Faure Gnassingbé ne manque pas d’occasion pour se peindre en champion de l’utilisation rationnelle des ressources nationales, de la bonne gouvernance tout court. Raison sans doute pour laquelle il avait reconnu tacitement le 26 avril 2012 dans son discours qu’une minorité de personnes accapare les ressources et crée ainsi l’injustice sociale.
 
Faure Gnassingbé et sa horde de conseillers inutiles et/ou affairistes | Caricature : Donisen Donald / Liberté
Faure Gnassingbé et sa horde de conseillers inutiles et/ou affairistes | Caricature : Donisen Donald / Liberté


Dans le cadre notamment du processus d’élection définitive au Millenium challenge account (MCA), il ne cesse de simuler un adepte de la bonne gouvernance. Mais il y a un fait contradictoire qui échappe au regard du commun des citoyens et qui va à l’encontre de cette vertu chantée. Il s’agit de l’overdose de conseillers et autres chargés de mission qui écument la présidence de la République et dont l’utilité est problématique. Et leur traitement devient une véritable charge pour le contribuable.
 
De l’organisation institutionnelle de la Présidence de la République
 
La Présidence de la République est une institution qui mérite une organisation sérieuse afin d’être efficace. Le décret N° 2009-221 PR du 19 octobre 2009 donne une idée de la composition de ses différents services. « Les services de la Présidence de la République comprennent : le Cabinet civil; le Secrétariat général de la Présidence; l’Etat-major particulier du Président de la République ; les cellules spécialisées directement rattachées au Président de la République; les conseillers spéciaux et personnels et le personnel directement rattaché à la personne du Président; les Services spécifiques », indique le tout premier article.
 
Des anciens ministres automatiquement recyclés en conseillers.
 
Il existe, entre autres structures, des cellules spécialisées de conseillers. « Le Cabinet civil compte deux cellules spécialisées de conseillers : la cellule chargée des questions diplomatiques et de coopération; la cellule chargée des questions économiques » ; «En cas de besoin, le Président de la République peut créer, par décret, d’autres cellules spécialisées de conseillers » ;
 
« Chaque cellule spécialisée du cabinet civil est dirigée par un conseiller principal nommé par décret, assisté par des conseillers techniques. Les conseillers techniques sont nommés par décret et sont appuyés par des chargés de mission, qui sont affectés par arrêté présidentiel » ;
 
« Les conseillers principaux des cellules spécialisées du cabinet civil sont responsables devant le Président de la République. Toutefois, ils accomplissent leurs missions sous la coordination du directeur du cabinet civil. Les conseillers principaux du cabinet civil assistent aux réunions du conseil de cabinet du Président de la République », indiquent respectivement les articles 15, 16, 17 et 18.
 
« Le Secrétariat général dispose de trois cellules spécialisées de conseillers : la cellule spécialisée de conseillers chargée des questions administratives et juridiques; la cellule spécialisée de conseillers chargée des questions sociales et culturelles; la cellule spécialisée de conseillers chargée des droits de la personne humaine et de la réconciliation nationale. En cas de besoin, le Président de la République peut créer d’autres cellules spécialisées par décret » ;
 
« Chaque cellule spécialisée du Secrétariat général est dirigée par un conseiller principal nommé par décret présidentiel. Le conseiller principal est assisté par des conseillers techniques. Les conseillers techniques sont nommés par décret. Les conseillers techniques sont appuyés par des chargés de mission nommés par arrêté présidentiel » ;
 
« Les conseillers principaux des cellules spécialisées du secrétariat général sont responsables devant le Président de la République. Toutefois, ils accomplissent leurs missions sous la coordination du Secrétaire général. Les conseillers principaux du Secrétariat général assistent aux réunions du conseil de cabinet du Président de la République », complètent les articles 40, 41 et 42.
 
Trop de conseillers et de chargés de mission
 
C’est toute une flopée de conseillers, ministres et autres chargés de mission qui écument la Présidence de la République. Certains sont devenus ce qu’il convient d’appeler les carriéristes du Palais. Nommés depuis l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir, et pour certains bien avant, ils y sont toujours. On peut citer:
 
Barry Moussa Barqué (l’éternel conseiller spécial avec rang de ministre),
Koffi Sama (idem),
Charles Debbasch, le monsieur contorsions juridiques de Faure Gnassingbé,
Edem Kodjo (ministre d’Etat),
Ingrid Awade (conseillère financière),
Colonel Badjona Songne (conseiller pour la santé),
Pitang Tchalla (conseiller),
des chargés de mission comme Koanka Lamboni, Mey Gnassingbé, entre autres.
 
Ce qu’il faut relever, c’est que le nombre de ces conseillers, chargés de missions (invisibles) et ministres à la Présidence va croissant au fil des années. Aux éternels autour de Faure Gnassingbé, s’ajoutent des vagues récentes. Les derniers de la série sont constitués :
 
des ministres à la Présidence comme Sylli Kpabré, Esso Solitoki,
des conseillers à l’instar des anciens ministres Yves Dogbé, Noupokou Dammipi, Djossou Sémodji, Dédé Ekoué Ahouefa et bien évidemment
Stanislas Baba (ministre sous Eyadema qui a connu entre-temps l’exil).
 
On peut citer en outre :
 
Koffi Sodokin (enseignant à l’Université),
la Béninoise Reckya Madougou Yèdo qui serait plus qu’une simple conseillère,
l’un des fils de Fambaré Ouattara Natchaba comme conseiller juridique (il s’ajouterait à la vague de jeunes que Charles Debbasch talonné par la sénilité serait en train de mouler aux iniquités juridiques pour le remplacer).
Sans oublier les nombreux enfants des barons d’Eyadema qui sont au service de la présidence.
 
