Pascal Agboyibor
Pascal Agboyibor

par golfe-info.com

Au lendemain de l’alliance historique, actée le 18 mai 2020, entre les  cabinets juridiques Asafo & Co, fondée en 2019 et la centenaire Lawtons Africa, Pascal Agboyibor, fondateur de Asafo & Co s’est confié à la presse. Cette alliance marque la naissance d’un géant d’Afrique du droit des affaires, avec une présence dans toutes les régions du continent, de Johannesburg  à Casablanca en passant par Nairobi.

Quel sens donnez-vous à ce rapprochement ?

C’est une decision majeure pour nos deux cabinets, Asafo & Co et Lawtons Africa. En réalité, le projet Asafo & Co, lancé il y a  exactement un an, visait à mettre sur le marché un cabinet de classe mondiale mais essentiellement dédié à l’Afrique.  Nous avons fait des progrès remarquables en nombre d’avocats et de juristes dans la plupart des juridictions où nous sommes installés, notamment en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Maroc et j’y ajouterai même Paris (France). Il nous  manquait l’Afrique du Sud où nous avons débuté avec un associé puis  un collaborateur.

Ce marché est le plus avancé d’Afrique en termes financiers et de droit. Il nous fallait donc de la masse et de la  crédibilité et cet accord sans précédent avec Lawtons Africa remplit ces deux objectifs. En intégrant un cabinet de 70 avocats, nous élargissons notre présence dans le paysage juridique  de toute l’Afrique du Sud et nous offrons à nos clients où qu’ils soient, en Afrique et dans le monde, une équipe de très grande qualité  pour servir leurs besoins tant en Afrique du Sud qu’en Afrique Australe.

De l’autre côté, pour les équipes de Lawtons Africa et leurs clients, la plateforme que nous offrons a une ouverture continentale, du Sud au Nord, de l’Est en Ouest, avec une présence à Paris qui offre également des ressources et de la disponibilité sur l’ensemble du continent.  C’est en ce sens que cette alliance constitue une opération majeure. C’est aussi une opération historique car je ne pense pas qu’il y ait de  cabinet au monde qui ait une offre aussi complète et aussi profonde.  C’est donc avec fierté que nous le disons, modestement,  patiemment, nous avons mis en place un cabinet de classe mondiale dédié exclusivement à l’Afrique.

En quoi ce  rapprochement est-il  historique ?  Est-ce parce qu’en Afrique on n’a pas encore un cabinet de cette envergure là ?

C’est historique parce que jusqu’à présent, vous avez  des cabinets américains ou anglais qui ont une présence en Afrique du Sud mais qui restent des cabinets américains ou anglais. Aux côtés de ceux là, Il y a des cabinets sud-africains présents dans un, deux ou  un nombre très limité de pays africains. C’est la première fois qu’il y a un cabinet de classe mondiale avec des avocats qui ont évolué dans des structures mondiales, qui sont formés et qui ont de l’expérience pour traiter des sujets crossborders (internationaux), avec 90% des équipes sur le terrain. C’est cela la nouveauté. Les grands cabinets américains et anglais on une présence effective sur le terrain de 1%, les sud-africains ne vont guère au delà 20%. Cette opération est donc historique de ce point de vue là. C’est la première fois qu’il y a un cabinet international dédié exclusivement à l’Afrique et qui est installé au Nord, au Sud, au Centre, à l’Est et à l’Ouest. Aucun cabinet n’offre une telle offre de services.  Dans cette alliance, Lawtons Africa, un cabinet en activité depuis 130 ans, apporte toute son expérience.  L’ensemble des membres de notre cabinet, après 12 mois d’existence, se réjouit de cette alliance. Le défi est encore devant nous, il s’agit de servir le client et de continuer à renforcer le projet avec probablement d’autres acquisitions dans le futur.

S’agit-il d’un rapprochement sous forme capitalistique ou d’une alliance par les réseaux ?

C’est une bonne question. En effet, le mouvement observé lorsqu’il s’agit de l’industrie du droit en Afrique  est de voir la constitution en réseaux. Il s’agit d’une première étape pour des avocats qui regardent au delà de leurs frontières dans la mesure où vous avez des correspondants ou des amis proches avec lesquels vous avez une vision commune ou des intérêts communs. Ce sont de bons amis qui peuvent parfois partager la même appellation mais ce sont des cabinets distincts, ce ne sont pas des structures intégrées.  Le projet Asafo & Co visait  dès le premier jour à mettre sur le marché quelque chose de différent, en créant un cabinet intégré, unique, visant à s’installer dans autant de pays que possible dans  le respect de la règlementation des juridictions concernées.  C’est un cabinet intégré offrant le même niveau de services que celui recherché par des clients globaux au sein des cabinets globaux.

