Le phénomène de la vie chère qui étrangle le Togo depuis quelques années ne cesse de s’amplifier pour atteindre des proportions inquiétantes. En dehors des denrées alimentaires qui étaient touchées, le phénomène embrase aujourd’hui tous les produits. Face au manque d’initiatives de la part du gouvernement pour alléger la souffrance des Togolais, monstrueusement étranglés par le phénomène, ces derniers n’ont aucune alternative autre que de souffrir en silence.

Il se manifeste par une hausse exécrable des prix des produits de première nécessité tels que les céréales, le lait, l’huile, la farine le blé, la cosette, la viande, le poisson, etc. Le bol de maïs qui se vendait à 500 FCFA en mars dernier, monte actuellement à plus de 900 FCFA . Les autres produits de consommation importés ne sont pas épargnés. Ils enregistrent une hausse d’environ 40 % . Les matériels de constructions qui sont tout aussi concernés, coûtent les yeux de la tête. Les consommateurs ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, le Togo ployait sous le poids écrasant d’une hausse des prix du carburant à la pompe ajoutée à celle d’une multitude des taxes dont celles sur les véhicules à moteur aux péages. Ce qui a eu des répercussions notables sur tous les secteurs d’activité, surtout sur les transports, un maillon incontournable de la chaîne d’approvisionnement des produits de consommation. «Si le secteur connaît une hausse, cela va automatiquement impacter la pyramide de fixation des prix des produits de consommation », reconnaît Albert Mensah, un expert en logistique. D’aucuns estiment que le phénomène résulte directement de la crise sanitaire mondiale qui a conduit à un recul des activités économiques dans toute la région ouest-africaine après la fermeture des frontières en 2020.

Dans le monde agricole, sont indexées, les conditions climatiques peu favorables à l’origine des récoltes inférieures aux prévisions dans la sous-région rendant ainsi le marché céréalier régional peu stable. Ce qui a contraint certains pays voisins à se tourner vers le Togo pour s’approvisionner en céréales : une opération qui n’a pas permis au Togo de maintenir les prix sur le marché local en dépit d’un excédent céréalier d’environ 70 000 tonnes au cours d’une précédente campagne agricole. Par conséquent, les autorités togolaises ont pris des mesures protectionnistes en interdisant l’exportation des céréales. Désormais, l’exportation de certains produits de grande consommation est soumise à autorisation. D’autres acteurs affirment que la persistance et la généralisation du phénomène sont plutôt causées par les effets pervers de la guerre en Ukraine. Pour s’en édifier il suffit de considérer le volume du pain qui a considérablement diminué alors que les prix sont laissés intacts, la raréfaction de certains produits pétroliers qui créent de longues queues interminables dans les stations d’essence et l’augmentation vertigineuse des prix de certains produits d’équipement. Dans les rangs des défenseurs des droits des consommateurs togolais, le phénomène n’échappe à personne : « Depuis quelque temps, les prix des céréales, des produits de première nécessité et matériaux de construction connaissent une flambée dans notre pays. Cette situation critique en cette période de crise sanitaire impacte négativement le panier de la ménagère et rend difficile l’accès aux produits de consommation au regard des difficultés financières de nos concitoyens malgré certaines actions louables du gouvernement en faveur des populations sur le plan social et économique », précise un communiqué de l’Association togolaise des consommateurs qui estime que : « Le mutisme des pouvoirs publics laisse libre cours à des spéculations dans le circuit commercial et de distribution. » Le mutisme des pouvoirs publics a conduit à l’émergence des spéculations de tout genre. C’est le cas de certains opérateurs économiques qui ne reculent devant rien pour se remplir injustement les poches. « Certains commerçants véreux essaient toujours de créer une pénurie artificielle par rapport à un certain nombre de produits de grande consommation. Notre association est même intervenue pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur ce genre de pratiques », indique Fridolin Kofi Adonsou, chargé des affaires juridiques à l’Association togolaise des consommateurs (ATC).

Les prélats togolais, pour la première fois, se sont joints au lot des dénonciateurs en interpellant les autorités togolaises sur le phénomène de la vie chère. Quant aux autorités togolaises, elles ont juste annoncé un taux d’inflation record de 4,1 %, une première de puis une décennie. « Pour la première fois depuis 10 ans, le taux d’inflation moyen a atteint un niveau exceptionnel de 4,1 % au terme des neuf premiers mois de l’année 2021 », confirme Sani Yaya, ministre de l’Économie et des Finances. Depuis, le geste tant attendue des populations de la part du gouvernement se fait toujours désirer. A la différence de nombreux pays, le Togo, à ce jour, n’entreprend rien pour alléger la souffrance des populations. Or les occasions ne manquent pas. Une révision consistante à la baisse des taxes, impôts et frais de péages et autres ajouté à une subvention sur des produits de premières nécessités pendant quelques mois pourront ramener le sourire aux lèvres des consommateurs, qui ne finisse pas de tirer le diable par la queue. Les Togolais totalement impuissants, continue de souffrir dans leur chair en vivant le phénomène dans le silence.

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