Il y a également la colonie rwando-burundaise qui a pris d’assaut l’entourage du Prince et est plus référencée sur le terrain économique.
 
Comment ne pas parler du Général Raymond Germanos ? Depuis octobre 2013, ce haut gradé de l’Armée française est conseiller spécial chargé des questions militaires de Faure Gnassingbé et a pour mission de professionnaliser les Forces armées togolaises (FAT) pour en faire une armée de métier. Ce monsieur n’a tout de même pas une trop bonne carte de visite. Il fut ancien conseiller militaire des présidents camerounais Paul Biya et centrafricain François Bozizé qui ne sont des références morales en Afrique.
 
D’ailleurs en 2010, Raymond Germanos a été condamné en France, à dix mois de prison avec sursis pour avoir téléchargé sur son ordinateur plusieurs milliers de photos à caractère pédophile, et il était même requis sa radiation.
 
A tout ce lot, il faudra ajouter les myriades de conseillers anonymes qui écument le Palais de la Présidence et remplissent des rôles obscurs, loin des yeux et des regards indiscrets…
 

    Une coterie pour manger, des charges inutiles pour le contribuable
     
    Les rôles de ces multitudes de conseillers sont bien spécifiés :

 
« La cellule chargée des questions diplomatiques et de coopération a notamment pour missions de : assurer le suivi des dossiers diplomatiques et de coopération qui lui sont soumis; assurer le suivi des conventions et accords bilatéraux et multilatéraux; suivre et assurer la gestion des dossiers en rapport avec le Ministère des Affaires étrangères, les organisations internationales, les ambassades et consulats » ;
 
« La cellule chargée des questions économiques a notamment pour mission de : suivre la politique économique du pays, l’évolution de l’économie internationale, et les finances du pays; contribuer aux réflexions en rapport avec la prospective, le cadrage macroéconomique, la planification nationale et le budget; suivre la mise en œuvre des politiques sectorielles relevant du domaine économique ainsi que les réformes initiées dans le domaine et contribuer à leurs évaluations; traiter les dossiers économiques. Une attention particulière sera réservée aux domaines des mines, de l’agriculture et de l’environnement, des infrastructures, de la compétitivité, des réformes économiques, du secteur bancaire et de la privatisation. A ces domaines sont affectés spécifiquement des conseillers techniques chargés de leur suivi », stipulent respectivement les articles 19 et 20 du décret sus-évoqué.
 
Toujours concernant leur tâche, les articles 43, 44 et 45 indiquent respectivement :
 
« La cellule chargée des questions juridiques et administratives a notamment pour missions de : suivre le fonctionnement des institutions et des services publics; traiter les dossiers juridiques et administratifs; suivre et appuyer la gestion des dossiers en rapport avec l’Administration territoriale, le ministère de la justice et le ministère de la fonction publique » ;
 
« La cellule chargée des questions sociales et culturelles a notamment pour missions de : suivre la politique sociale et culturelle du pays; traiter les dossiers relatifs aux secteurs social et culturel; suivre et appuyer la gestion des dossiers en rapport avec l’éducation, la santé, l’action sociale, les femmes, les jeunes et la Société civile. Une attention particulière sera réservée au domaine de l’éducation, ainsi qu’au domaine de la santé et du VIH/SIDA. A ces domaines sont affectés spécifiquement des conseillers techniques chargés de leur suivi » et
 
« La cellule chargée des droits de la personne humaine et de la réconciliation nationale a notamment pour missions de : suivre les questions en rapport avec les droits de la personne humaine; suivre les questions en rapport avec la réconciliation nationale; suivre et appuyer la gestion des dossiers en rapport avec le Ministère des droits de l’Homme et la Commission vérité, justice et réconciliation ».
 
Mais au-delà de ces prescriptions juste institutionnelles, le commun des Togolais au nom desquels toute cette panoplie de conseillers, ministres à la Présidence et chargés de mission est recrutée, ne perçoit pas l’utilité de la plupart d’entre eux. Si le rôle de certains types de collaborateurs est plus ou moins notoire, d’autres donnent l’impression de n’exister que sur papier. Tout porte à croire qu’on ne nomme certains qu’en guise de gratitude pour services rendus, ou pour leur permettre de trouver des ressources pour entretenir leurs vieux os. Lorsqu’on observe bien le lot, on y retrouve des anciens ministres débarqués du gouvernement. « C’est comme s’il y a une règle non écrite qui dit que les ministres cadres du parti au pouvoir qui sont enlevés du gouvernement doivent être reversés au Cabinet de Faure Gnassingbé et nommés conseillers. Il y a Yves Dogbé, Solitoki Esso, Dédé Ahouéfa et Djossou Semodji au moins que l’on peut citer », relève un observateur.
 
Tout a l’air, au demeurant, d’une coterie pour permettre aux pontes du pouvoir de continuer à manger (sic). Malheureusement, ce sont des charges inutiles qui se créent pour le contribuable togolais qui ploie sous le coup de la misère. On peut alors comprendre aussi pourquoi au fil des années, le budget de la Présidence de la République augmente de façon exponentielle, dépassant de loin ceux accordés aux secteurs prioritaires. De 7 938 979 FCFA en 2009 – certains l’avaient critiqué en son temps -, le budget de la présidence passe à 13 949 635 000 FCFA en 2014 et à 14.491.529.000 FCFA en 2016
 
Source : [02/05/2016] Tino Kossi, Liberté / 27avril.com
 

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