En réponse à votre question, je le confirme, il y a un lien capitalistique.  A travers cette alliance, nous avons créé une joint-venture entre Asafo & Co et Lawtons Africa qui sera le véhicule d’exercice qui va suivre des clients sud-africains en dehors de l’Afrique du Sud et, de l’autre côté, suivre des clients internationaux pour les dossiers crossborders en Afrique du Sud. Pour des raisons  historiques, règlementaires et de bon sens, nous nous sommes convenus que la structure Lawtons Africa, réputée en termes de contentieux dans le pays va continuer à nous représenter en nous faisant profiter de sa réputation.  Mais d’une manière générale, c’est plutôt la joint-venture  qui porte le projet en Afrique du Sud.

Est-ce que, à travers cette alliance, vous couvrez tout le spectre du  droit des affaires, du contentieux en allant au conseil en fusions & acquisitions ?

Absolument. Notre vision était de mettre à la disposition des clients un cabinet inédit, capable de réunir  la qualité recherchée par les clients dans les cabinets internationaux et sur la plupart des grandes activités. En transactionnel, on fait de la fusion & acquisition,  du private equity, des financements sous toutes leurs formes (financement bancaire, financement structuré, financement de projet), du regulatory appliqué à un certain nombre de secteurs (assurances, banques, fonds d’investissements). A côté de cette activité transactionnelle, nous avons la prétention d’avoir l’une des meilleures pratiques contentieuses au monde grâce à une équipe d’avocats disposant d’expérience dans  des dossiers d’arbitrage au niveau international et des  contentieux devant les juridictions nationales. C’est la panoplie habituelle en droit des affaires  orientée vers la plupart des secteurs actifs en Afrique, comme les infrastructures, l’Energie, les telecommunications,  l’immobilier et le private equity pour n’en citer que quelques uns.

L’on remarque que 90% des dossiers sont traités par des cabinets internationaux. Pourquoi une part aussi minime pour les cabinets africains ?  Votre alliance va-t-elle changer la donne ?

Vous avez raison mais celà est lié à la réalité des affaires. A partir du moment où l’essentiel des investissements est apporté par des partenaires étrangers (investisseurs privés ou institutionnels) qui ont l’habitude de travailler avec leurs cabinets ou les cabinets internationaux, il ne faut pas s’en étonner. La situation que vous évoquez reflète la réalité des affaires.  Ceci dit, notre vision qui consiste à offrir de la qualité sur le terrain va avoir pour conséquence de rassurer l’investisseur avec le même niveau d’exigence que celui offert par les cabinets internationaux, en lui offrant une présence effective d’avocats compétents sur le terrains, bien au fait des réalités locales. On ne peut pas indéfiniment faire appel à des avocats, compétents certes mais dans d’autres juridictions, ne connaissant pas la réalité locale et n’étant pas  sur le terrain. Il y a des appréciations à faire sur le terrain, d’où le besoin d’avocats maîtrisant la règle du droit mais ayant aussi l’expérience du terrain.   C’est cette expérience là que recherche le client sophistiqué et c’est cela la spécificité de l’offre Asafo & Co.

Pour finir, quel est l’impact de la crise du coronavirus sur votre secteur d’activité?

Evidemment, on déplore cette crise grave à laquelle le monde est confrontée depuis le mois de février. L’industrie du droit n’est pas épargnée ne serait-ce que par le fait des restrictions aux voyages. Quand les tribunaux sont fermés ou réduits à fonctionner sur le strict nécessaire, l’impact est direct sur la branche du contentieux.  La crise a créé une situation d’insécurité, d’incertitudes et d’horizons incertains. Le président de la FED a déclaré à ce propos que le monde n’a pas connu une crise d’une telle ampleur depuis  la grande dépression de 1929. Cela ne pouvait pas ne pas affecter le secteur juridique. Il y a des projets abandonnés, suspendus… Des banquiers se posent des questions.  Il y a une incertitude sur le temps qui nous sépare du retour à la normale. La référence à la crise de 2008 n’est pas pertinente. Cela dit, lorsque l’activité est au ralenti, tous ceux qui font du droit social sont à pied d’oeuvre. Les sujets de restructuration sociale occupent nos équipes. Dans les mois à venir, les problèmes de restructuration de dette vont prendre de l’ampleur.   Bref, Asafo & Co, de par sa présence sur le terrain et de par les spécialités réunies dès le départ, a su se donner les moyens pour être aux côtés des acteurs dans des questions qui se posent maintenant en relation avec le covid-19 et des questions qui vont se poser bientôt lorsque le déconfinement sera effectif.

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