Patrick_DIELLO


© togoactualite – Etudiant et déjà patron d’entreprise, voilà l’histoire particulière de Patrick DIELLO, un jeune togolais d’une vingtaine d’année. Après un séjour en Inde où il apprit les techniques de production du jus à base de canne à sucre, revenu au pays, il dirige une entreprise spécialisée dans la production de ce jus. Même s’il reconnait qu’il est difficile d’allier les études à l’entrepreneuriat, le jeune entrepreneur est encore plus amère contre les conditions d’installation des primo entreprises qui n’ont pas des facilités.
 
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Togo Actualité : Vous êtes étudiants et vous menez une activité entrepreneuriale ?
 
Patrick DIELLO : Exactement, c’est justement pour répondre à cette question que je me suis engagé dans l’entreprenariat. J’ai eu la chance de voyager, de découvrir sous d’autres cieux que l’élément principal qui contribue à l’économie des pays émergents c’est la jeunesse qui est d’autant plus une masse nombreuse. Dans ces pays les jeunes sont plus actifs dans le développement, et l’économie de ces pays évolue beaucoup plus.
 
C’est pour ça que dans ces pays, il y a des dispositions qui sont prises pour qu’au même moment qu’on étudie on peut entreprendre pour permettre le développement du pays.
 
Je me suis dis qu’il serait très intéressant que nous commencions par faire ces genres de choses ici aussi. Avant de commencer le jus de canne à sucre, j’étais étudiant en droit, je suis parti en Inde en 2011. C’est la bas que j’ai découvert que la canne à sucre à beaucoup plus de vertus que nous ne connaissons pas, il y a tout un univers autour de la canne à sucre que beaucoup de personne surtout dans nos pays africains, nous ne connaissons pas encore. C’est par hasard que je suis tombé dans le domaine de la canne à sucre et j’ai appris à faire ça. De retour je me suis dit il faut que nous commencions par faire ça au Togo. Il faut d’abord apporter l’innovation et en même temps inspirer d’autres jeunes à faire comme moi c’est-à-dire étudier et entreprendre.
 
Quand je suis rentré au Togo, j’ai laissé les études de droit car de toutes les façons je n’avais pas les moyens pour continuer et je me suis lancé dans l’entreprenariat et quelques mois après je suis revenu sur les bancs. J’ai commencé les études en communication des entreprises et dans peu de temps je vais passer mon brevet de technicien supérieur (BTS) (ndlr : il a déjà passé son BTS).
 
Togo Actualité : Est-ce facile de jumeler les études et l’entreprenariat ?
 
Patrick DIELLO : Non ! Ça n’a pas été facile. Mais quand vous avez de la motivation suffisante pour un projet vous pouvez y aller. Pour le moment je me suis engagé de telle manière que je suis dans le business le matin et l’après midi je suis au cours.
 
Togo Actualité : Et ça vous réussi bien ?
 
Patrick DIELLO : Au début ça a été compliqué mais pour l’instant je suis en train de m’habituer à ça. Avec le vent de tout ce que se passe actuellement autour de l’entrepreneuriat je pense que ça va aller.
 
Togo Actualité : Vous êtes basé à Togblékopé, une zone considérée comme une zone par excellence de production de la canne à sucre au Togo. Comment s’est fait l’acquisition du terrain. Comme êtes-vous arriver à trouver le terrain ?
 
Patrick DIELLO : Merci pour cette question, ça me permet d’évoquer un point qui me tient à cœur. En occident, il y a certaines villes qui sont identifiées à des activités qui sont faites dans ces villes. Au Togo, on connait Togblékopé comme une zone productrice de la canne à sucre. Maintenant comment faire pour maximiser cette potentialité, pour transporter cette potentialité en valeur ajoutée, je me suis dit qu’il faut que j’arrive à convaincre les autorités locales, tous ceux qui sont dans cette zone sur le bien-fondé de mon projet. Ça n’a pas été très difficile. Ces personnes m’ont orientée vers d’autres personnes qui pouvaient m’aider et l’acquisition du local n’a pas été très difficile. Je me suis convenu avec un grand entrepreneur du domaine aussi et de la localité avec qui je travaille en partenariat. L’idée fondamentale pour laquelle j’ai choisi Togblékopé parce que je suis à Lomé, c’est à Lomé que je fais plus de livraison, je pourrais choisir Lomé mais je me suis dis il faut que je sois proche de la zone fournisseuse pour établir une relation de confiance entre les producteurs et moi et en même temps faire découvrir à la population pour que désormais quand quelqu’un traverse la nationale N°1 de Lomé à Sinkassé, arrivé à Togblékopé il faut pas qu’on lui dise que c’est ici qu’on produit de la canne à sucre mais il faut qu’il sente ça en même temps par les transformations dans le milieu.
 
Togo Actualité : Comment se fait la transformation ?
 
Patrick DIELLO : Le jus de canne à sucre est 100% naturel, c’est-à-dire que c’est la première boisson à laquelle on n’ajoute pas d’eau, ni du sucre. Dans le processus on extrait le jus à base d’une machine que nous avons commandé de l’extérieur qui, ressort exclusivement le jus bien broyé de la canne qu’on passe ensuite au filtrage. Après on stabilise par une méthode qu’on appelle la pasteurisation qui est une méthode naturelle de stabilisation de boisson. Après pasteurisation, on met ça dans les bouteilles et on commercialise ça.
 
