Si Faure Gnassingbé pouvait écouter… Si Faure Gnassingbé pouvait se donner une autre dimension… Voici donc ce qu’il pourrait faire, et s’engager à le mettre en œuvre : créer une commission multipartite, indépendante, pour une solution politique pratique et réaliste au Togo, la « Commission Édem Kodjo ».

La CEDEAO a échoué au Togo, lamentablement. Cette « facilitation de la CEDEAO qui s’est révélée désastreuse » n’a eu de cesse d’interpeller les Togolaises et les Togolais eux-mêmes. Nous avons eu droit dernièrement au verdict de Mgr Philippe Kpodzro. Aujourd’hui, c’est Édem Kodjo qui sort de son mutisme. Compréhensible : nous n’avons qu’un seul Togo.

Et, qui connaît l’homme ne doit pas s’en étonner. La judicieuse interview accordée au bihebdomadaire l’Alternative remet les choses à l’endroit. L’interview de l’ancien Premier ministre Édem Kodjo intervient après la sortie partisane annonçant la candidature de Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat en 2020. À cette annonce d’ailleurs, la première réaction officielle de rejet et même d’indignation est venue de la société civile, notamment de l’ASSVITO et de son président, Kao Atcholi.

Que ce soit le vénérable Mgr Kpodzro ou l’intrépide président Atcholi, chacun a fini par en appeler « à la sagesse du Chef de l’État » qui, lui-même, reste l’objet de la crise au Togo, afin de « trouver une alternative qui puisse répondre efficacement à la crise sociopolitique pour une solution durable et sans effusion de sang en 2020. »

Des insuffisances de la CEDEAO aux sorties avisées de certains compatriotes togolais, en passant par les préparations qui se font dans les camps politiques divers, tout ceci rend l’avenue contributive du GF Édem Kodjo très pertinente et congruente. Renvoyons donc Édem Kodjo au devoir de regrouper autour de son expérience nationale et internationale, la douzaine ou la quinzaine de personnes de tous les partis et entités qui soient « capables de s’asseoir et de faire avancer notre cause commune », en tant que solution générale à proposer à l’ensemble des citoyens du Togo.

Comme le dit Édem Kodjo lui-même, et nous en convenons aisément : « l’alternance est une chose partagée par la très grande majorité des Togolais. Il y a ceux qui l’avouent, il y a ceux qui le pensent intimement. Mais si l’alternance devait signifier la victoire d’un camp sur l’autre, elle ne se réalisera pas. N’ayons pas peur de nous dire crûment la vérité. Une preuve ? Les élections législatives unilatérales n’ont donné la victoire au camp présidentiel, mais cette victoire à la Pyrrhus ne sert à rien, ne résout rien. Il en est de même lorsqu’on considère le mal togolais dans sa globalité. »

Voilà que tout ceci dépend de la volonté et de l’humilité de Faure Gnassingbé. Du moins, nous continuons à le penser. Nous continuons surtout à penser que des voies de dégagement et de préservation de tous nos désirs et particularités du vivre-ensemble dans une nouvelle République existent encore. Ces voies ne seront pas faciles à identifier, à explorer et à mettre en œuvre. Mais cette indépendante et sincère tentative, la millième du genre au Togo, vaudra toujours la peine, pourvu que celui qui détient et confisque le pouvoir accepte de s’élever par saine et républicaine humilité.

Pierre S. Adjété

Faure Gnassingbé, plus que quiconque, sait pourquoi le devoir d’humilité lui revient au Togo. Nul n’a besoin de le lui rappeler. Le temps court, inexorablement. Cette volonté nouvelle de servir affichée par Édem Kodjo, est loin d’une flagornerie ; elle correspond parfaitement aux expériences politiques qui servent à débloquer les situations comme celles du Togo. Si tant est que les uns ne triomphent guère des autres au Togo, une solution pratique et médiane comme la Commission Édem Kodjo est une issue de secours pour tous les citoyens. Nous y croyons… Pourvu que…

 
Pierre S. Adjété
13 février 2019
 

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