, ce au détriment de l’intérêt général du peuple togolais.
 
 
1er juin 2013.
Dr Yves Ekoué AMAÏZO
 
Coordonnateur général
 
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