Togo Actualité : difficultés dans le démarrage de cette activité ?
 
Patrick DIELLO : Les difficultés rencontrées sont celles rencontrées par tout jeune entrepreneur togolais, c’est-à-dire que l’environnement au Togo n’est pas très propice pour les affaires, les coûts de communications sont chers, le déplacement coûte cher, le coût d’acquisition de certains matériel est très élevé. Ce sont des difficultés d’ordre général que nous rencontrons en tant débutant au Togo. A part ces difficultés, j’ai rencontré une grande difficulté dans l’acquisition de la machine qui devrait servir à extraire la canne sucre. Je ne l’ai pas trouvé ici, je suis allé au Ghana, je ne l’ai pas trouvé, je suis allé au Bénin, au Nigeria. C’est ce qui m’a même fait comprendre que le jus de canne à sucre stabilisé comme je le fais ici au Togo n’est pas encore fait dans ces pays alors il faut qu’ont dise que ce jus est l’un des produits exclusivement togolais dans la sous région. Il a fallu que je commande la machine de la Chine et du coup, le coût d’acquisition a été doublé par deux. L’autre difficulté est qu’il faut faire connaitre notre jus à la population car il n’existe pas avant donc il faut investir dans la communication et la distribution. Nous avons aussi quelques difficultés dans le financement que nous recevons puisque là actuellement nous sommes à court de financement.
Nous pensons à l’avenir livrer le Ghana et pourquoi pas les pays Européens.
 
Togo Actualité : Malgré tout, il y a des opportunités quand même ?
 
Patrick DIELLO : Oui ! Il y a d’énormes opportunités sur le chemin. Grâce au FAIEJ (ndlr : Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes ) nous participons à quelques rencontres d’hommes d’affaires qui nous découvrent et qui marquent un intérêt pour ce que nous faisons. C’est vrai qu’il y a quelques opportunités qui se font voir à l’horizon mais il faut être réaliste pour dire qu’une entreprise puisse gérer des bénéfices. Nous sommes au début mais l’univers n’attend pas, l’univers va à son rythme, il faut aussi que nous y allons à son rythme. C’est vrai qu’il y a des opportunités, il faut que nous maximisons ces opportunités pour pouvoir gagner.
 
Togo Actualité : Est-ce que l’espace togolais est propice à des jeunes entrepreneurs comme vous ?
 
Patrick DIELLO : C’est vrai que l’espace togolais pour des jeunes entrepreneurs est un peu difficile mais il faut toujours que certains osent pour pouvoir dégager ces barrières, je crois que c’est ce que nous sommes en train de faire. Il faut reconnaitre que c’est un peu difficile, de part les éléments que je viens de citer comme le transport, la communication, le pouvoir d’achat même qui ne permettent pas que les Togolais puissent consommer nos produits par rapport à nos coûts de production et par rapport à la marge bénéficiaire que nous ajoutons. C’est là quelques problèmes que nous avons. Le Togo vient de progresser de deux rangs dans le classement doing business de la Banque mondiale. Avec le temps, on peut aller plus loin que ça. Il faut être optimiste.
 
Togo Actualité : Vous employez combien de personne ?
 
Patrick DIELLO : Actuellement j’emploi cinq personnes mais trois d’entre elles sont temporaires parce que nous n’avons pas suffisamment de fonds pour une production pérenne.
Moi je dis que c’est possible de créer son entreprise avec zéro franc dans la mesure où le jeune sait réellement dans quoi il se met. J’ai un mentor en business, un franco-togolais, il a l’habitude de dire qu’au Togo, pour un jeune de réussir, il suffit d’avoir de la matière grise dans la tête et un bon cursus. Tout juste pour dire que quand tu sais là où tu vas-tu te donne à fond, donc quand tu as matière grise pour organiser, et tu as de l’énergie, des chaussures pour marcher pour aller vers les personnes pour les convaincre, c’est comme ça nous on a commencé cette activité. Au début, je n’avais rien, je marchais sur des distances par possible, j’allais vers des gens pour les convaincre, c’est avec le temps avec mon engagement que j’ai commencé par gagner la confiance des gens, c’est à partir de ces moments que les fonds ont commencé par rentrer. J’ai appris une chose : quand comme priorité le profit ou l’argent, la réalisation de son rêve devient impossible. Il faut avant tout identifier ce que l’on veut faire, y mettre beaucoup d’énergie et de la détermination, s’y consacrer à 100% et l’argent sera toujours au rendez-vous.
 
Togo Actualité : Est-ce que le produit est bien commercialisé ?
 
Patrick DIELLO : Oui, le produit est bien apprécié par ceux qui le découvre, la dernière fois lors des journées de l’entreprenariat du développement organisé par les FAIEJ, du 14 au 16 décembre 2014 notre entreprise a été sacré meilleur projet entreprenariat. Le sucre qui est dans la canne à sucre est un sucre naturel, les études ont été faits et on prouvé que le sucre naturel n’a pas d’effet nocif sur la santé des diabétiques. Beaucoup de personnes quand elles entendent jus de canne à sucre se demandent si ce n’est pas trop sucré. D’abord la canne à sucre n’est pas trop sucrée sauf pour ceux qui ne prennent pas la canne à sucre et dans le processus de stabilisation que nous faisons, nous revoyons à la baisse le taux de sucre pour que même les diabétiques puissent prendre ça.
 
lomévi (www.togoactualite.com)
 

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