Ce n’est plus une blague ou une invention, le coronavirus est bien présent dans nos murs. D’un cas unique, on est passé à seize (16) en l’espace de deux semaines. Et la tendance risque d’aller crescendo. Au regard des limites traditionnelles du système de santé au Togo, il faut redouter un véritable drame en perspective en matière de gestion des malades…

De mal en pis

C’était l’indifférence au début, même si l’on avait écho des ravages de la maladie sous d’autres cieux, notamment en Chine, en Italie, en France, etc. C’était la même attitude avec l’arrivée du virus sur le continent africain en général. C’était toujours pareil à l’annonce, le vendredi 6 mars dernier, du cas unique au Togo, la patiente de 42 dont la nationalité n’a jamais été révélée. Même là aussi, beaucoup avaient cru au début cachant de l’intox à d’autres desseins du pouvoir, sentiment renforcé avec la communication cinq (05) jours plus tard, de la disparition des symptômes de la maladie chez elle. Mais depuis jeudi et vendredi derniers, chacun est revenu sur terre.

Le nombre des personnes infectées est monté en flèche en l’espace de deux semaines, d’une en réalité. Huit (08) ont été annoncées le jeudi 19 mars, trois (03) le lendemain et quatre (04) samedi. On se retrouve donc aujourd’hui avec quinze (15) cas confirmés de plus, ce qui revient à seize (16) au total. Et la série est loin d’être à son terme. D’ailleurs beaucoup de sources hospitalières parlent de chiffres savamment diminués pour éviter d’affoler la population et qu’en réalité, les personnes infectées dépassent de loin ce nombre officiel. Une chose est certaine, le nombre de malades risque de monter en flèche les heures et jours à venir.

Depuis la fin de la semaine et ces annonces enchainées, la psychose est manifeste. Beaucoup de Togolais qui étaient indifférents, sont allés se procurer des barrières de protection, entendu des cache-nez, masques, gants et autres solutions hydro-alcooliques pour se prémunir. Vendredi et samedi, il était loisible de voir nombre de gens en circulation et dans la rue avec des masques ou cache-nez. Même si au niveau du gouvernement, on n’a jamais fait obligation à tout le monde d’en porter, si ce n’est aux seuls vendeurs dans les marchés, à défaut de les fermer. Ce n’est pas la prise de conscience totale, mais l’observation des dispositions prises par le gouvernement est aussi allée proportionnellement avec l’augmentation des cas d’infection.

Faut-il le rappeler, prenant la mesure de la gravité de la situation, le gouvernement a imposé des mesures drastiques, comme l’interdiction de rassemblements de plus de cent (100) personnes, la fermeture des frontières terrestres, des écoles, l’interdiction des activités sportives et culturelles de masse, le bouclage de certaines villes, entre autres.

Le pire reste à venir

Loin de nous toute idée d’affoler l’opinion, c’est une évidence que le pire est encore devant. Le nombre d’infections risque de monter davantage en flèche dans les heures et jours à venir, à l’allure où vont les choses. Et c’est là que la gestion de ces malades risque d’être dramatique.

C’est une lapalissade que ce qui fait la richesse (sic) du système de santé du Togo, c’est la pauvreté de son plateau technique. Les hôpitaux publics, même ceux dits de référence, sont dépourvus de tout, même le minimum. Les malades y mouraient déjà pour rien du tout. Mais avec le coronavirus, il faut des installations particulières pour gérer les personnes infectées. Et celles prévues risquent de se révéler insuffisantes ou même insignifiantes.

Au début, le pouvoir Faure Gnassingbé se vantait d’avoir mis en place des structures idoines pour gérer les éventuels cas. Mais dans les faits, ce sont seulement quatre (04) lits qui ont été installés au CHU Campus. Et avec la montée en flèche du nombre de cas, la capacité de ce dispositif spécial coronavirus s’est trouvée dépassée. Au point que le gouvernement se soit vu obligé de trouver un palliatif : le CHR Lomé Commune.

L’information déjà éventée par la presse à la mi-journée du samedi 21 mars, a été finalement confirmée par le gouvernement, au cours du journal de 20 heures sur la TVT. Dans les faits, c’est en toute précipitation que personnel soignant et patients internés dans ce centre ont plié bagage. Ils ont d’ailleurs été sommés de le faire. Une anecdote raconte qu’une femme gestante a été même évacuée par une ambulance pour libérer les lieux. L’urgence (sic) en valait peut-être la chandelle. 

Ainsi depuis le samedi 21 mars, le CHR-Lomé Commune sis à Kégué est transformé en centre d’internement des malades de coronavirus. Aucun autre patient ne pourra donc y accéder. Mais il faut s’interroger sur la capacité d’accueil de ce centre en matière de malades de covid-19. Pour l’instant, on n’est qu’à seize (16) personnes infectées et donc y internées, du moins une partie. Et à l’allure où vont les choses, le nombre de cas risque de bondir et la capacité vite dépassée.

Il faut aussi préciser que beaucoup de personnes dont des médecins, sont mises en quarantaine dans certaines cliniques privées. Et si ces cas se révèlent positifs au covid-19, ils seront dirigés aussi vers ce centre. A côté, il nous revient que des gens en auto-isolement sortent et circulent librement, des corps habillés n’étant pas positionner pour les contraindre à rester chez eux. Exposant ainsi dangereusement leurs proches et toute la population. Il va sans dire que le centre d’internement des patients de covid-19 va très vite se révéler insuffisant pour les accueillir. Va-t-on alors réquisitionner une autre structure hospitalière pour les besoins de la cause ? Le CHU Tokoin ? Le CHU Campus au complet ? Où seront alors gardés le surplus de patients de covid-19 ? A la maison ? Faut-il le préciser, ces malades ne doivent pas être mélangés aux autres, de peur d’exposer ces derniers.

Ce sont deux (02) milliards FCFA qui ont été annoncés débloqués par le gouvernement pour gérer la situation. Sans compter les coupeurs de tête (sic), ce montant déjà infime par rapport aux décaissements dans d’autres pays, risque de n’être qu’une goutte d’eau dans un océan…

C’est un véritable drame qui se profile à l’horizon. A moins qu’entre-temps, la Providence fasse un miracle pour les Togolais.

Tino Kossi

source : Liberté

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